La semaine des 4 jeudis…

Ah, elle en fera couler beaucoup d’encre cette fameuse question des rythmes scolaires !
Chacun y va de son commentaire et de solides arguments. Mais tout le monde est-il parfaitement honnête en la matière ?
Mon expérience est la suivante : j’enseigne depuis la rentrée 1999 dans un département où je n’ai connu que la semaine de 24 heures sur 4 jours. Si le rythme n’a pas changé, les modalités de « rattrapage » des heures manquantes ont varié en même temps que les inspecteurs d’académie : raccourcissement des vacances d’été, raccourcissement des petites vacances, travail le mercredi entier les semaines avec jour férié ou les veilles de petites vacances…
Avec pour conséquence l’absentéisme des élèves des milieux favorisés les jours de « rattrapage », l’épuisement de tous les élèves les veilles de vacances, l’épuisement de tous les élèves au retour des petites vacances – vous avez bien lu, au retour aussi ! – et l’anéantissement des dernières semaines de la dernière période – qui a tout de même duré 12 semaines l’année dernière.
Cela déclenche naturellement la grogne de tous les enseignants du primaire (les élèves sont absents, les élèves sont fatigués, les élèves ne sont pas attentifs) et leur épuisement (au même titre que les élèves).
Nous constatons effectivement l’absence de concentration le lundi (toute la journée) et le jeudi matin, concentration grandement améliorée le dernier jour des semaines où nous avons travaillé trois jours consécutifs (tout le mois de mai 2007, les jours fériés ont été remplacés par des séquences lundi plus mercredi, jeudi et vendredi à suivre).
Donc, a priori, seuls les parents égoïstes insoucieux d’offrir un rythme reposant à leur enfant sont favorables à la poursuite de cette semaine de 4 jours…
Début 2005, notre inspecteur d’académie qui avait laissé entendre vouloir revenir à une semaine de 26 heures avec des mercredis matins travaillés et avait ressenti une vive opposition, décide de consulter les conseils d’école. Les conseils d’école doivent ainsi donner leur avis sur différents organisations de la semaine scolaire.

Bilan dans ma commune :
Les parents d’élèves élus, certes non affiliés à une Fédération, consultent l’ensemble des parents par voie de sondage : la majorité souhaite le maintien de la semaine de 4 jours.
La municipalité a décidé de se ranger à l’avis de la majorité – bien que la semaine de 4 jours représente un surcoût de personnel ( plus grand nombre de jours de cantine et de garderie).
Et les enseignants, malgré toutes leurs récriminations, votent en majorité pour le maintien de la semaine des 4 jours !
Les conclusions du conseil d’école de ma commune sont l’exact reflet de celles de la majorité des conseils d’école du département : la majorité des parents élus (y compris affiliés à la FCPE), des municipalités et des enseignants est favorable au maintien de la semaine de 4 jours !
Je suis donc très étonnée de lire aujourd’hui les réactions aux décisions unilatérales de notre Ministre de l’Education… Pourquoi afficher cette opposition alors que dans les faits, après consultation, la majorité défend cette organisation ?
Surtout que dans notre cas, nous étions plutôt heureux de ce changement : condamnés à conserver ce rythme bancal, nous espérions bénéficier de la réduction des horaires annuels qui auraient au moins permis de revenir à des périodes de vacances plus régulières.

Ces derniers jours auront été révélateurs de l’hypocrisie de nombre des intervenants : les bonnes idées ne sont bonnes que tant que l’on n’a pas soi-même un enfant scolarisé et une résidence secondaire et/ou une garde alternée, ou un travail éloigné de son domicile, ou … Toutes les raisons deviennent bonnes pour finalement oublier notre seul souci de parent ou d’enseignant : offrir à nos enfants ou élèves des rythmes les plus propices à l’apprentissage et à l’épanouissement.