Austérité : on en reprend pour 10 ans ? 

Par François Jarraud



La publication par le ministère d'une Note d'information sur le coût de l'éducation révèle 10 années successives de baisse de la dépense intérieure d'éducation en France. Or on ne voit pas ce qui pourrait inverser cette tendance. Car, la crise aidant, la tentation est plus forte de réduire la dépense d'éducation. Pourtant l'OCDE le rappelle : diminuer l'éducation aujourd'hui c'est augmenter les dépenses et baisser les recettes de demain. L'austérité a un coût.


France : une décennie d'austérité

Depuis 1997, la part de la dépense intérieure d'éducation (DIE) dans le PIB n'a cessé de chuter, passant de 7,6% du PIB en 1997 à 6,6% en 2008. On a ainsi fait un bond de 20 ans en arrière, rejoignant le niveau de 1990.


Cette régression cache de profondes inégalités dans le système éducatif. Inégalités d'abord dans la répartition entre niveaux éducatifs. L'enseignement primaire après une chute brutale dans les années 1980 a remonté, nous dit la Note d'information de la Depp, au niveau de 1980 : il représente 29,2% des la DIE. L'enseignement supérieur a fortement augmenté passant de 15% à 19% de la DIE. Par suite c'est le secondaire qui a diminué de 45 à 42% de la DIE. Si l'augmentation du supérieur était justifiée par le faible coût de la scolarité en université (9 400 euros en 2008), il faut bien dire que l'écart entre université et filières prestigieuses (CPGE ou grandes écoles) ne diminue pas. Un étudiant en CPGE coûte toujours 50% de plus qu'un étudiant en université.


Un système meilleur avec un financement plus élevé ? Il est de règle au ministère de rappeler que la France consacre plus d'argent que la moyenne des pays de l'OCDE à l'éducation, ce qui est vrai , même si l'écart n'est plus que de 0,1% du PIB. Et il est vrai que le Japon et la Finlande, pour prendre deux pays à système éducatif performant, dépensent moins. Mais ces comparaisons n'ont qu'une valeur relative compte tenu de certaines spécificités du système français. Le fort taux de redoublement par exemple (déjà 15% des élèves à la fin du primaire) renchérit d'autant le coût de l'éducation moyen et diminue ce que devrait être la dépense réelle par élève par rapport à des pays où il n'existe pas.  Enfin ces calculs ne tiennent pas compte de la rentabilité finale de l'éducation, une idée pourtant fortement défendue par l'OCDE. L'éducation apporte une plus value économique aussi bien pour le diplômé lui-même que pour la société dans son ensemble. Ainsi porter la France au niveau de la Finlande apporterait 11 milliards de PIB supplémentaire estime l'OCDE. Cet investissement rentable fabrique aussi des citoyens meilleurs.


Quelle évolution en 2011 ? La baisse des dépenses devrait continuer en 2009 et 2010. En ce moment tous les regards sont tournés sur le budget 2011. Où le ministre trouvera-t-il les quelques 16 000 postes qu'il devrait supprimer ? L'éducation nationale a largement puisé sur les marges jusque là, par exemple en amputant les aides spécialisées (Rased) ou les stagiaires (postes récupérés presque intégralement en 2010). Pour le budget 2011, Luc Chatel devra trouver ailleurs et probablement trancher au cœur même de l'éducation nationale. A moins qu'on découvre que 10 ans de déclin suffit. Ou qu'on s'attaque avec intelligence à la question redoublement.

Coût de l'éducation en 2008

http://media.education.gouv.fr/file/2010/97/4/NI1001_135974.pdf

Etude OCDE

http://www.pisa.oecd.org/dataoecd/11/28/44417824.pdf


Nouvelle compression budgétaire à l'éducation nationale

Selon Le Figaro, 500 millions de crédits ministériels seront annulés en 2010. Il s'agit pour l'Etat de faire des économies pour payer les intérêts du grand emprunt de 35 milliards. L'éducation nationale devra rendre 15 millions sur ses dépenses courantes. Ce n'est pas le ministère le plus touché. La Ville et le logement doit restituer 23 millions. Le ministère de la solidarité et de l'insertion, qui ne bénéficie en rien du grand emprunt, est le plus ponctionné avec 60 millions.

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/01/26/04016-20[...]


Les coûts importants des systèmes éducatifs peu performants

C'est un rappel utile qu'envoie l'OCDE aux états en pleine crise économique. Alors que l'argent est plus rare, l'OCDE a calculé les gains à espérer de progrès éducatifs. D"après l'OCDE, élever tous les enfants des pays membres au niveau de la Finlande rapporterait 260 milliards de $ de PNB supplémentaire. Une simple hausse de 25 points, celle de la Pologne de 2000 à 2006, représenterait 115 milliards de PNB supplémentaire.

Etude OCDE

http://www.pisa.oecd.org/dataoecd/11/28/44417824.pdf


Madagascar : Le nouveau régime saigne l'éducation

Selon Irin News, le nouveau gouvernement issu du coup d'état de mars 2009, a fortement réduit le budget de l'éducation. La baisse est évaluée à 20 à 30% du budget. Jointe à la crise mondiale, cette situation ferait reculer le taux de scolarisation. Les inscriptions à l'école auraient fortement diminué et un nombre croissant d'enfants associeraient travail et école. "Ces enfants arrivent à l'école fatigués et en retard" note Irin News. "Michel vend des noix après l’école. Chaque soir il rentre chez lui vers 20h, et donne sa paie de 1 000 ariary (0,44 dollar) à ses parents ; son père est ouvrier et sa mère sans emploi" donne en exemple Irin News. "Je n’ai jamais le temps de faire mes devoirs et les professeurs me demandent toujours pourquoi je ne suis pas prêt pour les leçons", a dit Michel à IRIN. "Mais j’ai peur de leur dire pourquoi".

http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=88125


L'éducation, point fort du discours sur l'Union d'Obama

"Nous devons investir dans les compétences et l'éducation de notre population". Le président américain a prononcé le 27 janvier le traditionnel discours – programme "sur l'état de l'Union". L'éducation y tient une place importante, à la fois le soutien aux étudiants qui suivent des études supérieures et celui accordé à l'enseignement scolaire.


Début février 2010, le gouvernement fédéral a publié le projet de budget pour 2011. Présenté au Congrès, il est en hausse de 6,2%. Vont notamment bénéficier de cet argent supplémentaire des programmes de rémunération au mérite des enseignants (pour 539 millions) et des programmes d'aide aux minorités. Mais la grande inconnue c'est la façon dont  le gouvernement va traiter la loi No Child Left Behind. Quelles modifications a l'appareil d'évaluation ?

Discours sur l'Etat de l'Union

http://www.whitehouse.gov/the-press-office/remarks-preside[...]

Budget fédéral

http://www2.ed.gov/about/overview/budget/index.html


Malawi : La gratuité suffit-elle ?

Maliko pêche la nuit et va à l'école le jour, nous raconte Irin News. Outre la pauvreté, le manque d'enseignants et de locaux perturbent la vie de l'Ecole. " "Il n'y a pas de cours quand il pleut et cela signifie que nous ne leur enseignons pas assez de choses", confesse Nkhoma. Il raconte que l'école manque également de personnel. "Il est courant d'avoir jusqu'à 100 élèves en train d'être encadrés par un seul enseignant. Il est très difficile pour un seul enseignant d'encadrer tant d'écoliers d'un seul coup. Les normes d'éducation sont très faibles. Le matériel didactique et d'apprentissage n'est jamais suffisant"."

Article

http://fr.allafrica.com/stories/201002180888.html


L'Ecole et le budget familial en Afrique

Combien dépensent les familles africaines pour l'éducation ? La Lettre d'information du Pôle de Dakar de l'Unesco évalue le coût de l'éducation pour les familles. Globalement, les familles contribuent pour un tiers aux dépenses des écoles. Mais la contribution est plus importante pour les niveaux bas de l'enseignement, les familles pauvres bénéficient donc moins que les riches des efforts étatiques.

Pole Mag

http://www.poledakar.org/spip.php?breve61



Sur le site du Café
Par fjarraud , le lundi 15 février 2010.

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