Enseignants-parents : irréversible ? 



Parents / enseignants : le dialogue pour seule attente ?
Monique Royerbienvenue« Les parents accompagnent leur enfant à l'école maternelle ; ils entrent même dans la classe ; toutes sortes de parents rencontrent facilement l'enseignant en accompagnant les sorties proches, en revenant chercher l'enfant. Puis les parents attendent devant le portail de la primaire, ils deviennent déjà  timides pour rencontrer le maître de leur enfant et souvent attendent la convocation (annuelle ?) rarement individuelle ; si les parents n'ont pas eu la chance d'être scolarisés longtemps, leur appréhension est vive. Et plus tard arrive le collège, et là, les parents "lâchent" leur enfant, pour un an, entre les mains de cette "équipe pédagogique". » écrivait Claire Mahieu, parent d'élèves, enseignante en collège sur le blog ouvert par le Café Pédagogique en 2005 « Quand les citoyens construisent l’école ».

Ce constat, ce vécu est celui de la plupart des parents pour qui l’école est un monde à part où leurs enfants s’éveillent, grandissent, apprennent, souffrent parfois. Un monde dont l’ambassadeur est bien souvent l’instit, figure abordable puis le prof, entraperçu lors de rencontres annuelles. Les associations de parents d’élèves participent certes aux instances de concertation ou de représentation, les conseils d’école, de classe, d’administration mais les élus sont souvent des familiers de l’école, parmi lesquels des enseignants. Alors quelle évolution dans le métier des enseignants peuvent être attendues par les parents  et sur quelles bases ?
Selon la commission Pochard, et ce n’est pas nouveau, le rapport entre les enseignants et les parents ne serait pas de tout repos. Il serait même une des causes du malaise enseignant. Si 11% des enseignants mentionnent les relations difficiles avec les élèves pour expliquer leur malaise,  ils sont 38% à estimer que les exigences des parents en sont une cause plus importante.
 Accusés par les enseignants d’être consuméristes, les parents sont à 79 % satisfaits de l’éducation fournie par les établissements publics, seuls 26% dénoncant « l’incompétence » des enseignants. Une incompréhension mutuelle face à un objet, l’école, qui focalise bien des attentes.
L’enquête 2007 de la Peep souligne que les contacts avec les enseignants constituent le meilleur mode d’évaluation du travail de leurs enfants. Légèrement orientée, elle focalise sur la question de l’absentéisme, sujet ô combien polémique et sensible pour des parents, présenté ici comme un risque pour la réussite de la scolarité de leurs enfants.
Le baromètre annuel de la Sofres à la rentrée 2007 dessinait une satisfaction générale sur l’école et sur la formation des enseignants. L’absence d’autorité des professeurs constitue une cause d’inquiétude, plus chez les élèves que chez leurs parents d’ailleurs, qui placent encore une fois l’absentéisme dans les points critiques.
Toutefois, dans l’un et l’autre des sondages, le manque de moyens est regretté, une façon de placer l’institution devant ses responsabilités en matière de gestion des ressources humaines et des remplacements. Avec un bémol pour la Peep, qui, derrière les résultats de son enquête, tente de promouvoir l’idée de service minimum.

Ces enquêtes sont elles vraiment révélatrices des attentes des parents à l’égard des enseignants ?
Dans ce domaine, il est difficile de dresser des généralités, tant les perceptions sont aiguisées par les trajectoires personnelles et les expériences ponctuelles. La démarche des parents est souvent individuelle, l’engagement collectif trop faible pour pouvoir dégager une ligne force de revendication. Un rapport de l’Inspection Générale sur la place des parents à l’école, publié en octobre 2006, met en relief cette faiblesse du collectif.

Il faudrait alors, pour mieux cerner ces attentes, s’attarder sur les échanges informels, relever les faits saillants. Foin de démarche scientifique : dans les propos échangés à la sortie de l’école, dans les réunions de parents ou les diners entre amis, surnagent l’incompréhension des termes employés, le peu de disponibilité, l’impression de ne pouvoir dialoguer. C’est sans doute de ce dialogue dont ont le plus besoin les parents.
Mais quand et comment ? Le quand est important, il suppose, de part et d’autre, des entorses à l’emploi du temps habituel pour se mettre au diapason des rythmes de la vie active. Le comment est développé par le même rapport de l’Inspection Générale qui préconise des formations spécifiques pour les enseignants, mais aussi l’ouverture de lieux dédiés aux parents dans l’école pour leur en ouvrir réellement les portes. Sauf les temps de rencontres, ces préconisations ne sont guère reprises en compte par la commission Pochard.
Le comment tient tout autant de l’institution que des individus. Les parents attendent des enseignants une plus grande ouverture, les enseignants aimeraient plus de compréhension. Le dialogue paraît être la clé de la continuité nécessaire des temps de l’éducation : celui de l’école et celui de la maison. Et le dialogue ne s’improvise que si on lui offre les moyens et la méthode.


Le blog du Café « Quand les citoyens construisent l’école »Le rapport de la commission PochardL’enquête 2007 de la PeepLe baromètre annuel SofresLa place des parents à l’école




Par ppicard3 , le samedi 01 mars 2008.

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