Contrairement à ce que veulent faire croire Darcos ou Nembrini (et d'autres), la classe de seconde (telle qu'elle est décrite sur le site du ministre) sera très spécialisée en math : les modules de 3 heures laissés à l'initiative des établissements dans le cadre de l'autonomie pourront proposer du soutien (c'est évidemment une bonne chose), des travaux transversaux (encore une bonne chose) ou du travail «d'expertise» (citation à lire sur le site du ministre dans la présentation de la réforme).
Ce travail d'expertise permettra donc de compléter une offre de math sans doute supérieure ou au moins égale à l'offre actuelle (entre 4,5 et 6 heures seront proposées entre le tronc commun et le module d'approfondissement) par un temps «d'expertise» variant de 1 à 3 heures (selon qu'on imagine ce temps partagé avec les autres matières scientifiques ou non).
Le gros problème de ce module d'expertise, c'est qu'il ne sera pas transparent (comment le collégien pourra-t-il choisir ? L'option n'apparaîtra certainement pas) et qu'il variera d'un établissement à l'autre. C'est la recréation d'une filière math d'élite, sans l'affirmer selon la vieille habitude de dissimulation des parcours de l'éducation nationale.
L'académie des sciences évoque fort justement la question (sans connaître le projet) : pour qu'il y ait une filière sciences juste, il faut qu'elle soit transparente aux choix des élèves et qu'elle autorise des passerelles. Il va de soi que ces modules d'expertise, qui renforceront considérablement le niveau la pratique des élèves inscrits, enfreignent les deux principes.
Jean-Pierre Gerbal
Objet : Faire de la seconde une vraie classe de détermination - Jean Louis Nembrini