Vincent Collombier, 43 ans : de l’enseignement au pilotage d’un collège à Mayotte 

Par Rémi Boyer de l'association Aide aux Profs



 

 Quel a été votre parcours de carrière jusqu’à ce jour ?


« J’ai obtenu  un DUT Techniques de Commercialisation en 1988.

Puis j’ai suivi pendant un an, un National Diploma in Business Studies en Irlande dans le cadre d’un programme Erasmus. J’ai ensuite été commercial pendant 3 ans, dans plusieurs domaines : vente en GMS, transport maritime... C’est au retour d’un poste au Québec en 1992 que le Rectorat m’a proposé un poste de MA II pour 1 an en BTS  Action Commerciale. L’expérience m’a beaucoup  plu. J’ai ensuite été chargé de mission pour une chambre de métiers pendant 18 mois, mais ma décision était prise : je voulais enseigner.


En 1996, j’ai effectué une VAP (validation des acquis professionnels, aujourd’hui VAE) et j’ai passé le concours de l’IAE de Nancy2 (Institut d’Administration des Entreprises) pour suivre un DESS CAAE (certificat d’aptitude à l’administration des entreprises). Puis, j’ai effectué une mission de 6 mois, comme directeur de CFA (Centre de Formation des Apprentis). Je suis redevenu MA de 1996 à 1997, avant de réussir le concours en 1998 de PLP2 Vente, puis je suis parti enseigner à la Réunion durant 4 ans.


De retour en métropole en 2003, j’ai suivi et obtenu un master formateur de formateurs. Ayant été plusieurs fois professeur principal, professeur coordinateur, j’ai eu envie de passer le concours de personnel de direction afin de réaliser différents projets qui me tenaient à cœur, ce que j’ai fait en 2005. J’ai exercé pendant 3 ans les fonctions de principal adjoint dans un collège de 400 élèves, avant de muter pour un poste à Mayotte, dans un collège de 1000 élèves. »


Quelles missions et responsabilités exercez-vous à la direction du collège à Mayotte ?


« Les missions sont identiques à celles d’un établissement métropolitain : pilotage de l’établissement, emploi du temps, régulation… avec une mission nouvelle, spécifique : accroître  la maitrise de la langue française pour les élèves, comme pour les parents, grâce à l’école des parents. »


Pourquoi avoir choisi Mayotte ?


« Je connaissais  déjà Mayotte pour y être venu plusieurs fois lorsque j’enseignais à la Réunion, l’île me plaisait. Lorsque mon épouse et moi avons souhaité repartir,  l’idée de Mayotte, est venue d’elle-même, d’autant que mon épouse y avait des opportunités d’emploi.


Ce type de mobilité permet de vivre autrement, de donner un sens fort à son activité professionnelle.


L’outre-mer est un terme générique pour nommer des îles très différentes. Les conditions de vie ici n’ont rien à voir avec celles de la Réunion. 


Ce que je peux dire pour les collègues désirant enseigner en « outre-mer » c’est qu’il est préférable que cette décision   émane d’une évolution choisie plutôt que d’un désir de rupture ou pour fuir des difficultés professionnelles. »


Quelles compétences pensez-vous avoir développées lorsque vous étiez enseignant, et qui vous permettent selon vous de réussir dans vos fonctions actuelles de direction ?


« Le travail en équipe, la pédagogie de projet, l’adaptabilité, l’animation de réunion et le partenariat avec les entreprises. »


Quelles compétences nouvelles avez-vous acquises en devenant personnel de direction ?


« L’animation d’équipe, le management participatif, le relationnel dans les situations difficiles, la négociation, la médiation,  la maîtrise de logiciels d’emplois du temps et de notes. »


Que conseilleriez-vous à un étudiant qui souhaite devenir enseignant ?


« Pour les étudiants, je conseillerais de chercher à donner des cours particuliers ou de s’investir dans des associations d’aide aux devoirs pour avoir un premier contact  avec la pédagogie et la transmissions des savoirs.


Je lui conseillerais aussi de postuler à un poste d’AED (inscription en ligne sur les sites rectoraux doublé d’un CV et lettre de motivation au chef d’établissement) pour apprendre à gérer des permanences et acquérir des compétences transférables dans la gestion d’une classe.


Enfin je lui conseillerais de présenter plusieurs concours Agrégation, PLP, et pas uniquement le CAPES. »


Et que conseilleriez-vous cette fois à une personne qui souhaite devenir enseignante en seconde carrière, après un passage plus ou moins long dans le privé ?


« Je lui conseillerais de postuler auprès de la Direction des Personnels Enseignants (DPE) de son rectorat (avec CV et lettre de motivation) en acceptant des postes de contractuels ou vacataires, même pour quelques jours afin de bien découvrir le métier de l’intérieur.


De plus, le futur professeur doit se procurer les rapports de jury de concours auprès des médiathèques des CRDP, pour travailler le concours en autonomie.


Pour les étudiants comme pour les professionnels, il me semble ensuite- après quelques années d’enseignement- nécessaire de se former en sciences de l’éducation afin de réfléchir à sa pratique. »


Que conseilleriez-vous à un enseignant qui souhaite quitter l’enseignement, ou du moins le face à face pédagogique avec les élèves ?


« Comme pour enseigner en outre-mer, le projet doit être réfléchi si possible et ne pas émaner d’une rupture ; et la motivation doit être forte et entretenue dans le temps. »


Que pensez-vous du dispositif d’Aide aux Profs ?


« C’est un dispositif original, qui montre que la mobilité professionnelle touche aussi ce secteur. »



Par rboyer , le dimanche 15 mars 2009.

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