Le Métier 

Par Gabrielle Lamotte



Combien de CPE: l’ANCpE réagit

Les petites phrases, les erreurs, les oublis font partie de cet arsenal qui sape le moral.

Rappelons-nous l’erreur de Luc Chatel qui affirmait le mois dernier:

«Il n’y a pas de suppressions de postes chez les conseillers principaux d’établissements d’éducation, les CPE. Puisqu’entre 2002 et 2009, en sept ans, nous sommes passés de 9000 à 12000 CPE

L’ANCpE a réagi à cette «petite phrase» dans un communiqué:

«Depuis 2002 le nombre de postes ouverts au concours de conseillers principaux d’éducation (CPE) a diminué de moitié (500 en 2002 pour 250 en 2010). En dehors de cette année où 50 postes supplémentaires ont été ouverts au concours interne, fermé depuis 2007, le nombre a toujours été  en baisse. Concernant le chiffre de 3000 postes supplémentaires de CPE qui auraient été créés depuis 2002, chiffre cité par le Ministre de l’Education, M.Luc CHATEL, sur LCI, l’ANCpE tient à signaler le décalage qu’elle ressent entre le nombre avancé et la réalité professionnelle des établissements. Ce chiffre  repose probablement sur la nécessité créée par la LOLF de revoir le mode de calcul des postes et de présenter  le nombre réel de postes de CPE ?  L’ANCpE pense que ce chiffre de 3000 CPE supplémentaires  ne correspond pas à une réalité humaine mais repose essentiellement sur des modes différents de présentation comptable .

La volonté de l’ANCpE , association professionnelle, n’est pas de polémiquer sur les chiffres et leur utilisation mais plutôt d’apporter son analyse et des  éclairages sur l’actualité qui agite actuellement les établissements scolaires. Ces évènements tragiques montrent que les seuls équipements technologiques ne suffiront pas à juguler la violence scolaire. L’échec du système éducatif américain dans ce domaine est criant et doit être pris en compte. Face à ces problématiques, il est peut-être nécessaire d’équiper les établissements de portillons électroniques et de caméras de surveillance mais bien plus encore de mettre en place un accompagnement sur ce dispositif qui sans cela peut-être contreproductif et susciter, par réaction, plus de violence encore.  L’école doit également s’interroger  sur le sens des savoirs qu’elle enseigne, sur la nécessité de réfléchir pour chaque établissement à la mise en place d’une  politique éducative globale élaborée avec chaque partenaire , y compris avec les familles avec lesquelles elle se partage les enfants. Aujourd’hui l’école doit faire face à une violence plus ou moins visible, les comportements des jeunes et des adultes en son sein ont changé,  l’encadrement doit aussi évoluer en donnant aux enseignants, aux CPE et autres éducateurs une formation qui tienne compte de ces changements et en leur donnant les outils nécessaires pour les prévenir. Il est peut-être temps d’en finir avec la précarité des personnels d’encadrement éducatif et d’engager une professionnalisation de ces derniers ? Enfin l’ANCpE aurait préféré que le Ministre appelle à des états généraux de « l’EDUCATION »  plutôt que de la « sécurité » car le premier terme se réfère à une réflexion de fond qui semble nécessaire alors que ne le second n’apportera sans doute que des réponses ponctuelles donc éphémères à une situation de crise qui, et nous ne pouvons que le craindre et le déplorer, ne manquera pas de se reproduire en l’absence d’une telle réflexion

S.Krécina, co-président de l’ANCpE

Site de l’ANCpE :

http://www.ancpe.fr

Libération (10 février), « Le nombre de CPE baisse, Chatel biaise» : 

http://www.liberation.fr/societe/0101618385-le-nombre-[...]


CPE: un métier qui s’apprend aussi!

« Faut-il que la nation n’aime plus ses élèves et ses personnels enseignants et éducatifs pour nier ainsi la nécessité de les préparer à vivre ensemble? »

L’ANCpE réagit vivement à la réforme de la formation des néo-titulaires à la rentrée prochaine.

La circulaire du 25 février  décrit en effet ce que sera l’année de « stage » ou de « formation » des néo-titulaires de la rentrée 2010:

– une formation et un accompagnement dont la durée est égale au tiers de l’obligation réglementaire de service du corps auquel appartient le stagiaire;

– l’accompagnement est décrit comme un temps de «compagnonnage et de formation assuré par des personnels d’enseignement et d’éducation expérimentés»: il s’agit d’un «accompagnement fort et étroit en début d’année scolaire ».

L’ANCpE parle d’ «effroi» et condamne un «déni du besoin de formation».

«Depuis plusieurs années, les IUFM sont critiqués par les stagiaires qui en sortent car les formations reçues concernent encore trop, à leur goût, les savoirs disciplinaires, au détriment d’outils nécessaires à la prise en charge des classes lors de la première prise de fonction. Les stagiaires, en poste dès la rentrée de septembre sont encore trop souvent confrontés à des  publics, à des situations qu’ils ne se sentent pas prêts à assumer et qui les déstabilisent parfois sérieusement dans leur exercice professionnel.

Les IUFM se sont progressivement adaptés à cette demande et ont introduit des modules d’analyse de pratique, de formation transversale concernant la sociologie (éclairage sur les publics scolarisés, leurs familles, sur les problématiques liées à l’intégration, sur les questions d’autorité, etc.), la philosophie et la psychologie de l’adolescent. La présence des stagiaires à mi-temps dans les IUFM leur permet par ailleurs de marquer une pause hebdomadaire dans cette découverte des contraintes de terrain, d’échanger entre eux et avec des professionnels et enseignants d’IUFM qui peuvent les guider, les aider à progresser, à réfléchir sur leur pratique, à les réajuster en fonction des situations inédites rencontrées, le tout en partenariat étroit avec les conseillers pédagogiques d’accueil des EPLE dans lesquels ils sont accueillis.

Pour l’Association Nationale des Conseillers Principaux d’Education dont l’action consiste à réfléchir sur le métier et sur les pratiques professionnelles des CPE, cette réforme de la première année de stages des néo-titulaires est un non sens, un déni du besoin de formation. On ne peut que constater avec effroi que ce va-et-vient théorie-pratique, encore insuffisant, au lieu d’être accentué, amélioré, sera tout bonnement supprimé pour satisfaire une logique d’économie de moyens visant à utiliser des personnels encore inexpérimentés pour combler les vides laissés par les suppressions de postes. Faut-il que la nation n’aime plus ses élèves et ses personnels enseignants et éducatifs pour nier ainsi la nécessité de les préparer à vivre ensemble ? Chacun peut vérifier en discutant avec des stagiaires combien ils sont demandeurs d’outils, combien ils ont besoin de recul pour analyser et intégrer l’apprentissage de la gestion de leur classe.

Le métier d’enseignant, de documentaliste, de conseiller principal d’éducation n’est donc plus considéré comme un métier qui s’apprend.  Des jeunes titulaires d’un Master disciplinaire ou généraliste, sélectionnés par des concours peu professionnels, ne seront que très partiellement formés ou accompagnés pendant leur première année de prise de fonction. Ils devront se débrouiller pour découvrir « sur le tas », de manière totalement empirique, dans quelle structure ils travaillent, à qui ils enseignent, et comment ils doivent travailler.

Outre l’enseignement des contenus qui se fera sans approche méthodologique, sans connaissances pédagogiques, qu’en sera-t-il des missions éducatives ? Comment garantir la transmission des valeurs fortes de notre école, de notre République ? Comment l’école pourra prétendre à remplir sa mission première de formation des futurs citoyens si ce questionnement est absent de la formation de ses personnels ?»

Pour le comité directeur de l’ANCpE, Nathalie MONET et Stéphan KRECINA

ancpe2010@free.fr

Circulaire du 25 février 2010:

http://www.lille.iufm.fr/IMG/pdf/Note_cadrage_stages.pdf.pdf

Jean-Louis Auduc, dans le Café pédagogique, «Formation : un texte qui tourne le dos aux besoins du système éducatif»:

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010[...]



Les aventures de Victoire Bonnot: c’était avant ou après la réforme de la formation?

« Les aventures et les rencontres de Victoire Bonnot, CPE dans un lycée où elle applique ses méthodes, peu communes, pour veiller au bon fonctionnement de la vie scolaire. Son caractère bien trempé et son humour sont à la fois ses meilleurs atouts et ses pires défauts. Pour résoudre les problèmes des élèves, réparer une injustice, ou tout simplement participer à un conseil de classe, Victoire Bonnot est prête à tout et ne laisse rien passer. Il lui faudra aussi du courage et du tact pour affronter une réalité parfois cruelle…»

Interprétée par Valérie Damidot, «Victoire Bonnot» exerce son métier de CPE avec un aplomb désarmant, dans un service vie scolaire déserté par les assistants d’éducation (invisibles) et ses «méthodes» sont pour le moins peu communes, en effet.

Elle confisque l’ensemble des portables des lycéens pour visionner leur contenu à la recherche de vidéos compromettantes (elle en trouvera!), se présente au domicile d’un élève absentéiste, passe un marché avec un élève tricheur en échange de son silence, consulte en cachette le dossier médical d’un élève, monnaie une augmentation du quota de photocopies d’un enseignant en échange d’un rattrapage de cours manqués le mois précédent: Victoire Bonnot, ce sont des études de cas à la pelle pour préparer l’oral du concours!

Ca se passe le mercredi soir sur M6; peu-on espérer que le pilote de ce qui pourrait devenir une série soit mal accueilli? Les premières mesures d’Audimat diraient malheureusement que non.

Victoire Bonnot, le rire jaune garanti:

http://www.viescolaire.org/info/?p=5516



Sur le site du Café
Par gabriellelamotte , le vendredi 19 mars 2010.

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