Le référendum avant et... après 

Le référendum de 2005 sur le projet de constitution européenne est arrivé tard dans l'année scolaire. Mais il a suscité l'intérêt des jeunes avides de connaître les enjeux et les risques liés à son adoption ou son rejet. Ces curiosités ne faiblissent pas ne serait ce que parce que le "non" massif du 29 mai 2005 a pris une dimension historique.

On trouvera dans ce petit dossier des ressources pour présenter le projet de constitution et alimenter le débat sur les conséquences de son rejet.

 

Le projet de constitution européenne

 

Ouvrir le lien

Le "Décrypt Actu" réalisé par le Café sur le site de France 5 Education : des animations pour présenter les points importants du traité, des fiches pédagogiques pour l'école, le collège et le lycée, une webographie.


http://education.france5.fr/actu/sithe10845/index.htm

Après le référendum

1- Un rapport officiel : le rapport Herbillon

Réalisé pour le premier ministre par le député Michel Herbillon, ce rapport a trois particularités : il met l'école au premier plan, il cite des exemples d'actions pro-européennes réussies, il fait 6 propositions qui concernent directement l'Ecole.

"La dimension européenne est certes désormais inscrite dans les programmes scolaires… Dans la pratique cependant force est de constater que l'acquisition des connaissances fondamentales sur l'Europe n'est garantie ni chez les élèves ni chez les professeurs" affirme M. Herbillon. Les sections européennes "n'ont d'européennes que le nom".

Pourtant des réalisations réussies existent. M. Herbillon cite d'abord l'enseignement agricole où l'information sur l'Europe est importante et va au-delà de la Politique agricole commune. D'autres initiatives sont saluées : le programme d'échanges scolaires europschool.net développé par la Ligue de l'enseignement (sur ce projet voir Pratiques pédagogiques, numéro 43), les formations de la Maison de l'Europe de Laval, les "Clubs Europe" des écoles polonaises ou l'initiative espagnole Euroscola par exemple.

M. Herbillon fait six propositions. Certaines, classiquement, visent à améliorer la connaissance de l'Europe : inclure les notions de base sur l'Europe dans le "socle commun de connaissances" prévu par la loi Fillon, les évaluer dans le brevet des collèges et ajouter la dimension européenne à l'ECJS en lycée, enfin former les professeurs aux questions européennes dans le cadre de la formation initiale. D'autres veulent rapprocher les jeunes de l'Europe. Ainsi le rapport demande la distribution à tous les lycéens du "Passeport jeunes l'Europe en marche" réalisé par Sources d'Europe. Surtout il souhaite la généralisation des jumelages électroniques prévus par e-Twinning. Sur e-Twinning on pourra notamment consulter :
Espagnol, numéros 64,
et 63,
et Anglais, numéro 56.

Le rapport :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/brp/notices/054000424.shtml

 

2- Analyse sociologique

Les instituts de sondage Ipsos et Louis Harris présentent

une analyse sociologique des électeurs du "oui" et du "non" grâce à des sondages "sortie des urnes".
Données Ipsos
http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/poll/8074.asp
Données Louis Harris
http://www.louis-harris.fr/version_f/autres_s/Acrobat/LHF-Libe-iTele%20Refer%20Post%20Elec%2030%20mai%2005.pdf

Dans Le Monde

un graphique met en évidence le caractère social du refus :
http://www.lemonde.fr/web/vi/0,47-0@2-631760,54-655943@51-656097,0.html
Il est accompagné d'un commentaire par Dominique Goux (ENS) et Eric Maurin (EHESS) :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-656860@51-656097,0.html

Les raisons du vote : le CSA a interrogé les Français sur les motivations de leur vote :
http://www.csa-tmo.fr/dataset/data2005/opi20050529b.pdf

 

3- Une cartographie

Eric Guichard (ENS) a mis en ligne une cartographie interactive qui couvre chaque région française

au niveau communal. En voici un exemple :
Carte du non en Ile-de-France
Le vote "non" en Ile-de-France

On a là un outil très fin pour analyser le vote.
http://barthes.ens.fr/atelier/geo/ref2005/

La carte de Libération, à l'échelle

départementale.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=300119

Carte de F Salmon

Frédéric Salmon publie d'intéressantes cartes des élections françaises et américaines. Son site permet de croiser les résultats du référendum (échelle cantonale) avec d'autres facteurs comme la pratique catholique.
http://geoelections.free.fr/index.htm

A noter, en juillet 2005, l'ajout de cartes des résultats du référendum à Paris par bureau de vote. Ces cartes très précises illustrent "le fossé entre élite et peuple". http://geoelections.free.fr/France/2005/paris_pourcentages.htm

Carte du Groupe de recherche en géographie sociale de l'université du Maine
L'atlas réalisé par le

Groupe de recherche en géographie sociale de l'université du Maine propose des cartes des votes et abstentions au niveau national, régional et départemental.
http://www.univ-lemans.fr/lettres/labo/gregum/actualites/actus_referendum.html

L'Institut Atlantique d'aménagement du territoire propose un atlas interactif en ligne :
http://www.iaat.org/Geosvg/referendum/index.html

 

4- Sociologues et politologues

L'analyse de Canal Ipsos : "le Non des classes actives, des classes populaires et moyennes, et du peuple de gauche" :
http://www.ipsos.fr/CanalIpsos/articles/1608.asp?rubId=19

Pascal Perrineau, chercheur au Cevipof : " Cette dynamique est plus due à un effet de contexte qu'à un effet de texte. Quand on analyse les raisons du vote non, arrivent en premier les enjeux économiques et sociaux tels que la peur du chômage. La question du traité européen arrive très loin derrière".
http://referendum2005.tns-sofres.com/news/europe/0,,3222513-VU5WX0lEIDM4Mg==,00.html
Dans Le Monde, il y voit une réponse identitaire : " Ce référendum traduit l'inquiétude identitaire des Français : l'Europe ne les intéresse que comme prolongement de la France. Il y a aussi un malaise post-élargissement".
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-631760,36-655513@51-655516,0.html
Dans Le Monde, Rémi Barroux et Sophie Fay estiment que "la France du chômage et du non se recoupent".
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-631760,36-656369,0.html

 

5- En langues anciennes

Qui est Europe ? L'idée d'Europe existait-elle dans l'Antiquité ? Un dossier réalisé par Marie Fontana Viala et François Gadeyne dans Le Café 63.
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/[...]

 

6- Opinions en France

Serge July a écrit deux éditoriaux marquants :
Le 30 mai 2005 : " Le socialisme dans un seul pays est pour bientôt ! L'Europe est pourtant le seul espace social de la planète que la charte des droits sociaux devait renforcer. Foutaises ! A en croire certains, c'était en réalité le quartier général de l'ultralibéralisme, et il est démasqué. Il fallait pour faire ce chef-d'oeuvre masochiste, outre les habituels souverainistes, une classe politique élevée par des autruches, portée aux mensonges depuis de nombreuses années, des incompétents notoires à la manoeuvre dont un Président en exercice, et des cyniques en acier trempé dont un ancien Premier ministre socialiste".
http://www.liberation.fr/page.php?Article=300064

Le 31 mai : " Le non du 29 mai ressemble une fois encore à un manifeste pour que le monde se fige, pour freiner à tout prix le déchaînement des forces qui bousculent irrésistiblement le monde. Il y a une tentation du repli protecteur dans le vote du 29 mai, pour tenter d'échapper à une insécurité sociale, urbaine, mondiale… Comme dans les illusions perdues, plus dure sera la chute. Pour les Français, pour les Français de gauche en particulier".
http://www.liberation.fr/page.php?Article=300310

Elie Cohen fait une analyse économique des conséquences du non : " A côté de la crise européenne, la crise française va dérouler ses effets et risque d'éteindre le dernier moteur de la croissance française, la bonne tenue de la consommation".
http://www.liberation.fr/page.php?Article=300154

Pierre Laurent dans L'Humanité : "La victoire du " non " est d'abord le fruit d'une formidable mobilisation populaire, et d'un renouveau politique à gauche. Elle est un appel à construire enfin l'Europe sociale, une Europe qui refuse la loi de la jungle, la mise en concurrence des travailleurs, le dumping social qui n'enrichit que les détenteurs de gros capitaux".
http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-05-30/2005-05-30-635463

André Grjebine, Sciences Po dans Le Figaro : "Est-ce être exagérément optimiste que d'espérer que le non français provoque enfin la crise de conscience des milieux dirigeants, en France et en Europe, à droite comme à gauche ? L'Union européenne ne doit plus servir, ni de frein à l'expansion économique des pays membres, au nom du respect des statuts absurdes de la Banque centrale européenne, ni d'alibi pour retarder les réformes profondes que chaque Etat doit entreprendre. Une entente paraît possible dans cette optique avec des hommes comme MM. Blair et Schröder. Encore faudrait-il que nos dirigeants fassent preuve d'un courage égal au leur".
http://www.lefigaro.fr/debats/20050601.FIG0152.html?081858

Nicolas Beytout dans Le Figaro : "C'est l'histoire des deux ans à venir qui s'est jouée en une seule journée : la fin du mandat de Jacques Chirac, le choc des ambitions entre les candidats à sa succession désormais ouverte, le profil du prochain gouvernement et l'orientation générale de la politique qu'il mettra en oeuvre. Avec, à la clé, une question qui dépasse, et de loin, le seul problème de savoir qui s'installera demain dans les palais ministériels : la France peut-elle - l'une des dernières en Europe - rester dressée contre les choix faits par le reste du monde développé, seule à défendre les contours d'un modèle qui ne parvient toujours pas à faire ses preuves ?"
http://www.lefigaro.fr/debats/20050530.FIG0428.html?081858

Annick Coupe, Pierre Khalfa et Jean-Michel Nathanson dans Libération du 3 juin : "Le rejet du traité constitutionnel européen par les électeurs français ouvre une période inédite dans la construction européenne. La victoire du non crée des opportunités nouvelles. En bloquant un processus présenté comme irréversible par ses promoteurs, elle force le débat public dans toute l'Europe sur les finalités et l'organisation de l'Union. Le non français aide donc à créer un espace public européen et renforce l'identité de l'Union en permettant qu'une pluralité de choix sur l'avenir de l'Europe puisse être discutée. Ce résultat donne des responsabilités nouvelles à ceux qui défendent l'idée d'une «autre Europe», une Europe des droits et de la solidarité entre les peuples".
http://www.liberation.fr/page.php?Article=301255

Edwy Plenel dans Le Monde du 3 juin : "C'est ce vent-là qui souffle, de longue date, celui d'une révolution nationale. D'une colère contre le monde et contre la démocratie. Car les révolutions ne sont pas toutes internationalistes et progressistes. Il en est aussi qui veulent renverser l'ordre établi pour protéger "ceux d'ici" et éloigner "ceux d'ailleurs". Et il peut arriver qu'elles ne soient pas moins radicales et modernes. Que ceux de nos lecteurs qui ont voté "non" nous pardonnent : il est des jours où l'on préférerait avoir tort.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-657072,0.html

Pierre Nora dans Le Monde du 4 juin : " De ce point de vue, les non, si différents, ne sont pas totalement incompatibles : beaucoup de gens, peut-être à leur grand étonnement, se sont sentis atteints dans leur"francité". On paie le fait d'avoir laissé le champ libre à une exploitation perverse du thème national par les souverainistes et d'avoir abandonné l'idée de nation à l'extrême droite. Ce référendum a fourni l'occasion d'un retour d'un refoulé national. Une mutation, qui n'avait jamais été traitée pour ce qu'elle était, a été mise en évidence".
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-631760,36-657876@51-656097,0.html

Nicolas Baverez dans Le Monde du 4 juin : "Le déficit démocratique s'est creusé jusqu'à entraîner une jacquerie des peuples. L'aversion au changement, la régulation incohérente du grand marché et la déflation organisée dans l'Euroland ont transformé le continent en désert pour la croissance, l'emploi et l'innovation, avec à la clé une paupérisation des Européens dont le pouvoir d'achat ne représente plus que 64 % de celui d'un Américain contre 80 % en 1990. Sous le déclin de la France et de l'Europe pointe leur incapacité à s'adapter à la grande transformation du capitalisme et de la démocratie issus de la mondialisation. Et le 29 mai 2005, dans le droit-fil du 21 avril 2002, est le coup de colère, l'ultime avertissement lancé par un peuple en danger à ses dirigeants. Trois conditions sont requises pour désarmer l'insurrection démocratique et la violence sociale tout en engageant la modernisation du pays : un leadership politique fort, un discours de vérité et un projet réformateur clair, une équipe gouvernementale cohérente. Aucune d'entre elles n'étant réunie, la France va poursuivre sa descente aux enfers d'ici à 2007".
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-657821,0.html

La page des "Dossiers du net" : elle reprend des points de vue parus dans la presse syndicale ou électronique.
http://www.dossiersdunet.com/rubrique.php3?id_rubrique=50

 

7- La presse internationale

Libération a publié une synthèse des réactions le 31 mai : El mUndo, Financial Times Deutschland, Tagesspiegel, La Stampa, The Daily Telegraph,Lidove Noviby (tchèque), Rzeczpospolita (polonais), Izvestia (Russie) et cet extrait du Washington Post : " C'est un non qui résonne à plusieurs niveaux : un rejet du document et de l'Europe élargie qu'il représente, un rejet de l'économie de marché qui est une évidence aux Etats-Unis, et par dessus tout, un rejet de Jacques Chirac, qui a essayé de pousser et d'amadouer la France afin qu'elle embrasse les réalités d'une économie globale, plutôt que d'essayer de les lui expliquer clairement. (...) Il sera la première victime du vote de dimanche, et mérite tout le mépris qu'il reçoit".
http://www.liberation.fr/page.php?Article=300241

Le Courrier International du 1er juin réunit également une sélection de dépêches qui éclaire le "non" français.
http://www.courrierinternational.com/gabarits/default_online.asp?ord_id=38

La caricature de presse est un analyseur impitoyable de l'actualité. Le site de Daryl Cagle recense les caricatures de la presse internationale. Il a dédié une page spéciale au référendum.

Cagle
http://cagle.slate.msn.com/news/FranceVote/main.asp

WebdoPresse consacre sa "une" aux retombées du referendum. On y trouvera de nombreux liens vers la presse internationale.
http://www.webdopresse.ch/

 


 

Auteur : François Jarraud
Date de mise en ligne : 02-06-2005 — mis à jour le 19/07/2005

Par fjarraud , le vendredi 02 juin 2006.

Partenaires

Nos annonces