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Le débat sur le voile 

Le projet de loi sur la laïcité déposé à l'Assemblée
" Art. L. 141-5-1.- Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit". . C'est finalement ce libellé qui a été retenu en conseil des ministres ce matin pour le projet de loi sur le voile. Il a été déposé à l'Assemblée nationale. J. Chirac estime ce texte nécessaire pour lutter contre le communautarisme : "Ce texte est nécessaire. Il protège notre école contre le communautarisme. L'école doit rester le lieu privilégié de la transmission des principes républicains et le creuset de l'égalité des chances. Le choix d'interdire les signes ostensibles à l'école est un choix respectueux de notre histoire, de nos usages et de nos valeurs. Ne rien faire serait irresponsable. Ce serait une faute. Ce serait laisser les enseignants et les chefs d'établissements seuls face à des difficultés croissantes. Et ce serait laisser ouverte la voie dangereuse du communautarisme".
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emp loi_040128150909.i0ng44dj.html
http://www.assemblee-nationale.fr/12/pro jets/pl1378.asp

84% des profs pour exclure les filles voilées
Selon un sondage réalisé pour Le Monde et La Vie, 84% des enseignants sont pour l'exclusion des élèves voilées. 72% approuvent l'interdiction des signes politiques. Pourtant le voile est loin d'être la première préoccupation des professeurs (c'est la 11ème !) et 91% n'ont pas d'élève voilée dans leur établissement.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@ 2-3226,36-351683,0.html

Une loi équilibrée pour Ferry
"Une loi devenait donc nécessaire pour rappeler de manière solennelle les principes fondamentaux de notre école laïque. Mais quelle loi ? Telle était au fond la question, difficile, chacun le reconnaît, qui devait être tranchée. Et comme il fallait une loi respectueuse des convictions de chacun, une loi d'inclusion et non d'exclusion, une loi qui apaise les conflits au lieu de les attiser, une loi qui n'humilie ni ne vise personne mais garantisse au contraire la coexistence pacifique de tous, nous devions puiser notre inspiration, non dans une radicalisation intégriste de la laïcité, mais au contraire dans une tradition républicaine aussi riche d'enseignements que généreuse à l'égard de ceux qu'elle accueille et intègre en son sein... Interdire tous les signes religieux, c'eût été, je crois, revenir à des combats dépassés". Luc Ferry dans son discours de présentation de la loi sur la laïcité devant l'Assemblée nationale plaide également pour l'enseignement du fait religieux. "Il est clair qu'il faut développer comme les nouveaux programmes y invitent, un enseignement, bien évidemment non confessionnel, du fait religieux. Car c'est sans doute seulement grâce à une meilleure connaissance de l'histoire des différentes traditions que l'on pourra redonner à nos élèves le sens du poids des mots et faire mieux comprendre ce que chaque civilisation, par-delà les liens communautaires sur lesquels elle repose du point de vue religieux, a pu aussi apporter de grandiose à l'histoire commune de l'humanité tout entière".

Ferry et la loi sur le bandana
A coté de l'éducation, de la jeunesse et de la recherche, Luc Ferry devra-t-il bientôt ajouter à son ministère la mode et les colifichets ? Interrogé à propos du projet de loi sur le voile, le ministre a annoncé sa préférence pour une formule législative qui interdit "les signes et tenues qui manifestent ostensiblement l'appartenance religieuse des élèves". Par exemple, le port du bandana, sera interdit " si ce bandana est présenté par les jeunes filles comme un signe religieux". La même évaluation devra être faite pour le port de la barbe car "on peut inventer des signes à partir d'une simple pilosité". Finalement, il reconnaît qu'"aucune loi ne réglera définitivement et exhaustivement tous les problèmes d'application". Les enseignants, les proviseurs, que la loi était sensée protéger, vont donc soit se retrouver en première ligne pour effectuer un délicat travail d'évaluation et de discussion avec les jeunes, soit être incités à appliquer des mesures vexatoires ou à rétablir l'uniforme. Loin de simplifier leur mission, la loi pourrait la rendre plus difficile. "Je ne connais pas de meilleure méthode pour faire annuler les mauvaises lois que de les mettre rigoureusement à exécution" affirmait déjà, il y a presque deux siècles, le président Grant.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=172430
http://permanent.nouvelobs.com/politique/20040120.FAP4354.html?1233

Les textes administratifs sur la laïcité
Textes fondateurs, lois antiracistes, lois laïques, circulaires, extraits du Code de l'Education, décrets, comptes-rendus des arrêts en Conseil d'Etat dans les affaires de voile : le ministère publie sur EduScol une batterie de textes qui montre la complexité, indéniable, de la situation actuelle. La jurisprudence du tribunal administratif est complexe et il est très utile pour les chefs d'établissement de la connaître. L'ensemble du dossier pourrait donner à penser que la loi sur le voile simplifiera tout cela. Pourtant sa lecture amène deux réflexions. Premièrement, ces dernières années ont vu les textes se multiplier de circulaire en décret, de code en arrêts. La multiplication de ces textes souligne plutôt l'incapacité de la loi à régler la question en conformité avec les principes de l'état de droit. Enfin une absence ne passe pas inaperçue : la Convention internationale des droits de l'enfant a été oubliée alors qu'elle a été ratifiée par la France et qu'elle apporte des garanties aux enfants (par exemple dans l'article 14-3).
http://www.eduscol.education.fr/D0157/ref01.htm#nouveau

La loi sur le voile, libératrice ?
Marceau Long et Patrick Weil donnent à Libération une tribune en faveur du projet de loi sur le voile perçu comme libérateur. " Qu'est-ce qui a changé en quinze ans ? En 1989, le Conseil d'Etat avait dû rappeler à ceux qui, dans notre société, s'indignaient de l'irruption dans nos écoles de jeunes filles vêtues d'un voile, que la liberté de conscience était au fondement de la laïcité et qu'en l'occurrence, ce droit ne pouvait leur être retiré. En 2003, dans le cadre de la commission Stasi, au fil des nombreuses auditions que nous avons conduites, nous avons dû constater que, si le voile restait pour certaines un signe individuel d'appartenance librement choisi, il était devenu pour d'autres ­ plus nombreuses que les chiffres officiels ne l'indiquent ­ un choix fait sous la contrainte, ou un moyen de pression sur des jeunes filles qui ne souhaitent pas le porter et qui constituent une très large majorité". Et c'est le rôle de l'Etat que de défendre leur liberté.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=173724

Les organisations laïques inquiètes des dérapages de la loi sur le voile
" Nous voyons poindre avec une grande inquiétude deux dangereuses et détestables exploitations de ce débat. L'une conduit à libérer une parole qui met de plus en plus en cause les personnes de confession musulmane, d'origine maghrébine et plus largement la population immigrée. Nul n'est légitime à dénaturer la laïcité en un moyen d'exclusion à raison de l'origine ou de la religion. A l'inverse, nous voyons se développer l'action de ceux qui utilisent ce débat pour favoriser tous les replis communautaires ou la mise en cause des principes de la république. Rien ne peut justifier de telles démarches". Les organisations signataires, Cemea - Crap - Csf - Education Et Devenir - Eedf - Fcpe - Ferc/Cgt - Fgpep - Francas - Fsu - Jpa - Ldh - Ligue De L'enseignement - Mrap - Occe - Sgen/Cfdt - Unef - Unl, ont pris des positions différentes face au projet de loi sur la laïcité. Elles se retrouvent face au risque de dérapages. Elles appellent également à " une politique rigoureuse de lutte contre les discriminations et de lutte contre l'exclusion sociale", évoquant " l'échec des politiques d'intégration".
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=337

La chasse au voile étendue à tous les salariés
"Considérant que l'école est un lieu d'apprentissage permanent, que les cours constituent en soi un contrôle continu des connaissances (comme les examens), il est proposé que les élèves ne puissent pénétrer en cours que " la tête et les mains nues et à visage découvert ". Il convient en effet que les professeurs soient en mesure de les identifier immédiatement, dès leur entrée en salle de classe. Cette obligation, insérée dans le code de l'éducation, dans le chapitre consacré aux " droits et obligations des élèves ", ne vise toutefois que le temps des enseignements. Elle ne s'applique pas aux périodes qui se déroulent entre les cours (récréation ou restauration, par exemple). C'est sur cette seule mission de police des enseignants que la proposition de loi de Nicolas About, sénateur centriste, s'appuie pour interdire tout couvre-chef aux élèves, aux enseignants, aux fonctionnaires et aux salariés dans leur ensemble à qui s'imposeraient un devoir de "neutralité vestimentaire". L'uniforme pour tout le monde ? Problème : pas d'uniforme sans casquette ! Alors M. About a prévu des exceptions pour "nécessités de service" ou "état pathologique". C'est ingénieux !
http://www.senat.fr/leg/ppl03-163.html

La FCPE confirme son opposition à la loi sur le voile
"L'Ecole publique pourra être d'autant plus ferme sur ses règles (refus de tout prosélytisme, assiduité scolaire, respect des programmes) qu'elle saura accueillir tous les jeunes pour les faire travailler et vivre ensemble et les engager sur les voies de la connaissance, de l'émancipation, de la responsabilité individuelle et collective". La FCPE maintient son opposition à la loi sur le voile et dénonce la "désinvolture" des propos ministériels sur son éventuelle application.
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=335

Toujours la loi sur le voile
La presse commente longuement les premières manifestations hostiles au projet de loi sur le voile. Ainsi l'éditorial du Monde, souligne la caractère antisémite et antidémocratique de certaines manifestations mais estime que le projet de loi avive les tensions communautaires. "Comment ne pas être révolté par un défilé où les hommes interdisent aux "soeurs" de parler à la presse ? Par la tonalité antirépublicaine d'une manifestation où est contestée "une pseudo-démocratie", celle pratiquée en France ?.. Mais on relèvera aussi ce que nombre de responsables politiques, à droite comme à gauche, ont dit d'un projet de loi très largement de circonstance : destiné à combattre l'extrémisme, il peut aussi le nourrir - comme une prophétie autoréalisatrice... In fine, la réalité dévoilée samedi est celle d'un mouvement, groupusculaire au départ, qui a réussi à faire descendre des milliers de personnes dans la rue en diffusant une vulgate antisémite de la pire espèce. Ce défi-là est à prendre au sérieux".
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3208,36-349667,0.html

Manifs laïques contre la loi sur le voile en février
Regroupant associations musulmanes (Collectif des musulmans de France, Etudiants musulmans de France, Jeunes musulmans de France) et mouvements laïques comme la Fédération Léo Lagrange ou Droit au logement, envisage des réunions et manifestations pour protester contre le projet de loi sur le voile.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_040119162313.ti7xrxx6.html

Alain Madelin contre la loi sur le voile
"La laïcité, jusqu'à présent, est la laïcité des enseignants et de l'enseignement, pas la laïcité des élèves. C'est un devoir de neutralité pour les enseignants, c'est aussi une mission : faire partager les valeurs universelles et éveiller la liberté de conscience et de pensée. Le devoir des enseignants laïques d'hier, à une époque où l'Eglise contestait les droits de l'homme et la liberté de pensée, était d'ouvrir l'esprit de leurs élèves à ces valeurs universelles. Il ne serait venu alors à l'esprit d'aucun d'exclure les petits catholiques de l'école laïque. C'est assurément détourner le principe de laïcité que d'en faire un principe d'exclusion... Arrêtons d'agiter l'épouvantail d'une dérive communautariste à tout propos. Le communautarisme, c'est l'existence de droits spécifiques liés à une communauté en tant que telle, ce dont nos lois fondamentales nous préservent... Regardons les réalités en face. Celle des ghettos communautaires que nous avons fabriqués et trop longtemps acceptés. Celle des écoles ghettos où les enfants de ces cités sont assignés à résidence. Où sont le pacte républicain et l'égalité des chances ? Où est la liberté de choisir une autre école pour échapper à la pression du quartier ? " Le Monde du 5 février publie cette tribune d'Alain Madelin.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-351849,0.html

Le Collectif "Une école pour tous" et le droit à l'éducation
"Quoi qu'on puisse penser du port du foulard et du refus de l'enlever à l'école, ce refus ne justifie pas une mesure aussi grave que l'exclusion de l'école publique. Quelles que soient ses déficiences, le service public d'éducation est un espace irremplaçable où les élèves peuvent acquérir des savoirs, des savoirs-faire et des diplômes qui comptent parmi les principaux instruments de leur émancipation. Le droit à l'éducation pour tous et toutes est un acquis démocratique auquel nous ne sommes pas prêt-e-s à renoncer, alors que l'école est elle-même traversée par des problèmes nombreux et profonds, auxquels il est plus que temps de s'attaquer." Le collectif "Une école pour tous-tes" manifeste son opposition à la loi sur la laïcité au nom de l'égalité et du droit à l'éducation.
Contact : cedetim@reseau-ipam.org

La FSU contre la loi sur le voile
"Pour la FSU, envisager une loi ayant pour seul périmètre le port de signes religieux est dangereux pour la laïcité et pour la République". A l'occasion de son congrès, la FSU a adopté cette motion qui condamne la loi sur le voile. L'organisation n'a pas pris part au vote lors de la présentation du projet de loi au CSE.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_040204163205.342o2spd.html

Les regrets de la commission Stasi
Le Monde fait part, dans son édition du 2 février, des regrets de quatre membres de la Commission Stasi, chargée de préparer le projet de loi sur la laïcité. Ainsi l'historien René Rémond juge que son travail a été dénaturé : "nous avions donné notre aval à une interdiction des signes religieux, mais dans un cadre proportionnel à l'étendue des problèmes que nous avions découverts. Le débat s'est rétréci au point que l'on a oublié ce sur quoi la commission était parvenue à un accord : une loi de portée générale rappelant les principes de la laïcité, non pas seulement par des interdits, mais en termes positifs... La réponse politique actuelle a un caractère absurde et dérisoire. Elle entretient nos compatriotes dans l'illusion qu'il suffirait de voter deux articles de loi pour régler le problème de l'intégration." Le sociologue Alain Touraine partage cette analyse et demande " que se prolonge un débat, une réflexion."
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-351376,0.html

La Ligue lance une série de débats
"Le pouvoir préfère voter une nouvelle loi plutôt que d'interpréter intelligemment l'arsenal législatif existant depuis 1905... Le débat sur le voile est clos, on ne va pas mener un combat d'arrière-garde" affirme le président de la Ligue de l'enseignement. Pour autant l'organisation lance une série de colloques pour faire réfléchir citoyens et politiques sur la laïcité.
http://actu.voila.fr/Depeche/depeche_emploi_040131123428.udeqseye.html

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