Rentrée : Le rapport qui accable Chatel 

Par François Jarraud



Révélé par Mediapart, le rapport de l'Inspection générale sur "la préparation de la rentrée scolaire 2010" vient contredire les propos de Luc Chatel sur une rentrée sans histoire et au-delà interroge sur l'avenir du système éducatif.


Le rapport des inspecteurs généraux Françoise Mallet, Jean-François Cuisinier et Jean-Pierre Hédouin est destiné au cabinet du ministre. Il décrit de façon très libre les difficultés du système éducatif à la rentrée aussi bien au primaire que dans le secondaire, dans les services administratifs que pour les enseignants et les stagiaires. Vous en trouverez une vision détaillée dans le "verbatim" que le Café publie (lien ci-dessous).  Au-delà le rapport interroge sur trois points.


Quelle crédibilité ? Le rapport n'aurait jamais du sortir du cabinet de Luc Chatel.  Cette nouvelle fuite est en elle-même une information : elle montre à nouveau (après la publication par le Café des documents relatifs aux suppressions de postes fin mai) que parmi les cadres supérieurs de l'éducation nationale certains refusent la politique suivie par le gouvernement. Il est clair que l'autorité du ministre est atteinte. Mais c'est aussi sa crédibilité qui souffre. En effet le rapport contredit sur bien des points les déclarations ministérielles. Ainsi, contrairement aux propos ministériels, il apparaît bien que la réforme du lycée est lise en place  sans effort de formation sur 2010 faute d'argent, que l'éducation nationale a du mal à trouver des tuteurs pour les stagiaires etc.


Les insuffisances de la gestion. Les économies réalisées à l'Education nationale ne signifient pas pour autant que le système soit géré efficacement. Le rapport montre par exemple comment on a fermé des classes au printemps 2009 alors qu'en septembre il y a un surplus de professeurs du primaire.  Comment les politiques académiques se suivent et se contredisent dans l'indifférence du ministère sur leur efficacité. Comment "le manque de crédits de fonctionnement affecte insidieusement la qualité du service éducatif".  Pour les auteurs du rapport, "les choix budgétaires préparent assez peu ceux des années à venir… Si la rentrée est techniquement réussie…, les conditions de sa construction ne préparent pas totalement l'avenir dans la mesure où elles reposent souvent sur des choix conjoncturels et des solutions provisoires". Le système n'est pas mieux géré, il est simplement soumis à des obligations de résultats financiers auxquels les rectorats répondent comme ils peuvent en essayant de préserver au mieux les enseignements.


Quel avenir pour le système éducatif ? C'est donc bien l'avenir qu'interrogent les inspecteurs. Ils plaident d'abord pour un retour au pilotage centralisé du système.  Le ministère doit éviter "l'absence de suivi et de régulation des pratiques académiques, propres à laisser se développer des disparités si fortes qu'elles portent atteinte aux exigences de cohérence éducative à l'échelon national". Ils plaident aussi pour une révision de la carte scolaire et une remise à plat des réseaux et de l'offre de formation. Il apparaît clairement que les rectorats ont fait le maximum pour sauvegarder l'offre de formation et les réseaux éducatifs.  Pour les auteurs la seule façon à l'avenir de récupérer de nouveaux moyens ce sera de revoir l'offre , en clair supprimer des formations et / ou des établissements. Ce sont des décisions politiquement difficiles que Luc Chatel va avoir à prendre pour le budget 2011.


Luc Chatel a réagi le 12 septembre à cette publication expliquant que le document, qui date de juillet, ne montre pas la situation actuelle parce qu'il a "réagi". 

Lisez le verbatim du rapport et téléchargez-le

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/09/RapportRen[...]

L'article de Médiapart

http://www.mediapart.fr/journal/france/100910/rentree-scol[...]



Sur le site du Café

Par fjarraud , le vendredi 17 septembre 2010.

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