L'économie américaine a peur de manquer de diplômés 

"Les Etats-Unis doivent augmenter leur production de diplômés du supérieur et réduire l'écart de réussite scolaire dans les minorités ethniques ou socioéconomiques. Sinon,le pays ne sera pas capable de fare face à ses besoins de main d'oeuvre, de maintenir sa compétitivité économique et d'améliorer la qualité delavie pour tous les Américains. Si la production de diplômés du supérieur ne change pas, le pays connaîtra un manque sérieux de diplômés". Réalisée par l'association Jobs for the Future, "Hitting Home", une nouvelle étude américaine appelle à augmenter fortement le nombre de diplômés aux Etats-Unis. Elle avait été précédée par l'étude "Tough Choices, Tough Times", de la Commission sur les compétences de la main d'oeuvre américaine, qui apportait une conclusion similaire. 

 

Selon Travis Reindl, auteur de "Hitting Home", le pays devra augmenter de 37% sa production de diplômés du supérieur pour faire face aux besoins économiques des Etats-Unis. En effet une étude du Bureau du Travail a calculé que d'ici 2014, les Etats-Unis auront besoin de 30% de jeunes titulaires du bac en plus, de 20% de jeunes de niveau universitaire, de 17% de titulaire d'une licence en plus, etc. 

 

Comment assurer cette forte croissance des diplômés ?  En puisant dans les minorités défavorisées et en les aidant à améliorer leurs résultats scolaires de façon à boucher un "degree gap" évalué à 16 milions de personnes en 2025.   Ce qui suppose un accompagnement personnalisé dans le secondaire pour ces jeunes de milieu défavorisé. Le rapport Tough Choices aboutissait à la même conclusion mais demandait de renforcer l'éducation pré-élémentaire. 

 

Mais peut-on réellement lier croissance économique et niveau d'éducation ? Pour Marc Gurgand "il reste difficile aussi bien de déterminer précisément le niveau d'éducation idéal dans une économie données que de quantifier avec certitude son effet sur la croissance... En revanche les éléments dégagés par la littérature économique permettent d'affirmer que, dans des économies de moins en moins protégées..., l'éducation en particulier parce qu'elle prépare à faire face à la nouveauté, est une ressource économique plus que jamais précieuse" (Améliorer l'Excole PUF 2006). D'autres voix s'élèvent pour dénoncer "l'inflation scolaire". Ainsi François Dubet et Marie Duru-Bellat voient "l'inflation scolaire" comme un élément qui creuse les inégalités. "Si c'est davantage d'égalité entre les jeunes qui est visée, les recherches françaises ou européennes montrent qu'il est sans doute bien plus efficace de mettre en oeuvre des politiques de la petite enfance ou d'aide aux familles, du logement (etc.), que de développer un enseignement supérieur où les plus favorisés savent très bien se réserver les filières les plus rentables. Si c'est l'innovation et la compétition économique que l'on privilégie, alors il faut s'interroger sur ce que «produit» notre enseignement supérieur tel qu'il est".

 

Pour les économistes P. Aghion et Elie Cohen la croissance américaine est celle d'une "économie d'innovation" qui mise sur la qualification pour maintenir sa compétitivité. D'autres pays choisissent une économie d'imitation moins gourmande en diplômes. La question de l'inflation scolaire est donc étroitement liée à une politique économique et une vision d'avenir. Signalons que nos voisins, eux, optent pour la croissance des diplômes. 

Par fjarraud , le .

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