Le Guide de la rentrée 2008 pour les parents : Quel métier choisir ? 

Par François Jarraud



Que sait-on de l'évolution de l'emploi dans les prochaines années ? Quelles formations sont plus "rentables " que d'autres ?

 

Emploi : Quelles sont les attentes des lycéens ?

Apprentissage à 14 ans, CPE, délégué à l'orientation : l'insertion professionnelle des jeunes a été un des thèmes dominants de la dernière année scolaire, un de ceux qui cristallisent les angoisses et les espoirs des parents et que l'on devine en contre-jour du débat sur la carte scolaire.

 

On s'est pourtant peu intéressé aux attentes des jeunes, aux valeurs qu'ils veulent défendre au travail ou aux métiers qui les font rêver. Des sujets sur lesquels une récente publication de la Dep (ministère de l'éducation nationale) sur la formation et l'emploi apporte des éclairages nouveaux.

 

Une des premières révélations d'une recherche menée par Emmanuelle Nauze-Fichet, c'est que 8 jeunes sur dix terminent le lycée avec un projet professionnel précis en tête et des attentes précises. Ils espèrent à la fois bien gagner leur vie et travailler dans un domaine passionnant. La garantie de l'emploi, le temps libre viennent bien après ces deux revendications, portées, pour la première, plutôt par les lycéens technologiques et professionnels et les apprentis, l'autre plutôt par les élèves des lycées polyvalents. L'enquête montre un sérieux décalage entre les métiers projetés et ceux qui sont réellement attribués aux jeunes. Ainsi ils sont 16% à envisager de travailler dans la santé et le social pour moitié moins d'emplois. L'écart se creuse pour les métiers de la communication et du spectacle: 9% d'aspirants pour 1% de reçus !

 

Inversement la gestion administrative, le tourisme, et surtout les industries sont peu sollicités alors qu'ils offrent des emplois.

 

Mais c'est dans le secteur professionnel que les désillusions sont les plus fortes. Henri Eckert (Céreq) met en évidence les désillusions des lycéens de bac pro. "ils ont le sentiment d’avoir été floués" nous dit H. Eckert. "Ils ont l’impression de ne pas y retrouver leurs mises précisément, c’est-à-dire toute l’énergie, toute la bonne volonté tous les efforts qu’ils ont mis dans leur formation professionnelle. Ils ont poursuivi, avec souvent donc beaucoup de bonheur, cet effort-là. Ils ne retrouvent pas, au bout du compte, ce qu’ils comptaient en retirer. Et là, du coup, pour eux, l’insertion professionnelle se passe dans des conditions particulières".

 

Formés au lycée à concevoir des projets,ils se retrouvent le plus souvent dans la simple exécution. "Ces bacheliers professionnels désouvrièrisés par la formation qu’ils ont eu au lycée professionnel se retrouvent contraints de se réouvrièriser à travers de l’expérience de l’entreprise. Alors, cette situation a des répercussions diverses puisqu’elle peut créer de l’embarras, du doute". Pour H. Eckert, elle alimente l'idée de ne rien avoir appris à l'école et un sentiment de dévaluation.

 

Alors l'apprentissage serait-il la réponse aux difficultés des jeunes ? On sait que le gouvernement entend doubler le nombre des apprentis et y orienter le plus tôt possible les élèves. On sait aussi qu'il attire de plus en plus de jeunes. Pour Gilles Moreau (université de Nantes) ce succès s'explique paradoxalement par le succès du modèle lycéen. Pour les familles populaires qui n'ont pas les moyens d'assurer la charge de ce que représente ce modèle, l'apprentissage permet de prolonger les études et d'entrer dans ce modèle tout en gagnant en indépendance financière. Est-ce à dire que l'apprentissage fournit une formation bien liée à l'emploi ? "Bien sûr je confirme que, pour un secteur donné, l’insertion des apprentis est meilleure à court terme que celle des lycéens professionnels…. C’est ce que j’appelle l’effet du « capital d’autochtonie ». Cela a été déjà signalé, cela a été précisé à propos du bâtiment, les apprentis se voient souvent offrir des places pour lesquelles ils ne sont pas mis en concurrence avec d’autres demandeurs d’emplois où avec d’autres jeunes qui sont sur le marché du travail ou qui sortent des filières scolaires… Mais attention ce capital ne joue pas pour tout l’apprentissage. (Il) fonctionne dans le bâtiment, dans la pharmacie. Il ne joue pas (ou moins) pour l’hôtellerie-restauration ou les métiers de la bouche, parce que dans ces secteurs-là, notamment dans l’hôtellerie-restauration, l’apprentissage a une fonction économique autant que de formation. Donc cet effet d’autochtonie est un effet qui fonctionne dans l’apprentissage mais qui n’est pas systématique". Encore faut-il rappeler que "l'effet d'autochtonie" est poussé très loin dans l'apprentissage puisqu'une sélection féroce rend l'accès des CFA difficile aux minorités et aux filles.

 

Que tirer de ces quelques exemples ? Peut-être l'occasion de dénoncer le mythe d'une Ecole conçue pour fournir de la main d'œuvre et qui ajusterait parfaitement l'offre de diplômés et les besoins de l'économie. Alors que les parents affirment toujours attendre de l'Ecole une bonne préparation professionnelle, les attentes des jeunes et de leurs familles, les représentations sociales suffiraient à rendre l'objectif inatteignable. Il faut y ajouter que l'Ecole ne saurait perdre de vue un autre but : favoriser l'épanouissement des jeunes qu'on lui confie.

http://www.education.gouv.fr/cid3992/le-lien-formation-emploi-quels-emplois-so[...]

 

Le Dico des métiers

"J'sais pas quoi faire…" La très grande majorité des jeunes arrivent au lycée ou en 3ème sans avoir une idée construite de métier et c'est d'ailleurs peut-être préférable. Le "Dico des métiers" publié par l'Onisep peut les aider à se fabriquer une orientation. Bien sur on y trouve un classique dictionnaire où les métiers, proposés en ordre alphabétique, d'accessoiriste à zoologiste, sont présentés brièvement avec la voie scolaire adéquate après la 3ème. Mais le principal intérêt de l'ouvrage c'est d'offrir une sélection par goût. "Je me sens proche de la nature", "le sport est ma passion", "j'ai le sens du contact, "je suis fort en langue". Chaque affirmation renvoie à une sélection de métiers et de formations. On peut ainsi progresser sur le chemin ardu de l'orientation. A noter que l'ouvrage est disponible gratuitement en ligne, sous une forme interactive, sur le site de France 5 éducation.

http://education.france5.fr/dicodesmetiers/

 

Quels emplois à l'horizon 2015 ?

Le numéro d'avril d'Education & formations, une revue ministérielle, publie les résultats d'une étude du BIPE sur l'évolution de l'emploi d'ici 2015. Ce n'est évidemment pas la première enquête sur ce sujet. Quels points confirme-t-elle ? Quelles prévisions infléchit-elle ?

 

Selon cette étude, le chômage devrait se maintenir à un niveau plus élevé que prévu d'ici 2015. En effet l'étude estime qu'il y aura moins de créations d'emplois que prévu (environ 100 000 par an) et que les chômeurs seront en concurrence avec les femmes inactives pour l'accès à l'emploi. De 1992 à 2002 il y avait un excédent de jeunes sur les besoins d'emploi de 148 000 personnes par an. De 2002 à 2015 on en sera à 148 000 malgré les départs en retraite. En 2015, on devrait encore compter  7,4% de chômeurs. Les experts semblent ne pas croire les promesses de N. Sarkozy sur la baisse du chômage.

 

Quels secteurs embaucheront ? Il y aura une légère hausse de l'emploi dans la construction et des hausses dans les services. "Quatre domaines professionnels devraient tirer l’essentiel des créations d’emploi entre 2002 et 2015 : « services aux particuliers » (emplois familiaux, sécurité, etc.), « santé, action sociale, culturelle et sportive », « commerce » et « informatique », par ordre d’importance. Les emplois de services aux particuliers vont créer quatre fois plus d’emplois que l’informatique". L'enquête Bipe revit à la baisse les prévisions dans le domaine gestion – administration.

 

Pour autant aura-t-on vraiment besoin de diplômés supplémentaire ? Oui affirme le BIPE. Le besoin en diplômés du supérieur va augmenter. Il faudra 50% de diplômés du supérieur pour faire face aux besoins.

L'étude

http://www.education.gouv.fr/cid4944/prospective-emploi-formatio[...]

 

Les perspectives d'emploi d'ici 2015

Comment va évoluer le marché de l'emploi d'ici 2015 ?  Absorbera-t-il tous les jeunes sortant du système éducatif ? A quel niveau de diplôme faut-il les préparer ? Le Haut Comité Education Economie Emploi met en ligne deux études qui présentent des analyses complémentaires. La première étudie l'évolution de l'emploi par secteur. Elle montre que l'emploi occupé, comme la population active devraient, malgré le vieillissement, continuer à augmenter d'ici 2015. Ainsi on passerait de 24 à 25 millions d'actifs occupés : un nouvelle plutôt  sécurisante pour les retraités.

 

Sur la même période certains métiers devraient voir leurs effectifs diminuer : c'est le cas particulièrement des employés administratifs (mais pas des employés de commerce). Certaines branches connaîtront une croissance assez forte : informatique, études et recherches, ingénieurs, services aux particuliers, etc. Les besoins de main d'œuvre devraient être inférieurs aux sorties du système éducatif et donc il n'y aura pas de pénurie de jeunes. Mais le niveau de formations supérieures devra être plus important : l'étude montre branche par branche la répartition des emplois créés par niveau de formation. Seuls l'agriculture, le bâtiment, la mécanique l'hôtellerie, les services aux particuliers continueront à embaucher à des niveaux bas de qualification (inférieurs au bac). Ce ne sera plus le cas en commerce ou en gestion administration par exemple.

 

L'autre étude, réalisée par GeoLabour apporte une vision géographique de cette évolution. Pour elle la formation sera "le nerf de la croissance". Mais les besoins varieront fortement d'une région à l'autre, principalement aux dépens de la France du nord.

http://cisad.adc.education.fr/hce3/HC/Actualite/Articles/pregcoomans21juin05.pdf

http://cisad.adc.education.fr/hce3/HC/Actualite/Articles/precls6dec05.pdf

 

L'enseignement supérieur reste un atout

"Posséder un diplôme de l’enseignement supérieur demeure un atout certain pour entrer sur le marché du travail. Sans être insensibles aux aléas conjoncturels, les diplômés du supérieur sont loin de connaître les difficultés des autres débutants. Tous ne sont toutefois pas logés à la même enseigne. À niveau de diplôme équivalent, ceux issus de filières professionnelles entrent dans la vie active dans de meilleures conditions que les diplômés de filières générales. De même, les jeunes issus de spécialités industrielles ou scientifiques s’insèrent plus aisément que ceux issus de spécialités tertiaires ou de sciences humaines. Par ailleurs, les jeunes qui quittent l’enseignement supérieur, et notamment une filière générale, sans y avoir obtenu de diplôme sont plutôt en difficulté". Bref, la revue du Céreq, dresse un tableau à jour des salaires et du taux de chômage pour les différentes formations supérieures. A noter par exemple, le très bon rapport qualification / salaire des formations bac +2 du social et de la santé (1600 euros de salaire net médian soit autant qu'un bac +4). Pour Bref, "le bac +5 reste "le sésame pour l'accès aux emplois très qualifiés".

Bref 253

http://www.cereq.fr/pdf/b253.pdf

Sur le Café, l'emploi à l'horizon 2015

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2007/r2007_[...]

Lire le reportage de F. Solliec

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/06/Gen[...]

 

 

Que deviennent les jeunes Franciliens ?

Deux publications permettent de suivre les jeunes Franciliens dans leur parcours vers l'emploi. Focale, la revue de l'Observatoire régional de l'emploi et de la formation, met en valeur l'importance du diplôme dans l'accès à l'emploi.  " Les jeunes sortis du système éducatif en Ile-de-France ont accédé plus rapidement et durablement à l’emploi (67 % ont une trajectoire d’insertion durable et rapide contre 62 % en province). Néanmoins, il existe de fortes disparités selon les niveaux de diplôme et les spécialités suivies.  Plus les jeunes sont diplômés, plus ils ont suivi ce type de trajectoire : 88 % des sortants de grandes écoles et 78 % des sortants de troisième cycle sont dans ce cas contre seulement 62 % des sortants non diplômés du supérieur. A niveau de diplôme égal, le fait d’avoir suivi une filière professionnelle est un avantage : 78 % des sortants de Bts et Dut ont eu une trajectoire d’accès rapide et durable à l’emploi contre 70 % des sortants de DeuG. Parmi les sortants du secondaire, seuls les diplômés de baccalauréats professionnels ou techniques rencontrent plus souvent qu’en moyenne cette trajectoire". Ce sont donc surtout les non qualifiés, les sortants non diplômés (venant d'un cap, bep ou première) , et les titulaires d'un cap et bep tertiaire qui doivent affronter chômage et postes précaires.

 

Mais les caractéristiques sociales ont aussi leur importance. "En ile-de-France, être une femme diminue la probabilité d’occuper un emploi un an après la sortie du système éducatif…. L’origine géographique des parents peut être un facteur pénalisant. le fait d’avoir des parents originaires d’Afrique Noire ou du Maghreb induit une diminution des chances d’emploi".

 

Les enquêtes IVA donnent des indications précises aux enseignants puisqu'elles permettent d'indiquer des filières et des niveaux de sortie intéressants aux élèves pour chaque région. Ainsi l'enquête Ile-de-France fait " apparaître une corrélation étroite entre l’insertion professionnelle sept mois après la sortie du lycée, le niveau de formation et l’obtention du diplôme. De même, ils montrent des disparités importantes d’accès à l’emploi selon les spécialités de formation suivies par les jeunes".

 

"Certaines spécialités procurent dès le niveau CAP-BEP une réelle insertion, alors que pour d’autres l’accès à l’emploi n’est aisé qu’à partir du baccalauréat, voire du BTS. Alors que le taux moyen d’emploi des sortants au niveau CAP-BEP se situe à 45 %, les sortants du groupe Travail social sont à 64 %, ceux des Transports manutention magasinage à 63 %, ceux du Bâtiment : construction et couverture à 60 %, ceux de Coiffure, esthétique à 58 % et ceux d’Énergie génie climatique à 56 %. D’autres spécialités assurent un très net avantage du niveau baccalauréat sur le niveau CAP-BEP. Ainsi, les sortants de Commerce vente au niveau bac ont un taux d’emploi de 65 % contre 39 % au niveau CAP-BEP. Pour la spécialité Moteurs et mécanique auto, le gain est encore plus avantageux (73 % comparé à 43 %). Pour d’autres spécialités, le niveau BTS apporte un très net avantage sur le niveau baccalauréat : 83 % des sortants de BTS de la Santé sont en emploi contre 62 % des sortants de baccalauréat. En revanche, pour le Secrétariat bureautique ou la Comptabilité gestion, seul le niveau BTS permet un accès rapide à l’emploi."

Focale

http://www.oref-idf.org/docs/pub_focale/focale_6-8.pdf

IVA 2007 Ile-France

http://lycees.iledefrance.fr/jahia/webdav/site/lycee/shared/Offre[...]

 

Par fjarraud , le lundi 01 septembre 2008.

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