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A la Une : Université d’été Mer-Education pour les enseignants 

Par  Julien Cabioch

 

 Du 26 au 30 août 2013, l’institut universitaire européen de la mer (IUEM) ouvrait sa première université d’été pour les professeurs du secondaire. Le thème « Mer-éducation » a convaincu 36 d’entre eux venus de toute la France.

Dans une approche interdisciplinaire, l’université d’été propose d’explorer les problématiques sciences-société liées à la mer et au littoral pour vivre une expérience immersive avec les chercheurs au cœur de la « Science en train de se faire » et concevoir des projets pédagogiques innovants et/ou interdisciplinaires.

Un programme chargé attend les professeurs volontaires pour cette formation de prérentrée avec 35 heures de parcours, du lundi 9h au vendredi 18h30.

Un profil rapide des enseignants inscrits depuis juin et dépêchés au technopôle de Brest-Plouzané pour la formation: sur 36 professeurs, 23 enseignent en Bretagne, 2 en Guyane, 19 au lycée, 17 au collège. Même si les 23 professeurs de SVT sont en majorité, la formation, qui se veut interdisciplinaire, compte aussi des enseignants en physiques-Chimie, en Sciences Eco et arts plastiques.

A noter que le CREAD (Centre de Recherche sur l’Education, les Apprentissages et la Didactique) de Rennes va suivre quelques enseignants pour étudier l’évolution des pratiques pédagogiques suite à cette semaine d’étude.

  
 Programme de la semaine

« Maîtriser l’Hydre ? » pouvait-on lire sur les affiches envoyées à toutes les académies de France. L'Hydre de Lerne de la mythologie grecque est mise en parallèle ici avec la notion de risques en milieu côtier.  L’université d’été est une initiative portée par Le LabexMER, laboratoire d’excellence financé dans le cadre des Investissements d’Avenir (2011).


« Risques, aléas, vulnérabilité, adaptation » sont autant de termes qui peuvent prendre un sens différent selon les disciplines scientifiques. Ces termes sont donc explicités au cours d’un atelier pour un meilleur enseignement du risque. Jacques Boucart, ancien maire de l’Ile de Ré et spécialiste des submersions marines a fait le déplacement pour expliquer cette notion de risque. « La mémoire humaine est défaillante face aux aléas environnementaux quand il s’agit de submersions ». 

Les activités et métiers de la recherche, les modes de production de la connaissance, les fondements de cette connaissance, la dynamique de cette production, la validation des connaissances sont abordés tout au long des deux premières journées de formation au cours desquelles les enseignants redeviennent étudiants dans les amphithéâtres de l’institut.

Une conférence « De l’idée à la publication » menée par Emma Michaud, chercheur au CNRS, exposera de façon très claire « le long parcours d’une moyenne de 54 mois » nécessaire avant la publication d’un article scientifique.


 Des parcours à la carte pour les enseignants

Trois parcours thématiques permettent aux enseignants de rencontrer des scientifiques issus de différentes disciplines des sciences de la nature aux sciences humaines et sociales. Ceux-ci travaillent en collaboration dans trois projets de recherches interdisciplinaires :
- Géologie externe : évolution du trait de côte
- Phytoplanctons toxiques : risque et prévention
- Conchyliculture

Utilisation d’outils de mesure topographique, prélèvement de plancton, visite d’un élevage d’ormeaux sont autant de travaux pratiques proposés pour le plus grand plaisir des enseignants.

 

Raffaele Siano  Chercheur du Laboratoire d’Ecologie Pélagique à l’Ifremer

Prélèvement de phytoplancton avant la détermination des espèces au laboratoire.

    
La présentation d’Alain Menesguen (biologiste, océanographe et directeur de recherche à l’Ifremer) de la problématique de la prolifération des algues vertes notamment en Bretagne, a mis en avant les enjeux socio-économiques sous-jacents à la résolution du phénomène. Une fois encore des échanges nombreux entre les enseignants et le spécialiste.


Après la recherche, la pédagogie
 En fin de semaine, place à la pédagogie et au réinvestissement possible des notions abordées en classe. Comment construire une séquence pluridisciplinaire ? Rassemblés par groupes de 5, les enseignants échangent et élaborent des projets qu’ils présentent ensuite aux chercheurs. Ces derniers découvrent le cadre plus ou moins rigide des programmes scolaires, des horaires, des classes à examen, des options et des enseignements d’exploration. Tout un moule dans lequel les spécialistes de l’éducation ont la liberté de créer des séquences originales.

La semaine se termine à Océanopolis, partenaire de l’Université d’été, où Anne Rognant, la responsable du Service Education des publics et de la Culture Scientifique, effectue la visite des coulisses et expose les activités pédagogiques proposées à Océanopolis. De la zone de bouturage des coraux tropicaux à la nurserie de requins zèbres sans oublier le laboratoire, les professeurs s’invitent au plus profond du grand aquarium de Brest à quelques heures de leur rentrée.

Rendez-vous l’an prochain, l’IUEM proposera une université d’été ayant pour thème interdisciplinaire « le climat ». Tout un programme !

Lire le programme détaillé de la semaine Mer-éducation 2013
http://www.calameo.com/books/0001446036f616f845f8a

 
Les retours des professeurs

   « Du macro au micro, des pro aux eucaryotes, de l’huître diploïde à l’huître triploïde (à déguster sans modération le long du littoral de la mer d’Iroise), de l’évolution du trait de côte lié aux dynamiques d’anthropisation.., cette université d’été inaugurale est une belle opportunité offerte aux enseignants par le LabexMer. La même avidité de connaissances et de partage entre chercheurs et enseignants, de quoi se réjouir ! Enseignants chercheurs ou chercheurs enseignants ? Nul n’a besoin de statut pour partager avec bonheur et passion ce qu’il sait. Longue vie à cette université d’été agrémentée de pauses gastronomiques inégalables. »

Catherine Voison, enseignante en Arts Plastiques à Morlaix (29)

« Mes motivations pour ce stage: rencontrer des chercheurs et des enseignants, travailler ensemble et transmettre ensuite ce que j'ai appris aux élèves (en cours de MPS et en accompagnement personnalisé). Ce que j'ai apprécié: tout ou presque. »

Magali Cauvin, enseignante en physique-chimie

 

Interview de'Anouck Hubert, chargé de mission pour les universités d’été

Vous étiez chargée de la coordination de ces premières  universités d’été « Mer-Education », quel est votre bilan à la fin du stage ?

Les objectifs de formation et d’immersion dans le monde de la recherche me semblent avoir été atteints, à l’issue de la semaine de formation les enseignants ont acquis de nouvelles connaissances et ont une meilleure représentation du monde de la recherche, la proximité et la rencontre privilégiée avec les chercheurs dans le cadre des 3 parcours d’immersion y sont pour beaucoup.
Beaucoup de pistes d’améliorations pour les prochaines éditions, notamment la phase problématisation et la phase de réinvestissement pédagogique qui seront réorganisées. Les aspects pluridisciplinaires seront davantage mis en avant et nous tacherons de recruter un panel  d’enseignants issus de différentes disciplines pour un meilleur équilibre entre sciences de l’univers et sciences humaines et sociales.

Au total, ce sont 36 professeurs du 2nd degré présents au Technopôle, comment avez-vous réussi à les informer de ces Universités d’Eté ?

Cela n’a pas été simple ! Nous avons contacté les rectorats des différentes académies ayant une façade maritime pour leur demander de diffuser l’information auprès des enseignants,  sans beaucoup de résultats…. Nous avons également envoyé par courrier  des affiches et des flyers dans tous les lycées publics et privés de l’académie de Rennes, mais ceux-ci n’ont pas toujours été affichés ou distribués.
C’est plutôt la diffusion de l’information via nos partenaires scientifiques et Océanopolis ou encore les démarches proactives des enseignants en recherche de formation qui ont finalement été les plus efficaces.
Pour la prochaine édition en 2014, nous comptons beaucoup sur le bouche à oreilles.

Quelles ont été les priorités dans la construction des parcours proposés ?

Nous avons souhaité proposer aux enseignants une immersion privilégiée par petits groupe auprès de chercheurs travaillant dans le cadre de projets interdisciplinaires.
L’idée était de décliner le thème « Risques, sciences et société en milieu côtier » dans ses différents aspects environnementaux bien entendu mais aussi économiques et sociaux.

Chaque professeur a payé 50 euros pour la semaine, une somme modique compte tenu du programme et de l’organisation mise en place. Quelles ont été les autres sources de financement ?

La plus grande  partie des frais liés à l’organisation ont été pris en charge par le Labex Mer au titre du volet formation de ce  projet scientifique financé dans le cadre des investissements d’avenir, mais l’organisation de cette première édition de l’université d’été Mer-Education n’aurait pas été possible sans les soutiens financiers de nos partenaires : l’UBO, l’Ifremer, Océanopolis, la Région Bretagne, le conseil général du Finistère, BMO Brest Métropole Océane.
Pour les prochaines éditions nous devrons renforcer les partenariats et les soutiens financiers afin de pouvoir pérenniser l’université d’été Mer-Education.

L’an prochain, le thème sera le climat. Pourriez-vous écrire quelques mots sur cette future formation ? Où peut-on prendre des informations à ce sujet ?

Nous devons encore choisir des dates et affiner le sujet, les informations seront très  prochainement disponibles sur le site liaison lycées université de l’UBO, et bien entendu sur le café pédagogique dès l’ouverture des inscriptions !

 

Interview d'Yves-Marie Paulet, directeur du LabexMer

 

 Quel bilan effectuez-vous de ces premières universités d’été à l’IUEM ?

Un premier bilan extrêmement positif. Il nous faudra évidemment du temps pour bien analyser les retombées de cette initiative vraiment nouvelle, pour bien mesurer le rapport attente/réalisé. Mais que ce soit des participants, enseignants du secondaire ou contributeurs de l’enseignement supérieur, tous les retours sont positif avec une très forte envie de tous pour se retrouver dans un an pour en découdre à nouveau avec les questions fondamentales que posent les océans, leur fonctionnement et leur avenir.

 Pourriez-vous expliquer en quelques lignes ce qu’est le LabexMer ?

Le LabexMER, est un projet scientifique élaboré, soumis et finalement financé dans le cadre du « Grand Emprunt National » lancé en 2010 suite au rapport dit « Juppé-Rocard » sur la recherche, l’innovation et la formation en France. Cet engagement national c’est aussi ce que l’on appelle « les investissements d’avenir ». Les laboratoires d’Excellence (Labex) ne sont qu’un des étages de ce programme national ; c’est celui qui est le plus en amont (certains diront qu’ils posent principalement des questions fondamentales).

Pour parler plus précisément du LabexMER, loin d’être un laboratoire, que l’on imagine avec des murs, des équipements et des personnels affectés, le LabexMER doit en réalité être considéré comme un grand projet scientifique sur dix ans. Douze laboratoires regroupés ont posé des questions scientifiques très ambitieuses dont la résolution ne peut être envisagée à moins de dix ans. Les laboratoires engagés gardent leur périmètre, mais ensemble construisent une stratégie de recherche autour de ces questions. Le LabexMER assure l’animation de ce projet, qui regroupe en fait plus de 770 personnes, et finance des actions. Ces financements n’ont pas vocation à soutenir la recherche « de tous les jours » dans les labos mais à s’orienter sur des actions nouvelles originales avec une très forte volonté d’accroître l’attractivité nationale et internationale du pôle de recherche constitué autour du LabexMER. Si l’on veut résumer le LabexMER en quelques mots clefs, on devrait certainement retenir – Transgression institutionnelle – Créativité – International – Interdisciplinaire.

L’un des objectifs de cette semaine était de renforcer les liens entre l’enseignement dans le secondaire et le monde de la recherche. Quelles sont les autres pistes selon vous à explorer pour susciter davantage de vocations scientifiques en France ?

Il me semble nécessaire d’aller encore plus loin dans le développement de la curiosité des citoyens ; une vie humaine est une vie de recherche, à tous les niveaux. Sens critique, besoin d’approfondissement, expérimentation, refus de l’a priori, etc. L’école est un endroit essentiel pour cela, mais l’ensemble de la société doit également s’engager dans ce « réveil ». Le combat est difficile ; par exemple, la consommation dans ses extrémités, est diamétralement opposée à cela. L’aliénation du citoyen, cantonné à être consommateur docile, se fait avec des moyens extrêmement puissants face auquel aujourd’hui l’éducation (dans toutes ses formes) est bien faible. Je pense qu’un slogan comme « tous chercheurs » porte une profonde nécessité.

  Je crois qu’aujourd’hui dans un monde de média globalisés, de réplication sans fin des comportements sous le rouleau compresseur du conventionnalisme organisé, l’éducation en tant qu’éveil à la curiosité et à la découverte à un devoir de subversion.

L’IUEM de Brest-Plouzané s’agrandit avec de nouveaux laboratoires et donc de nouveaux étudiants. D’où proviennent-ils ? Quels parcours sont prisés en Master à l’IUEM?

Les étudiants de l’IUEM sont aujourd’hui français en grande majorité (15 % d’étrangers en moyenne). Notre volonté est d’accroître cet internationalisme jusqu’à 25%. A l’échelle française ils viennent de partout.
Les deux parcours les plus demandés, sont les « Sciences Biologiques Marines » (plus de 200 dossiers déposés pour 35 places) ainsi que « l’Expertise et Gestion des Espaces Littoraux » (pression comparable). On identifie des évolutions importantes dans le passé récent ; ainsi les effectifs globalement s’accroissent, et des parcours longtemps à l’étiage, comme la physique marine ou la géophysique montrent des dynamiques nouvelles. Effet des importants investissements des collègues dans la promotion de leurs activités ? Tendance lourde ? Seul le recul nous permettra d’y voir plus clair.

On en parle dans les médias

Reportage de France 3 Bretagne sur les Universités d’Eté
http://www.youtube.com/watch?v=JEUBrhBPBjc

Article du Télégramme de Brest
http://www.letelegramme.fr/presse-ecole/mer-education-a-l-iuem-les-profs-en-universite-d-ete-28-08-2013-2214499.php?xtmc=iuem&xtcr=1


Emission de radio sur France Bleu
http://www.francebleu.fr/economie/ma-bretagne-com/ma-bretagne-com-85

 
Infos pratiques

Budget par professeur : 50 euros. Le reste est financé par le LabexMer et ses partenaires
Du lundi 9h00 au vendredi 18h30
Repas et logement compris
35 heures de formation


Site internet de la formation
http://liaison-lycees-ubo.univ-brest.fr/pages/udem-presentation

Renseignements pour la prochaine université d’été
Anouck Hubert, médiatrice scientifique
anouck.hubert@univ-brest.fr

 

Sur le site du Café
Sur le Web
Par JP Gallerand , le dimanche 15 septembre 2013.

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