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Rythmes scolaires : Un décret qui n'en finit pas 

Par François Jarraud



Le projet de décret sur les rythmes scolaires laisse les DASEN maîtres du jeu

Le projet de décret sur les rythmes scolaires laisse les DASEN (directeurs académiques des services de l'éducation nationale) maîtres d'imposer ou non les nouveaux rythmes dès la rentrée 2013. Le texte, que le Café pédagogique s'est procuré, supprime l'aide personnalisée et crée une semaine de 24 heures de cours plus des "activités pédagogiques complémentaires".

 Le projet de décret fixe le temps de travail des élèves sur la semaine scolaire. Il fixe celle-ci à "24 heures d'enseignement, réparties sur 9 demi-journées" au lieu de 8 depuis la réforme Darcos de 2008. Les journées d'enseignement sont définies dans l'article 3. C'est le mercredi matin qui est la norme et les journées ne doivent pas compter plus de 5 heures 30 maximum par jour et 3h30 le mercredi matin. La pause méridienne doit durer au minimum 1h30. Cependant l'article 5 prévoit des dérogations portant sur la durée des journées ou le passage du mercredi matin au samedi matin si le DASEN l'accepte.

L'article 7 supprime l'aide personnalisée imaginée par X Darcos pour pouvoir supprimer les Rased. A la place de cette aide sont mis en place des "activités pédagogiques complémentaires" (APC) selon l'article 6. Cependant, le ministre n'a pas osé revenir sur une "aide" offerte aux élèves, même si celle-ci a surtout été un leurre et on reste dans un dispositif à effectifs restreints. Ces APC concernent "l'aide aux élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages" mais aussi "l'aide au travail personnel" et "une activité prévue par le projet d'école". L'organisation de l'APC est arrêtée par l'inspecteur (IEN) sur proposition du conseil des maîtres. C'est la seule mention du conseil des maîtres.

Car c'est le Dasen qui est le maître du jeu de cette réforme. C'est lui qui fixe l'organisation de la semaine (article 4) "sur proposition soit du conseil d'école, soit du maire ou du président de l'établissement public de coopération intercommunale intéressé". Il doit s'assurer que la proposition est "cohérente avec le projet éducatif territorial", ce qui constitue une limite pour le conseil d'école. C'est lui qui accordera ou non le report à la mise en place de la nouvelle semaine (article 9) sur demande des seuls maire ou président de l'établissement public de coopération intercommunale faite avant le 1er mars 2013. Si la dérogation n'est pas accordée la nouvelle semaine entre en application à la rentrée 2013. Sa seule obligation est de transmettre sa décision. Il n'a même pas à la justifier.

 Cette méthode est regrettée par Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp Fsu, interrogé par le Café. "La place du conseil d'école n'est pas assez affirmée" estime-t-il. Or en 2008 il y avait de nombreuses dérogations à la règle générale "et ça n'avait pas mis en danger le service d'éducation", rappelle-t-il par exemple dans des régions de montagne où les communications sont difficiles. "Là où les communes n'auront pas l'ingénierie  éducative ou l'argent nécessaire à la mise en place du périscolaire, les Dasen vont-ils passer en force ?", interroge-t-il. Le Snuipp aurait aussi préféré des délais plus longs : "les communes pas prêtes en 2013 le seront-elles en 2014 ? On risque d'avoir des garderies à de nombreux endroits" alors que l'effet positif du passage aux 5 jours sur les gains scolaires est déjà contesté. Pour le Snuipp, un simple calcul montre que la simple application des barèmes d'aide financière aux communes pour les 6,7 millions d'élèves du primaire dépasse les 250 millions promis par l'Etat. Pour le Snuipp, les conseils d'école devraient décider des rythmes car ils incluent tous les  acteurs et connaissent les contraintes locales. Ainsi on ne sait rien du devenir des communautés éducatives qui ont une organisation particulière comme à Toulouse ou dans la Vienne. Ces "constructions intelligentes" vont-elles être supprimées ? "On n'est pas favorable à un modèle tiré au cordeau par la rue de Grenelle", déclare S Sihr.

Les intérêts des enseignants semblent aussi insuffisamment pris en compte par S. Sihr. "On n'a pas de décret sur le temps des enseignants. Or dans le premier degré cela va de pair avec le temps des élèves", rappelle S Sihr. Les enseignants qui vont perdre les mercredis matins perdront-ils aussi les mercredis après-midi ? "Les professeurs des écoles ne comptent pas leurs heures et même leur perte de pouvoir d'achat. Mais cela a une limite. Je le demande instamment au ministre : nous voulons un calendrier précis pour que ces sujets soient discutés". La libération soudaine de 250 millions au moins pour les communes alors que le salaire net des enseignants baisse depuis plusieurs années ne passe pas inaperçue...

 "Il faudra poser la question de la rémunération des enseignants", estime aussi Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen Cfdt. Pour lui il faut mettre à égalité les enseignants du premier et du second degré, par exemple étendre l'ISO au primaire. "Arrivera-t-on à sanctuariser les mercredis après-midi", interroge-t-il également. Le Sgen s'inquiète également de l'autoritarisme des Dasen. Mais le décret est accueilli positivement. "L'objectif était que les enfants aient des journées moins chargées pour apprendre mieux. Il est atteint". Le régime Darcos n'est pas regretté. F Sève souligne la "souplesse" du dispositif qui fixe des maxima et prévoit des dérogations ainsi que la suppression de l'aide individualisée. "L'APC a un champ large et est laissée à l'initiative des équipes". Le Sgen aurait souhaité une réforme de l'année scolaire pour donner davantage encore de souplesse et une extension au début du collège pour faciliter la transition école - collège. "On a un volume annuel global d'heures de cours très élevé. Ce n'est pas forcément avec beaucoup d'heures de cours qu'on apprend mieux. Il faudra bien lever ce tabou et arriver aux 23 heures hebdomadaires".

François Jarraud

Le projet de décret

Rythmes scolaires : le dossier


Le CSE refuse le projet de Vincent Peillon

Retour au point de départ ? Sans doute pas. Mais le vote négatif du Conseil supérieur de l'éducation marque l'échec des négociations sur les rythmes scolaires menées activement depuis la rentrée. Le 8 janvier, le CSE a rejeté par 23 voix contre 5 le projet de décret présenté par le ministère. On compte 30 abstentions et 14 refus de vote. Comment les principaux acteurs expliquent-ils leur vote ? Alors que les Français sont plutôt favorable à la réforme, comment comptent-ils s'y prendre pour faire accepter cette situation ? Enfin comment expliquer cet échec ?

Le projet de décret fixe le temps de travail des élèves sur la semaine scolaire à "24 heures d'enseignement, réparties sur 9 demi-journées" au lieu de 8 depuis la réforme Darcos de 2008. Les journées ne doivent pas compter plus de 5 heures 30 maximum par jour et 3h30 le mercredi matin. La pause méridienne doit durer au minimum 1h30. Cependant l'article 5 prévoit des dérogations portant sur la durée des journées ou le passage du mercredi matin au samedi matin si le DASEN l'accepte. L'article 7 supprime l'aide personnalisée. A la place sont créés des "activités pédagogiques complémentaires" (APC) selon l'article 6. Ces APC concernent "l'aide aux élèves rencontrant des difficultés dans leurs apprentissages" mais aussi "l'aide au travail personnel" et "une activité prévue par le projet d'école". L'organisation de l'APC est arrêtée par l'inspecteur (IEN) sur proposition du conseil des maîtres. C'est la seule mention du conseil des maîtres. Ces nouveaux rythmes doivent être mis en place à la rentrée 2013 sauf dérogation accordée par le Dasen sur demande des seuls maire ou président de l'établissement public de coopération intercommunale faite avant le 1er mars 2013. Si la dérogation n'est pas accordée la nouvelle semaine entre en application à la rentrée 2013.

Pour le Snuipp, Sébastien Sihr a voté contre le projet de décret, comme d'ailleurs l'ensemble de la Fsu, Fo, la CGT, Sud, le Snalc et les parents de la Peep. Interrogé par le Café, S. Sihr estime que dans cette réforme "le compte n'y est pas, ni pour les élèves, ni pour les enseignants". Mais c'est quand même du coté de ces derniers surtout que ça coince. "Le décret offre la possibilité de modifier le temps scolaire sans passer par le conseil d'école", s'insurge S Sihr. "C'est une nouvelle donne qu'on n'accepte pas". Pour le Snuipp, il ne faut pas jouer les maires contre les enseignants mais au contraire considérer le passage par le conseil d'école comme une condition de la réussite de la  réforme. Sous entendu : aucune réforme n'est possible sans les enseignants. Le Snuipp , qui a voté contre le décret Darcos sur le temps scolaire en 2008, ne tient pas au statu quo. Mais il veut que le ministre avance sur le temps de travail des enseignants. "Il est hors de question que nous acceptions de travailler les mercredis après-midi en plus des mercredis matins". Or pour tirer ce point au clair il faudrait que le ministre fasse connaître ses arbitrages sur la répartition des 108 heures annualisées. Enfin le Snuipp attend un dédommagement pour les frais occasionnés par le travail le mercredi matin.

"On a refusé de voter par ce qu'on a aucune visibilité sur l'évolution du temps de travail des enseignants", nous a aussi confié Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. Le Se Unsa est aussi favorable à ce que la décision du changement de rythmes passe des maires aux conseils d'école. Il a déposé un amendement en ce sens qui a été adopté par 41 voix contre 12.

La Fcpe s'est abstenue. Jean-Jacques Hazan estime que le décret encadre trop étroitement le temps scolaire et rend impossible des adaptations locales. Il ne répond pas aux attentes des parents. La Fcpe a aussi demandé que le temps scolaire n'excède pas 5 heures par jours devoirs inclus. Mais cet amendement a été rejeté. JJ Hazan espère que les propositions de la Fcpe seront retenues dans le décret final.

Les syndicats ont-ils mené un combat catégoriel ? Interrogés à ce propos le Snuipp et le Se-Unsa écartent l'argument. C Chevalier estime n'avoir pas eu d'autre choix que le refus de vote dans la mesure où le décret ne présentait qu'un volet de la réforme des temps. Pour lui il vaut mieux afficher els désaccords pour que le texte soit amélioré et éviter des écueils plus tard. Sébastien Sihr remarque que si aucun syndicat enseignant n'a approuvé le texte ministériel, c'est le cas aussi des associations de parents, la Fcpe et l'Unapel s'étant abstenues et la Peep  ayant voté contre le texte. "On compte sur les doigts d'une main ceux qui soutiennent le texte " remarque -t-il. Il s'agit principalement en fait de la Ligue de l'enseignement, de l'ADF, de l'AMF et de la JPA, c'est à dire les collectivités locales et les mouvements complémentaires de l'Ecole.

En 2008 le texte de X Darcos avait fait un meilleur score que celui de V Peillon avec 31 voix contre et 21 pour. Alors comment expliquer cette situation ? Pour Christian Chevalier et Sébastien Sihr, le vote du CSE est "un désaveu" pour V Peillon. S. Sihr parle de "désaveu sans appel d'une réforme emblématique". "La réforme a été insuffisamment préparée et financée", estime S Sihr. Le Snuipp avait demandé des réunions quadripartites entre syndicats, ministère, collectivités locales et parents que le ministère n'a pas organisées. C'est aussi l'avis du Se-Unsa qui estime que "la méthode a péché" mais que V Peillon a manqué d'appui financier et politique.

Le ministère n'a pas commenté le vote du CSE. Vincent Peillon visitera jeudi les dispositifs mis en place à Brest dans le cadre du projet éducatif territorial. Il ne manquera pas alors de présenter son point de vue avant que le projet de décret passe vendredi devant le Comité technique ministèriel

François Jarraud

Reportage : Le projet éducatif territorial de Brest


Rythmes scolaires : Manque d'audace pour Claire Leconte

Pour Claire Leconte, professeur émérite de psychologie de l'éducation et chercheur en chronobiologie, la réforme des rythmes scolaires ne permet pas une refondation de l'Ecole. Les temps scolaire et périscolaire continuent à être pensés séparément. L'école reste une "forteresse" et même les enseignants ne sortent pas d'un cadre qui les enferme...

Monsieur le Ministre,

Lorsque vous vous êtes installé dans ce ministère vous aviez une ambition très forte et attendue d'une grande partie de la population : Refonder l'école.

Qu'en est-il six mois plus tard ? Une loi d'orientation et de programmation va être votée, mais va-t-elle être à même de répondre à cette ambition ? Je m'autorise à m'interroger.

Un dossier qui vous tenait particulièrement à cœur, celui fâcheusement nommé « rythmes scolaires », montre à quel point la résistance au changement ne permet même plus dans ce pays de concevoir une organisation scolaire autrement qu'à partir de la seule existante. Ceci d'autant moins que beaucoup d'idées sont fondées sur des croyances non certifiées. Voir par exemple l'idée tenace consistant à considérer que tous les élèves retrouvent un haut niveau attentionnel en fin d'après midi après 5 ou 6 heures de classe et d'activités. Ou encore le découpage de l'année en 7/2 soit disant largement plébiscité (bien qu'unique au monde) alors qu'il ne permet nullement de répondre aux besoins différenciés de repos selon les saisons ni à la suppression des ruptures répétées du rythme veille-sommeil lors du calendrier gruyère des mois d'avril, mai et juin où des vacances de deux semaines s'intercalent entre des ponts et des week-end rallongés.

Lors de votre nomination vous aviez eu l'audace d'annoncer qu'on remettrait en place « la semaine de 5 jours en laissant la liberté aux collectivités de choisir le mercredi ou le samedi » ! Quelle régression en quelques mois, après le passage dans votre bureau de divers lobbyistes qui, pour une fois, n'ont pas été d'abord ceux du tourisme ! J'ai le sentiment aujourd'hui que ce que je n'ai cessé d'argumenter lors de la concertation, à savoir qu'il fallait, pour refonder l'école, abandonner l'idée d'aménager les rythmes scolaires et s'interroger sur la réorganisation des temps des enfants et des jeunes, n'a pas été entendu. L'usage même du terme péri-éducatif laisse implicitement penser que seuls les temps scolaires seraient éducatifs, alors que pour être cohérent on devrait plutôt distinguer tout en reconnaissant des zones de recouvrement, temps éducatifs scolaires et temps éducatifs non scolaires.

En effet, on ne peut ignorer que les 864 h annuelles du temps scolaire couvrent moins de 10% du temps de vie total des enfants alors que la plupart d'entre eux passent près de 1000 h en temps périscolaire. La logique et surtout la cohérence éducative voudraient donc qu'on porte le même intérêt à l'organisation de chacun de ces temps éducatifs. La situation dans laquelle on se retrouve aujourd'hui était prévisible. Vous tentez de « bricoler » un emploi du temps scolaire susceptible de satisfaire les seuls enseignants alors qu'on évoque à maintes reprises la communauté éducative. Il est vrai qu'on demandera aux responsables des temps « périscolaires » de boucher les trous pour assurer la continuité éducative ! Le projet de loi est tout à fait explicite à cet égard. Il stipule : « l'organisation d'activités périscolaires peut être formalisée dans le cadre d'un projet éducatif territorial ». Il ne fait aucune obligation de construire un tel projet alors qu'il s'agit, comme le démontre justement Yves Goepfert, de structurer et mettre en œuvre dans le cadre d'un projet éducatif territorial, une coproduction éducative associant l'ensemble des acteurs concernés, ceux de l'institution scolaire évidemment mais également tous ceux qui à la place qui est la leur, sont indispensables à la cohérence, je dirais même la pertinence de l'action éducative.

Hélas, le projet de loi maintient fermement la coupure entre le temps scolaire et les autres temps. Ce qui bien évidemment conforte l'école dans son statut de forteresse alors que les expériences d'ouverture de l'école sur la cité menées dans le cadre de projets éducatifs de territoire dans lesquels les équipes enseignantes se sont largement engagées, montrent à quel point cette approche sert l'équité tant attendue pour que chaque enfant de ce pays puisse réussir. Bien sûr, est précisé dans le Titre II que « la réforme des rythmes doit agir comme un levier pour faire évoluer le fonctionnement de l'école autour d'un projet éducatif territorial et doit conduire à mieux articuler les temps éducatifs et les temps péri-éducatifs et, par conséquent, à coordonner les actions de l'Etat, des collectivités territoriales et des organismes œuvrant dans le champ éducatif. » Mais qu'en sera-t-il vraiment à la rentrée 2013 alors que les maires doivent déclarer sans le temps nécessaire pour élaborer en partenariat  d'authentiques projets éducatifs territoriaux, s'ils adoptent une nouvelle organisation ou pas du seul temps scolaire. Plusieurs options retenues montrent que l'intérêt des enfants n'est hélas plus au cœur du processus de décision.  Par exemple, affirmer que le mercredi matin permet de restaurer la continuité éducative est en contradiction totale avec le point de vue de tous les chronobiologistes pour qui c'est bien la longue rupture du week-end qui est la plus délétère pour le rythme veille-sommeil des enfants. Ce que beaucoup d'enseignants, quand ils se positionnent comme enseignants, reconnaissent, considérant que le samedi matin se déroulait dans un climat plus apaisé et donnait la possibilité de rencontrer certains parents plus aisément qu'en fin de journée. De plus, la structuration de la semaine en  9 demi-journées, ne permet aucune innovation portant sur des journées éducatives  dans lesquelles l'articulation des temps éducatifs scolaires et non scolaires prend tout son sens. Pourquoi ne pas accepter de parler de semaine de 5 jours, (et même d'au moins 5 jours) permettant au projet éducatif de s'inscrire dans cette logique ?

Dans ces conditions, on ne voit plus désormais en quoi le changement proposé va permettre à l'école d'évoluer comme certains l'attendent depuis parfois longtemps. Si, comme le rappelle Jean-Michel Lahieye « L'école créatrice d'espoir doit se fixer la diminution de la reproduction des inégalités sociales comme un objectif », c'est bien en ayant une réflexion permettant d'imaginer d'autres façons d'enseigner grâce à une mobilisation différente des temps d'apprentissage, associés aux temps éducatifs non scolaires auxquels on donne le temps de s'exercer, que cette diminution de la reproduction des inégalités sociales peut devenir réalité.

Pour satisfaire une partie des professionnels concernés, vous avez accepté de travailler sur la base d'un cadre national tellement fermé et rigide que le citoyen lambda qui ne connaît ni l'histoire de ce dossier, ni les conséquences qu'il a sur la vie de notre société, ne peut imaginer une autre structuration de la semaine de l'enfant. Vous êtes convaincu de la nocivité de la semaine de quatre jours – moi aussi, depuis plus de 20 ans. J'ai très largement expliqué le pourquoi de cette nocivité !  A partir de là vous avez annoncé qu'il fallait impérativement rajouter une « demi journée » chaque semaine. Et ensuite ? Et c'est là que le bât blesse, car chacun essaie de trouver le meilleur moyen de ne pas trop changer tout en produisant une apparence de changement. Tout le monde s'empare de la question, donne son avis (une opinion) avec des arguments plus ou moins étayés qui le plus souvent n'ont plus aucun lien avec l'intérêt de l'enfant. Les systémiciens ont bien décrit ce processus qu'il dénomme « résistance au changement » et ses effets délétères à moyen terme.

Vous avez pris comme angle d'attaque le fait qu'il fallait plus de jours dans l'année pour étaler les temps scolaires obligatoires, soit les 864h. Pour certains cette augmentation ne peut s'envisager autrement qu'en réduisant les vacances d'été. Ils crient déjà au scandale car il n'est pas question actuellement de toucher à ces vacances. Pourquoi ne voit-on pas que 864 h étalées sur 5 jours permettront aux enfants d'aller 180 jours en classe et non plus 144, soit 36 jours de plus dans l'année ?

Lorsque j'interroge les tenants d'un rallongement de l'année (38 semaines au lieu des 36) et que je leur demande comment s'organisera la semaine de 22 heures ¾ sur cinq jours, (ou 9 demi-journées), ils reconnaissent qu'on parvient à une organisation « cocasse » qu'ils n'avaient pas anticipée ! Quoi qu'il en soit, alors qu'on est censé refonder l'école, pour ce qui concerne « l'organisation du temps scolaire » (terme utilisé dans les textes officiels), on régresse, car ni dans la loi de 1989 et ses décrets d'application, ni dans le décret de 2008, on ne va jusqu'à cadrer au  point où vous l'envisagez, chacune des demi-journées : on ne parle que de six heures maximum par jour.

En voyant l'emploi du temps que vous proposez, il me semble bien difficile de convaincre les enseignants qu'ils vont voir leur qualité de vie professionnelle s'améliorer, alors qu'ils n'exerceront que sur des temps contraints. Plus encore quand on veut imposer l'allongement de la pause méridienne. Même si c'est l'intérêt de l'enfant qui doit primer, on ne peut ignorer qu'un enseignant heureux d'enseigner et éprouvant un bien-être quotidien est plus à même de motiver ses élèves et de leur faire acquérir le plaisir d'apprendre.

Quant à la dimension territoriale de l'action (la coproduction) éducative,  - ce n'est pas un cadre rigide et uniforme qui établira l'égalité territoriale. En effet, comment imaginer une organisation satisfaisante pour tous si on ne tient pas compte de la diversité des contextes ? Peut-on penser qu'il est identique d'assurer des remplacements au sein d'une même commune que dans les diverses communes d'un département rural ou de montagne ? Assurer ¼ temps ou ¾ temps de 24 h avec des journées de 5h30 ou des demi-journées de 3h30 est rendu extrêmement complexe !

Pourquoi ignorer à ce point les réalités territoriales et tenir en dehors du champ de réflexion les ressources des  territoires ? Relisons Condorcet pour qui l'instruction doit être continue et ouverte à tous, idées fortes qui ont animé l'éducation populaire. N'est-ce pas la Ligue de l'enseignement créée en 1866 par Jean Macé qui a milité pour une instruction primaire obligatoire, gratuite et laïque, pour filles et garçons ? Comme le rappelle Geneviève Poujol (1999) , l'éducation populaire correspond à un projet de démocratisation de l'enseignement porté par des associations dans le but de compléter l'enseignement scolaire et de former des citoyens. L'institution scolaire ne peut oublier cela ? Comment imaginer qu'une école autocentrée, fonctionnant à la limite de l'ostracisme vis-à-vis du mouvement associatif, avec des enseignants qui ont de plus en plus perdu confiance en eux et perçoivent l'intervention de « partenaires éducatifs » comme un danger pour leur identité professionnelle qui pourtant ne se limite pas à la transmission de connaissances, n'est pas susceptible de renforcer le phénomène de décrochage scolaire alors que dans le même temps des prises en charge « réparatrices ou compensatrices », coûteuses sont mises en place. À votre décharge je reconnais que l'étau dans lequel vous vous trouvez, avec d'un côté des élus pour qui le critère économique l'emporte trop souvent sur tous les autres, de l'autre des enseignants qui estiment être lésés dans la nouvelle organisation et n'imaginent donc pas la mettre en œuvre sans une compensation financière, sans compter ceux que j'ose appeler « réactionnaires », qui sous le prétexte de défendre l'école républicaine, n'hésitent pas, comme le fait Charles Coutel, à brandir l'anti constitutionnalité de l'expression de « projet éducatif local », il est difficile de décider.

Vous avez toutefois pris le parti avec le Premier Ministre de faire pression sur les communes pour qu'elles mettent en place rapidement la nouvelle organisation. Cette précipitation est regrettable parce qu'une fois de plus on ne se donne pas le temps d'élaborer de vrais projets partenariaux étayés sur un inventaire des besoins et des ressources à cette échelle. On s'interdit dans le même temps d'évaluer scientifiquement, avec un avant et un après, les effets des changements mis en œuvre, seul moyen pourtant de pouvoir pérenniser les choix faits. Peut-on à ce point ignorer la place à accorder aux temps nécessaires à l'information, à la réflexion commune, à la concertation pour construire réellement un projet commun, partagé ? Non Monsieur le ministre. Tous les parents ne savent pas encore comment fonctionnent les rythmes biologiques de leurs enfants, tous les enseignants ne le savent pas non plus. Tous les acteurs de l'éducation ne connaissent pas les expériences innovantes qui fonctionnent depuis de nombreuses années et ont fait leurs preuves. On préfère lancer des sondages et des enquêtes dans l'espoir d'obtenir des réponses sur ce que chacun souhaite pour améliorer les rythmes de vie de l'enfant alors que ces sondages nous révèlent que les réponses font essentiellement référence à une organisation déjà existante et des habitudes de fonctionnement, sans que jamais rien de nouveau ou d'original soit proposé.

L'enjeu de la refondation mérite davantage que la simple prise en compte d'opinions analysées à travers des sondages ou la recherche d'un consensus entre des postures irréductibles. Il nous faut réinventer complètement l'organisation des temps de l'enfant et non pas seulement réaménager les rythmes scolaires, sur la base d'une journée identique depuis 1882. Comment peut-on croire et faire croire que diminuer simplement la journée d'une demi heure – ou de ¾ d'h -  va permettre un mieux apprendre pour tous les enfants  et un mieux-vivre de tous ? Ce n'est pas l'allégement des journées de classe tel que vous le concevez qui permettra d'améliorer l'efficacité des apprentissages, mais bien une meilleure répartition du temps scolaire. Il faut impérativement tenir compte du fait que la disponibilité aux apprentissages des enfants de tous âges est sensiblement meilleure le matin. Ainsi, une matinée de quatre heures avec deux pauses de 15 mn est beaucoup plus efficace (et prépare au rythme du collège). Elle permet en outre de découper la matinée en trois grandes périodes pédagogiques au cours desquelles s'installe une alternance heureuse entre les activités cognitivement coûteuses et les autres moins coûteuses (ce qui n'a rien à voir avec la distinction entre les matières dites fondamentales et les autres).

Un tel découpage permet alors de libérer des plages de temps pour les activités éducatives non scolaires autrement plus valorisantes pour les intervenants éducatifs que les demi-heure ou ¾ d'heure de fin de journée envisagés. De plus cela nécessite un engagement plus important des familles – qui dans un tel contexte le comprennent mieux – sur le respect du rythme veille-sommeil de leur enfant. Enfin il est évident qu'un tel découpage de la semaine autorise l'accompagnement spécialisé des enfants porteurs de handicap sans leur infliger une sortie de la classe ou des prises en charge à des horaires aberrants. Déjà en 1962, les professeurs Debré et Douadi  recommandaient de respecter une triple alternance au cours de la journée scolaire: alternance entre le travail et le repos, entre le mouvement et l'immobilité et entre le rationnel et l'imaginaire. Cela fait 50 ans, Monsieur le Ministre, qu'on attend une révolution dans les emplois du temps scolaire. Ne souhaiteriez-vous pas être celui qui va la permettre ?

Si je me permets de vous alerter par cette lettre ouverte, c'est parce que je sais  que si on ne parvient pas aujourd'hui à redonner un sens aux différents temps que traverse l'enfant, l'école aura beaucoup de mal à aller mieux. Pire, si on manque ce rendez-vous lancé par votre initiative de Refonder l'école de la République, il sera extrêmement difficile de mobiliser à l'avenir comme vous l'avez permis dans le cadre de la concertation pour la refondation de l'Ecole, tous les acteurs éducatifs concernés. Je ne peux croire que les collectivités ne trouveront pas les moyens (qui ne sont pas que financiers) de proposer à leurs enfants des journées éducatives permettant à tous de se développer harmonieusement, de s'épanouir et surtout un mieux-vivre ensemble. La mutualisation de toutes les ressources existantes et l'inventivité des acteurs locaux permettront de construire des projets éducatifs dignes de ce nom. Sans oublier que l'aménagement des temps est aussi étroitement lié à l'aménagement des espaces : une pause méridienne de qualité dépend à la fois de sa durée (ni trop ni trop peu), des contenus qu'on y met mais aussi de l'aménagement des espaces de restauration et leurs annexes (espaces de repos pour les plus jeunes par exemple, possibilité d'accueil d'un parent isolé…)

Quant à l'école, c'est en s'ouvrant sur le territoire, en acceptant de fonctionner totalement différemment, y compris du point de vue de l'organisation temporelle, qu'elle sera confortée dans sa capacité à assurer pleinement et efficacement ses missions, la première restant bien celle de transmettre des savoirs. Mais en inscrivant systématiquement son action dans une démarche de partenariat à l'échelle territoriale, elle sera alors naturellement partie prenante du projet porté par ce territoire et pourra ainsi s'appuyer sur les acteurs qui le font vivre et ce faisant valoriser les apprentissages scolaires au-delà de ses murs. C'est bien ainsi qu'on peut espérer que la « réforme des rythmes » agira comme un levier pour faire évoluer le fonctionnement de l'école et favoriser la cohérence et la continuité des actions de l'État, des collectivités territoriales et des organismes œuvrant dans le champ éducatif.

Il y a urgence à repenser les temps de vie des enfants (avant de repenser rapidement ceux des adolescents), en leur proposant des temps scolaires plus en adéquation avec leurs besoins. Dans ce projet de la plus haute importance pour l'avenir du pays, toute la communauté éducative doit se sentir concernée, les enseignants évidemment et tous les professionnels de l'éducation nationale, les ATSEM, les parents, les responsables et élus des collectivités, les associations engagées dans l'accompagnement éducatif des enfants sous toutes ses formes et également le monde économique . Car c'est bien d'un projet de société dont il est ici question. « Dans toutes les périodes de bouleversement, l'éducation prend une place prépondérante, comme un besoin irrépressible ».

Il est de la responsabilité de l'État de proposer un cadre législatif favorisant le déploiement de projets éducatifs territoriaux, non plus à la marge ou en option, comme c'est le cas dans le projet de loi que vous avez préparé, mais comme outil (ou levier) de la coproduction éducative sans laquelle il semble vain d'espérer une Refondation de l'école.

Je voudrais rappeler pour conclure ce propos de Pierre Mendès France qui me semble d'une très grande actualité : « Si les hommes auxquels le pouvoir est confié interprètent convenablement la réalité historique, ils peuvent favoriser des accouchements, les rendre moins pénibles, moins douloureux, ou, au contraire, freiner tel ou tel progrès. Sachez bien que l'immobilisme, la pusillanimité, sont toujours plus dangereux que l'audace. Les problèmes sont si difficiles et d'une si grande ampleur, la résistance des égoïsmes est si forte que c'est avant tout de l'audace qu'il nous faut aujourd'hui. De l'audace intellectuelle et politique, plus rare de nos jours, hélas, que le courage physique ! ».

S'il vous plaît Monsieur le Ministre, pour nos enfants qui le méritent bien, soyez audacieux, nous, les militants de la cause des enfants, le serons avec vous !

Claire Leconte

Rythmes scolaires : le dossier



Scolarisation à deux ans : Le prioritaire non prioritaire...

On le sait : la scolarisation précoce des enfants dès 2 ans est bénéfique pour les enfants issus de milieu défavorisé. Or la scolarisation des deux ans a été divisée par deux en éducation prioritaire entre 1999 et 2011, rappelle la synthèse publiée par l'IFE d'un article de la revue Education et formations. Une analyse sociologique montre que la scolarisation à deux ans touche a égalité les catégories sociales : 26% d'enfants d'ouvriers et 21% de cadres en 2007. Au delà les statistiques ne disent plus à quelle CSP appartiennent les enfants scolarisés... La carte semble montrer que l'offre dépend souvent de la concurrence entre le public et le privé : ainsi les départements de l'ouest ou du sud du massif central ont les taux les plus forts. Les enfants des classes populaires ne sont en rien prioritaires.

Synthèse Ifé


L'AMF justifie ses réserves

La crise de confiance s'aggrave. Lors d'une conférence de presse le 15 janvier, l'Association des maires de France est revenue sur sa position sur les rythmes scolaires. Après avoir voté positivement sur le projet de décret en CSE, l'AMF a émis des réserves lors d'un CCEN entraînant un report de la discussion. C'est que pour l'AMF,  l'Etat doit davantage aider les communes. Mais l'AMF revient aussi sur des bases du projet présidentiel comme l'encadrement des enfants jusqu'à 16h30. Finalement, la réforme consensus semble ne satisfaire personne...

"Le retour à la semaine de quatre jours et demi est une bonne chose pour les élèves", estime l'AMF. "Mais on peut être d'accord sur l'objectif d'une réforme et vigilant sur ses conséquences financières, surtout lorsque les finances locales sont en crise". C'est sur ce terrain que les maires portent leurs critiques. "A moins de deux mois (de la décision d'appliquer en 2013 ou 2014 la réforme), il leur manque trop d'éléments concrets pour pouvoir prendre cette décision".

Pour l'AMF, le « fonds d'amorçage » de 250 millions d'euros ne doit ni être réservé aux seules communes qui s'engageront en 2013 ni être une aide ponctuelle car les dépenses supplémentaires induites par la réforme des rythmes scolaires sont des dépenses durables. L'AMF demande un allègement pérenne des taux d'encadrement des accueils périscolaires afin de tenir compte, de façon pragmatique, des besoins locaux et des capacités des communes et des associations à les organiser. De toutes façons, elle relève que "aucune évaluation n'a été faite de l'impact financier sur les collectivités. Le ministère de l'Education nationale considère que l'ajout d'une demi-journée d'école supplémentaire se fera à coût constant pour les communes. Ce n'est pas réaliste !" L'AMF demande que l'évaluation de l'impact financier soit calculé, même pour les dépenses annoncées comme « facultatives » par le ministère.

L'AMF remet en question le partage du temps prévu par le ministère. "Il convient de préciser ce qui est pris en charge par l'Education nationale dans le temps scolaire des enseignants comme des élèves, et ce qui relève de l'initiative communale dans un temps périscolaire". L'AMF craint d'avoir à prendre en charge un temps qui serait payé par l'Etat. Surtout l'AMF remet en question l'obligation pour les communes de s'occuper des élèves jusqu'à 16h30. Pour elle, "le temps périscolaire est facultatif".

Enfin, "le projet éducatif territorial n'est pas suffisamment précisé". Au coeur de la réforme, qui a lieu pour qu'il puisse exister, le PEL reste une terra incognita pour beaucoup de maires. Pour eux la date du 1er mars 2013 pour fixer la date d'application de la réforme est irréaliste. 

Présentée comme une réforme qui fait le consensus, la réforme des rythmes semble s'effilocher au quotidien. Elle a perdu le soutien des enseignants et des parents lors du CSE. Voilà que les principales collectivités locales intéressées réévaluent à la baisse leur soutien. Qui veut encore de cette réforme ?

La position de l'AMF
Dossier Rythmes
Le vote du CSE


Rythmes : Où se situe l'échec ?

Le vote négatif du CSE, la déception des acteurs marquée par un vote majoritairement blanc peuvent surprendre alors que la question des rythmes scolaires a été si longtemps négociée. Si échec il y a, où se situe-t-il ? Est-il définitif ?

Probablement les Français ne vont rien y comprendre. Cela fait trois ans que les commissions se succèdent pour une réforme des rythmes scolaires. On ne va pas retracer l'histoire de la commission Chatel qui déjà avait réuni la fine fleur des experts pour arriver à un rapport qui proposait le retour à la semaine de 5 jours au primaire. La concertation voulue par V Peillon a recommandé la même chose.  Enfin indépendamment du ministère, les acteurs de l'Ecole ont aussi travaillé la question. On peut citer en exemples le "Réseau des villes éducatrices"  ou encore la grande concertation réussie par la JPA rassemblait à peu près les mêmes organisations et personnes que lors du CSE du 8 janvier...Toutes ces réunions se sont conclues par des compromis acceptant l'idée du retour aux 5 jours.

Comment une si longue préparation a-t-elle pu aboutir à ce vote négatif ? Sans doute les négociations précédentes s'en sont tenues, selon un défaut bien français, au terrain des idées au lieu d'attaquer la question sous un angle pragmatique. Les difficultés financières, les compensations à trouver se sont déclarées très tard alors qu'elles étaient prévisibles et auraient du être anticipées. Elles sont arrivées à un moment où l'Etat met la reconstruction économique au premier plan. Malgré tout 250 millions ont pu être trouvés. C'est à la fois insuffisant par rapport aux besoins des communes. Un simple calcul basé sur les critères définis par l'Etat montre qu'il faudrait au moins 400 millions. Encore ces calculs pèchent-ils probablement par optimisme. C'est aussi beaucoup par rapport à la situation des enseignants pour qui il n'y a jamais de crédits salariaux disponibles...

Cet échec reflète aussi une difficulté politique profonde. Trente ans après les lois de décentralisation; le système éducatif est resté profondément centralisé. Les compétences entre Etat et collectivités territoriales sont étroitement enchevêtrées ce qui permet au premier de rester maître du jeu. Aussi quand il s'agit d'impulser des projets éducatifs territoriaux, qui sont existent chez tous nos voisins, cela semble tout sauf naturel pour les enseignants français mais aussi probablement bien au-delà y compris chez de nombreux élus locaux. Les collectivités financent déjà largement l'Ecole (en gros pour un quart des dépenses). Mais elles le font très souvent en substitution ou appui des programmes étatiques. Le décret et la loi d'orientation envisagent autre chose. Pour la première fois  faire des collectivités territoriales de vrais partenaires du système éducatif. Est-on certain que cette question politique a vraiment été travaillée ? En dehors des experts et d'une poignée de responsables convaincus qui a vraiment perçu les enjeux ? Ont-ils été expliqués ? Si certains syndicats refusent clairement la "territorialisation" combien d'acteurs  n'en voient pas l'intérêt ?

S'agit-il alors d'un échec définitif ? Certainement pas. L'opinion sait que l'Ecole ne fonctionne pas bien et que les rythmes sont un élément du problème. Les attentes sont tellement fortes qu'elle exigera probablement des changements à ce niveau. Pour autant, la refondation ne peut se résumer à cela. Si faire passer la réforme des rythmes participe d'une modernisation institutionnelle, on ne changera pas l'Ecole seulement en modifiant son environnement. L'essentiel des efforts à faire se situent dans la classe et dans la formation des enseignants. Pour ces questions le consensus est-il là et les difficultés concrètes ont-elles été anticipées ?

François Jarraud


Quel calendrier ? Quels horaires ?

Quand saurai-je si ma commune va passer de 4 à 5 jours de classe ? Quel pourrait-être l'emploi du temps d'après réforme ? Qu'est ce qu'un projet éducatif territorial et à quoi sert-il ?

Le calendrier de mise en place de la réforme des rythmes est précisé par le ministère. Certaines communes pourront obtenir une dérogation pour passer à 5 jours de classe qu'en 2014. Toutes les autres communes passeront à 9 demi-journées de classe dès la rentrée 2013. La décision sera connue dès mars 2013.

L'emploi du temps. Le Dasen fixera l'organisation de la semaine scolaire. Plusieurs emplois du temps sont possibles. Par exemple dans celui-ci


les enfants bénéficient de deux heures de pause méridienne, de 5h15 de cours par jour et de 45 minutes d'APC par jour.

Dans cet autre exemple,


l'emplacement de l'APC et sa durée varient selon les jours. Du coup le volume des heures enseignées quotidiennement aussi.

Quand connaitrai-je l'emploi du temps ? L'organisation de la semaine de classe sera arrêtée par le Dasen au plus tard avant les vacances de Pâques.3

François Jarraud

Le dossier ministériel


Sur le site du Café

Par fjarraud , le mercredi 23 janvier 2013.

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