L'Education pilotée par le seul Budget 

Par François Jarraud



Chatel peut nous payer en mots, la réalité c'est que ses réformes sont des baudruches. Seul le Budget pilote l'Ecole et fixe les objectifs.  A peine mises en place, les réformes se dégonflent et laissent voir la réalité d'une Ecole à la dérive.


La publication des "Orientations des finances publiques sur la période 2011-2014" par François Baroin, ministre du budget, éclaire l'avenir de l'éducation nationale, celui d'une administration qui voit son budget décliner fortement dans le PIB français et même en euros  nets.


En rapportant le budget 2010, Gilles Carrez, rapporteur de la commission des finances, avait demandé au ministre qu'il étudie " un objectif de stabilisation en valeur de la masse salariale, si ce n’est en 2011, en tout cas en 2012". Et bien pour l'éducation nationale c'est déjà chose faite, nous apprend F Baroin.


"Les orientations des finances publiques sur la période 2011-2014 grâce à la modération permise par le gel du point fonction publique en 2011 et 2012, à la poursuite de la politique de non remplacement des départs en retraite et tout en assurant un retour sous forme catégorielle de la moitié des économies induites aux agents de l'Etat, la masse salariale de l'Etat (hors pensions) connaît une baisse inédite, en valeur, de 0,2 Md€ par rapport à la LFI 2011, à périmètre constant", explique le document officiel. Le budget de l'enseignement scolaire passera de 45,543 milliards en 2011 à 45,537 en 2012. Cela grâce aux suppressions de postes (14 000 soit la moitié de toutes les suppressions de postes par l'Etat). Malgré tout l'effort est jugé inférieur aux objectifs que s'est fixé F Baroin...

Les orientation des finances publiques

http://www.performance-publique.gouv.fr/fileadmin/medi[...]

G Carrez

http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2009-2010-ex[...]


Les suppressions de postes en 2012

Ministère par ministère, les suppressions de postes annoncées pour chaque ministère en2012. L'éducation nationale fournit le plus gros bataillon avec 14 000 postes.

Sur Infos Emploi Public

http://infos.emploipublic.fr/2011/06/23/les-suppression[...]



Suppressions de postes : Ce que prépare le ministère


Comment maintenir l'offre éducative en supprimant autant d'emplois d'enseignants en 2012 ? Grâce soit rendu à l'enseignement catholique ! Touché de façon vitale par les suppressions de postes programmées à la rentrée 2012, il nous éclaire sur les solutions envisagées par le ministère. Elles auront des conséquences sur les conditions de travail et le statut des enseignants.


A l'origine de ces informations une note ministérielle et une opportunité. L'enseignement catholique est mis à mal par les suppressions de postes à la rentrée 2012. "Nous sommes aujourd'hui dans l'incapacité absolue de réaliser la rentrée 2012", annonce Eric de Labarre, secrétaire national de l'enseignement catholique. "Nos possibilités de redéploiement ont atteint leurs limites. Nous ne contestons pas le niveau de suppression de postes eu égard au déficit de la France, mais les fermetures systématiques de classes, de filières, voire d'établissements entiers". D'où un échange avec le ministère. Enseignement catholique Actualités rend compte d'une note ministérielle remise aux recteurs et aux directeurs diocésains. Aurélie Sobocinski en reproduit l'essentiel dans un article du dernier numéro d'Enseignement catholique Actualités (ECA).


Aux mêmes maux, les mêmes remèdes. Les solutions envisagées par la rue de Grenelle ne concerneront pas que l'enseignement catholique.  Selon ECA, la réflexion se porte dans 4 directions.


Les TIC au service de la gestion. L'enseignement catholique va développer l'enseignement à distance. "Le développement de ce dispositif permet de résoudre la problématique de l'enseignement des disciplines à très faibles effectifs" explique un responsable local. il devrait permettre de maintenir une offre éducative concurrentielle mais son impact sur les économies d'emplois ne semble pas très important.


Flexibiliser la gestion des heures supplémentaires. "Les chefs d'établissement pourraient disposer dès le début de l'année d'une enveloppe globalisant la quasi-totalité de la DGH ainsi que d'une gestion plus flexible des heures supplémentaires". On attend de ces heures qu'elles soient capables d'amortir les suppressions de postes.


Jouer sur les rythmes scolaires. "Supprimer une heure de cours en collège et lycée dans l'ensemble des établissements publics et privés revient à économiser entre 17 000 et 19 000 emplois", estime un responsable de l'enseignement catholique. La réduction du temps d'enseignement pourrait se faire au gré du chef d'établissement qui pourrait aménager son horaire global particulier. Sans même affronter les disciplines, le passage de 36 à 38 semaines de cours dans le secondaire pourrait justifier un nouveau calibrage des horaires d'enseignement permettant de dégager une heure hebdomadaire. On doit pouvoir faire moins de français ou de maths chaque semaine, par exemple, si on augmente le nombre de semaines.


Annualiser. C'est le "dernier levier envisagé". "Il faudra poser d'autres manières de compter le temps de travail des professeurs qui ne soient pas hebdomadaires mais bien annuelles". L'annualisation permettrait immédiatement des gains de postes très importants dans l'enseignement technologique et professionnel où les élèves sont en stage une partie de  l'année. Dans l'enseignement général, les gains seront moindres mais bien réels en supprimant de nombreux accidents de l'année scolaire et en exigeant les 36 semaines de cours.


"Il reste au ministère à transformer l'essai". Voilà qui nous éclaire sur le débat sur les rythmes scolaires et sur les débats présidentiels à venir.



Comment la pression budgétaire détruit les objectifs des réformes


Luc Chatel serait-il capable de parler d'individualisation de l'enseignement, de lutte contre les inégalités et d'agir en sens contraire ? C'est ce que le SNPDEN démontre à l'aide d'un enquête menée en mars dernier auprès de 1500 établissements secondaires. "Pas de grand complot ministériel" prévient Philippe Tournier, secrétaire général. Juste une contradiction entre l'esprit des réformes et les réalités budgétaires.


"Personne ne s'intéresse trop à ce que nous sommes contraints d'arbitrer pour assurer une rentrée techniquement réussi", affirme P Tournier. "Cette opacité silencieuse satisfait tout à fait le ministère", mais le Snpden entend lever le voile.  "Au moment où on nous farcit la tête d'une propagande tapageuse peuplée d'accompagnement personnalisé et d'autres dispositifs individualisés, la réalité crue c'est que ce sont les dispositifs qualitatifs que le sretraits d'emplois nous contraignent à liquider" avertit-il.


Du new management chatelien à l'accroissement des disparités. Syndicat de chefs d'établissements, le Snpden est bien placé pour observer la façon dont les contraintes budgétaires sont gérées sur le terrain. Luc CHatel a vanté son nouveau management des économies à réaliser au plus près du terrain. Il a promis qu'il permettrait de lier meilleure gestion et égalité. L'enquête du Snpden montre qu'au contraire les disparités se sont accrues. La baisse moyenne de 0,6% de la DHG est amortie différemment dans les académies. Dans certains cas (16%), les établissements ne savent même pas comment la gestion s'opère, signe d'une dégradation de la relation avec les académies.


Entrons grâce au Snpden dans la cuisine des établissements. Quels moyens utilisent-ils face aux suppressions de postes ? Ils limitent le nombre de cours à effectifs réduits (33% des établissements mais 51% des L.P.). Ils suppriment les actions de remédiations (27% mais 31% des collèges). Ils abandonnent les projets éducatifs (21% mais 47% des lycées généraux). Ils effectuent des regroupements pédagogiques artificiels. Le nouvel accompagnement personnalisé devient une variable d'ajustement pour un gros tiers des établissements.


Prendre plus à ceux qui ont moins. La conséquence c'est selon le Snpden l'aggravation des inégalités sociales dans le système éducatif. "Ce sont les établissements les plus exposés qui sont les plus touchés", explique le Snpden. "Non point du fait de quelque noir dessein. Mais pour une raison fort logique : dans un système rigidifié par des normes, les retraits de moyens se font en priorité là où des moyens supplémentaires avaient été mis". Les exigences budgétaires frappent donc plus fort les plus faibles. Elles travaillent contre l'individualisation vantée par le ministre.


Une enquête indispensable. Le travail du Snpden plombe le discours présidentiel sur l'égalité des chances. Alors que Luc Chatel s'apprête à publier un ouvrage réalisé avec le très "républicain" Chevènement, elle montre la distance entre les sourires et les mots et la nudité des décisions. Elle conforte l'idée que les qualités communicationnelles du ministre cachent la réalité. Nul doute que Luc Chatel soit interpelé dans les jours à venir sur ces questions.

L'enquête du Snpden

http://www.snpden.net/sites/default/files/files/Enqu[...]

501 témoignages de chefs d'établissement

http://www.snpden.net/sites/default/files/files/resu[...]

Editorial de P Tournier

http://new.snpden.net/direction/pdf191/06_07-rentreete[...]



Sur le site du Café

Par fjarraud , le vendredi 23 septembre 2011.

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