Quels changements pour l'Ecole ? Lueurs sur le programme du candidat Sarkozy 

 

  Par François Jarraud

 

Le programme du candidat

"Suppression de la carte scolaire, autonomie des établissements, rémunération des enseignants au mérite, encouragement du privé sous contrat à s'implanter dans les zones sensibles : les propositions de réforme avancées, mercredi 22 février 2006, par le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, à l'issue de la convention UMP sur l'éducation, ébranlent les fondements du système éducatif français". Le Monde présente en deux documents le programme du nouveau président et particulièrement son programme scolaire.

Article du Monde

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-907984,0.html

Article du Monde

http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20070509/908140_sup_sarkozy_070509.pdf

Article du Monde

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-908086@51-861150,0.html

 

 

Budget : Ce qui se prépare à travers le rapport Darcos

Le rapport sur l'école remis par Xavier Darcos à Nicolas Sarkozy en mars est publié par La Lettre de l'éducation. Conçu en pleine campagne électorale, on y trouvera cependant quelques pistes sur ce que pourra être le programme présidentiel.

 

Sarkozy annulera-t-il le décret Robien sur les décharges ? "Environ 20 000 ETP [équivalents temps plein] de décharges et MAD [mises à disposition] sont récupérables" écrit X. Darcos. 20 000 emplois cela signifierait la suppression  de toutes les décharges existantes (pas seulement les heures de chaire mais aussi les heures de BTS, les ateliers de sciences etc.).

 

Les horaires des disciplines diminués ? "Des marges de manœuvre existent aussi sur les grilles horaires, en particulier en lycée, où la France se distingue par l’abondance de son offre d’enseignement. Ces marges de manœuvre seront bien utiles pour financer d’une part la revalorisation liée au « travailler autrement ». Récemment, trois « audits de modernisation », commandés par le Budget, sur la gestion des moyens (en collège, lycée et lycée professionnel) sont venus démontrer qu’un effort de rationalisation est possible." continue X. Darcos (page 7 du rapport). Ce qui est envisagé là a été étudié de près dans l'audit sur les lycées (page 36). On y trouvera un chiffrage précis de ces mesures. Par exemple en seconde l'horaire de français serait ramené de 4h30 à 3h hebdomadaires, celui d'histoire-géo de 4 h à 2,5 h etc.  L'audit prévoit l'étalement sur trois ans de ces mesures de réduction de 15 à 20% de heures d'enseignement de la rentrée 2007 à la rentrée 2009. Ce sont ces mesures, suppression de toutes les décharges et diminution des horaires, qui permettraient le financement des études surveillées promises par le candidat. Soit les enseignants seront contraints de faire ces études surveillées, soit, c'est plus probable, il y aura moins d'enseignants, ce qui correspond à l'objectif de réduction du nombre de fonctionnaires ; et davantage d'EVS (emplois vie scolaire).

 

Le retour de l'annualisation. "Le moment est venu par exemple de poser la question de l’annualisation des services d’enseignement, et donc de l’annualisation des horaires eux-mêmes".  G. de Robien avait reculé devant cette proposition déjà incluse dans un audit : il estimait la question trop brûlante. L'annualisation c'est dire que chaque enseignant doit un nombre d'heures d'enseignement par an (par exemple 18*32 = 576 heures annuelles). En fait cela permet de faire travailler davantage les enseignants qui peuvent se trouver libérés du fait de jours fériés ou de stages en entreprises par exemple, etc. Dans l'enseignement technique et professionnel, c'est une source majeure d'économies. Le ministère avait jusque là échoué à l'imposer.

 

Deux autres propositions sont significatives  de l'esprit de l'équipe au pouvoir : "Affecter les agrégés conformément à leur statut (lycée, classes préparatoires)… Les professeurs de France représentent la moitié de la fonction publique. Ils doivent recevoir en plus grand nombre les honneurs de la République, notamment dans les listes des nominations dans les ordres nationaux". Moins de salaire, plus de médailles dorées.

Le rapport

http://www.lalettredeleducation.fr/L-entourage-de-Nicolas-Sarkozy.html

L'Ecole devant la réaction, le changement ou la continuité ?

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/07052007Accueil.aspx

L'audit sur les lycées

http://www.audits.performance-publique.gouv.fr/bib_res/395.pdf

 

  

Le programme Sarkozy soumis à analyse

Que penser du programme Sarkozy sur l'Ecole ? Trois propositions du candidat sont décryptées et lues au regard des expérimentations et des observations des spécialistes.
Notre page spéciale

 

 

 

Qui sera ministre : Robien, encore ?

Qui sera le prochain ministre de l'éducation nationale ? Rue 89, le nouveau site d'information créé par d'anciens journalistes de Libération, hésite entre deux candidats. Le favori lui semble être un certain… Gilles de Robien. Le maintien rue de Grenelle de ce ministre qui a réussi à faire l'union syndicale contre lui aurait évidemment une forte signification. Rue 89 donne aussi comme ministrable Christine Albanel, agrégée de lettres, ancienne conseillère de J. Chirac. Deux autres candidats seraient sur les listes : Christine Boutin et Xavier Darcos.

Article de Rue 89

http://www.rue89.com/2007/05/09/premier_gouvernement_sarkozy_faites_votre_casting

Qui est C. Albanel

http://www.lefigaro.fr/whoswho/bio.php?id=290759

 

 

Les syndicats l'arme au pied après l'élection de N. Sarkozy

L'élection de N. Sarkozy ne peut "que décevoir profondément et inquiéter tous ceux qui luttent pour une rupture réelle avec les politiques conduites ces dernières années et pour de vraies alternatives" estime le Snes. Le syndicat rappelle que le candidat Sarkozy "a pris un certain nombre d’engagements revenant sur les mesures prises par Gilles de Robien (décrets sur les ORS, méthodes pédagogiques imposées, apprentissage junior…)… La FSU demande que le président élu et son gouvernement les concrétisent au plus vite" et demande l'ouverture de négociations sur les salaires et les emplois.

 

" Le contrepoids syndical est une nécessité absolue en démocratie" rappelle Luc Bérille pour le   Se-Unsa. Il interpelle le futur ministre sur les dossiers en attente  "celui des « emplois vie scolaire » rendus au chômage par les prochaines fins de contrat,… celui du respect du principe de continuité de l’État avec la mise en oeuvre des engagements financiers du précédent ministre (augmentation de l’indemnité de direction d’école, augmentation des ratios de hors classe de certains corps du second degré); celui, enfin, de l’abrogation des nouveaux décrets dégradant les services des enseignants du second degré, avec l’engagement d’un collectif budgétaire pour ce faire".

 

Philippe Guittet, secrétaire général du Snpden, le principal syndicat de chefs d'établissement, interroge directement les projets du ministre sur l'Ecole. "Si notre syndicat souhaite une plus grande autonomie pour les établissements, parce qu’elle est une réponse pertinente au regard des besoins pour favoriser la réussite scolaire, il s’opposera à toute concurrence exacerbée entre les établissements que risque d’entraîner la totale suppression de la carte scolaire.  En tout cas, l’obligation de mixité sociale qui, selon le programme présidentiel, devra peser sur tous les établissements, nécessitera une concertation avec les organisations syndicales et les fédérations de parents avant toute décision…  Toute autre conception extensive de la concurrence entre établissements ne pourrait qu’entraîner la disparition du service public national de l’éducation et de l’Ecole publique laïque fondée sur des valeurs de progrès et d’égalité.  Sans la défense et l’affirmation de ces valeurs, les notions de travail et de mérite prendraient malheureusement un tout autre sens".

 

Seul le Snalc semble satisfait. Il approuve " les propos du candidat Sarkozy relatifs au collège unique dont l'idéologie égalitariste et laxiste a depuis 1976 dévalorisé l'enseignement professionnel et engendré frustration, démotivation et violence". Mais voilà il demande le respect des promesses quant aux décrets Robien.

Les communiqués :

http://www.snes.edu/snesactu/spip.php?article2544

http://www.se-unsa.org/page_cadres.php?id=41

http://www.snalc.fr/publi_documents2.tpl?sku1=3387475374670820

 

 

L'Ecole et Mai 68

Mai 68 a "liquidé l'école de Jules Ferry qui était une école de l'excellence, une école du mérite, une école du respect". Le candidat UMP a appelé à "liquider une bonne fois pour toute" l'héritage de Mai 68.

 

Selon l'AFP, ces propos font réagir les syndicats de l'enseignement. Pour Jean-Luc Villeneuve, secrétaire général du SGEN, N Sarkozy "s'inscrit dans le courant actuel des nostalgiques et pour Sarkozy depuis 68 c'est la chienlit!... Mai 68 a mis en avant l'exercice du droit syndical, l'école de la mixité, le droit des femmes et a déclenché ce qu'on appelle la massification, ce n'est pas rien".

 

Philippe Meirieu fait un parallèle historique. "Ce que dit Sarkozy sur l'autorité ressemble au discours de Pétain, avec un retour à l'autoritarisme, à une forme d'obéissance arbitraire fondée sur la force".

 

La Ligue des droits de l'Homme  appelle à voter contre N. Sarkozy. "Nous venons de vivre cinq années de régression des libertés, de l’égalité et de la fraternité. Tous les pouvoirs ont été accaparés par un seul courant politique. L’autoritarisme, le recours aux moyens d’exception ont accompagné le renforcement du contrôle social, le choix du tout répressif, le recul des droits des justiciables, les attaques contre l’indépendance des juges. L’insécurité sociale a été renforcée pour les plus faibles, la protection sociale fragilisée, la précarité du travail encouragée. Les « marginaux », les « différents », les jeunes des quartiers défavorisés, ont été traités en boucs émissaires, les étrangers traqués jusque dans les écoles maternelles, les familles les plus démunies sanctionnées pour leur pauvreté… Il est de notre devoir d’alerter les citoyennes et les citoyens de ce pays : la poursuite et l’amplification de la politique menée depuis cinq ans ne serait pas un «rêve» mais un cauchemar. Nous ne voulons pas d’une démocratie muselée qui, parce qu’elle laisserait sur le bord de la route des millions de personnes, attiserait le communautarisme, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie et ouvrirait la voie aux révoltes sociales".

Dépêche AFP

http://www.vousnousils.fr/page.php?P=data/autour_de_nous/l_actualite_du_jour/depeches_de_l_educat/&key=20070501&key2=070430150723.u4f32j21.xml

Ligue des droits de l'Homme

http://www.ldh-france.org/actu_derniereheure.cfm?idactu=1445

 

 

Les présidentielles : Un Dossier spécial du Café

Doublement difficile d'aborder l'élection présidentielle en classe avec les élèves. Disons d'abord qu'il est presque impossible de ne pas le faire : les élèves participent eux aussi à la mobilisation populaire qui accompagne cette élection.

 

L'enseignant se heurte à deux difficultés : trouver un angle original pour un travail en classe et disposer des outils d'analyse qui lui permettent de prendre un recul d'autant plus nécessaire que les esprits sont échauffés. C'est pour répondre à ces besoins que le Café pédagogique vous propose ce nouveau Dossier spécial "Présidentielles 2007". Vous y trouverez des informations, des documents, y compris en anglais, et aussi des exemples de séquences pédagogiques.

 

Il n'oublie pas non plus le prof – citoyen. Une partie du dossier est dédiée au débat sur l'Ecole durant la campagne électorale ainsi qu'aux réalisations des candidats en matière éducative. En Poitou-Charentes, la démocratie participative en marche. Dans les Hauts-de-Seine, le pouvoir local s'impose dans les collèges…

 

Quelle sera la politique éducative de Sarkozy? Le dossier se clôt par une relecture du programme annoncé et sa  mise en perspective par P. Meirieu et A. Giordan.

Dossier spécial Présidentielles 2007

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/02052007_Presidentielles2007.aspx

 

Sur le site du Café
Par fjarraud , le mardi 15 mai 2007.

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