Accompagnement scolaire au collège Marx Dormoy, Paris 18ème 

 

Par Françoise Solliec

 

Le collège Marx Dormoy, 470 élèves plus 115 en SEGPA, 45 enseignants, est classé ZEP, tête du réseau d’éducation prioritaire n° 11. Cela fait plusieurs années qu’il organise, sur sa DHG, diverses activités de soutien scolaire aux élèves en difficulté, parfois cofinancées par la Mairie de Paris. Ces activités s’inscrivent dans un projet d’établissement très structuré, axé sur la réussite scolaire des élèves. Les moyens attribués dans le cadre de la circulaire sur l’accompagnement scolaire permettront d’élargir ces activités, notamment celles concernant l’aide aux devoirs.

 

Un collège où il fait bon vivre et travailler

Avec un quartier en voie de paupérisation, une mixité sociale en baisse (64% de familles relevant de CSP défavorisées), des résultats aux évaluations de CE2 inférieurs à ceux des autres REP, 50 et 60% de réussite respectivement aux évaluations J’ade de français et de maths (un peu moins de 20% des élèves obtenant des scores de moins de 30%), le défi de la réussite scolaire pour tous n’est pas évident à relever, nous explique Annie Soubiron, principale du collège. Pourtant les actions entreprises se révèlent payantes sur bien des points, même si les résultats au brevet ne donnent encore qu’un taux de réussite de 61%, inférieur à la moyenne académique.

 

La maîtrise de la langue est un axe prioritaire qui détermine la plupart des actions, y compris celles menées dans le cadre de la liaison CM2-6ème. Ainsi des stages communs de 2 jours, définis en accord avec les IEN des circonscriptions concernées, regroupent chaque année à parité une douzaine de professeurs de lettres et de professeurs des écoles. Des groupes de besoin sont constitués à partir des évaluations de 6ème et leurs élèves bénéficient d’une heure supplémentaire en français et en maths, qui sont surtout consacrées à la mise au travail et à l’aide à apprendre. Ces heures sont d’ailleurs prolongées sur d’autres niveaux. Avec les heures attribuées pour la mise en place des PPRE, c’est plus de la moitié des élèves de 6ème qui ont été concernés.

Depuis 3 ans, la Ville de Paris propose l’implantation d’ateliers français-mathématiques. A Marx Dormoy, ces activités (3 heures par semaine) sont réservées à deux groupes de 8 élèves, « des élèves très moyens qui ont besoin d’un coup de pouce pour ne pas décrocher ». Les enseignants, deux professeurs des écoles choisis par le collège, sont rémunérés par la mairie. C’est à partir de cette action qu’est née l’an dernier celle « d’aide aux devoirs », destinée aux élèves qui connaissent les plus grandes difficultés. Avec l’aide de la mairie, qui rémunère les heures effectuées par les enseignants dans le cadre d’un groupement d’intérêt public, GIP, monté pour permettre ce type d’actions, quelques enseignants ont encadré, par groupes de 12 à 15, des élèves de 6ème, choisis en accord avec leurs familles, pendant 1 heure hebdomadaire, obligatoire, effectuée hors temps scolaire. « Je tiens beaucoup à ce que ce soit des enseignants du collège qui dirigent cette activité, même si quelques assistants d’éducation assurent une partie des heures » affirme Annie Soubiron.

La parution de la circulaire ministérielle et l’attribution des hse qui l’accompagne vont permettre au collège d’élargir ces activités à davantage d’élèves et de concerner d’autres niveaux. Par exemple, il est prévu d’impliquer tous les autres élèves de 6ème dans l’aide aux devoirs, sur la base du volontariat, sauf pour ceux de la SEGPA, pour lesquels ce sera obligatoire. Une heure obligatoire d’études dirigées et quelques heures de soutien seront offertes en demi-groupe aux « classes aménagées », dont il existe une à chaque niveau, à partir de la 5ème. S’il est possible de trouver des créneaux communs, ces activités seront également offertes, toujours par groupes de 15, aux élèves volontaires de tous les niveaux. Les enseignants sont largement partants et une vingtaine d’entre eux sont prêts à s’y impliquer dès le retour des vacances de la Toussaint.

En ce qui concerne les activités sportives ou artistiques, la principale difficulté vient du peu de temps que pourraient y consacrer les enseignants. Une chorale est néanmoins envisagée et, si les équipements sportifs sont disponibles, une extension des activités de l’association sportive.

Il faut enfin signaler que le collège bénéficie du dispositif départemental « Action collégiens ».grâce auquel des séjours de week-end ou de vacances et des ateliers d’accompagnement scolaire et d’aide aux devoirs, animés à raison d’une vingtaine d’heures par semaine par un adjoint éducatif rémunéré par la Ville, sont proposés à tous les niveaux, à la fois sur le temps scolaire (pendant les heures de permanence par exemple) ou hors temps scolaire (sur le déjeuner par exemple). Les élèves qui les fréquentent sont désignés par le collège pour l’année, avec accord et engagement des familles.

 

Si les possibilités d’aide aux élèves sont nombreuses, c’est aussi parce que le collège entend maintenir un niveau d’exigence « normal » et obtenir de la part des élèves « un travail de qualité ». A la sortie de la 3ème, les élèves sont retenus à 90% sur leur premier vœu, y compris dans les lycées relativement prestigieux du secteur comme Condorcet ou Chaptal, et les poursuites d’étude ultérieures se placent dans la moyenne académique. Il est vrai que la mixité sociale est en partie préservée grâce aux deux classes bilingues de 6ème, anglais-allemand et anglais-arabe.

Les actions entreprises ont permis deux avancées très positives : les élèves rendent maintenant leurs devoirs et l’attitude en classe est bien meilleure. Même les élèves les plus agités à l’entrée en 6ème connaissent une socialisation correcte au bout de 3 mois et la sérénité générale est propice au travail. Le décrochage est évité pour nombre d’élèves, mais certaines familles peinent à accompagner leurs efforts et « la qualité du travail doit encore progresser ».

« Notre volonté de réussite pour l’ensemble des élèves est connue et les familles nous soutiennent » déclare Annie Soubiron, qui ajoute « n’être pas trop inquiète pour la carte scolaire. Les familles sont très présentes et viennent dès qu’on les appelle », même si le collège les appelle beaucoup : 2 rencontres parents-profs en moyenne par trimestre, et des appels systématiques dès que les résultats des enfants baissent ou si l’équipe de vie scolaire, très présente, le juge nécessaire, sans compter les compte-rendus des réunions, systématiquement expédiés par voie postale. Les professeurs principaux travaillent en étroite collaboration avec l’équipe de vie scolaire et se réunissent également très régulièrement. Le conseil pédagogique a été mis en place et fonctionne depuis deux ans. Les élèves perturbateurs sont suivis de près et l’équipe médico-sociale est très impliquée. De manière générale, le collège est attentif à donner des réponses d’urgence aux situations qui l’exigent et sait qu’il peut compter sur une mobilisation de tous face aux difficultés. Le seul point faible, c’est sans doute l’utilisation de l’informatique, aussi bien pour assurer la vie du site web et la transmission électronique des informations que pour la mise en place du B2i. Certains enseignants commencent cependant à s’y impliquer.

  

Par fsolliec , le jeudi 01 novembre 2007.

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