A la une : Interview d’Isabelle Tarride 

Par Gwénaël Moreau



Je ne sais pas pour vous, mais me concernant j’ai l’impression qu’Isabelle m’a toujours accompagné dans mes découvertes virtuelles. C’est que je ne suis dans l’éducation que depuis le début du millénaire et que c’est à cette époque que son site a été déposé sur la toile. Autodidacte comme nous tous, elle a défriché les nouveaux territoires de la pédagogie (elle défriche encore d’ailleurs, utilisant actuellement Netvibes) et a participé à la réalisation des deux somptueux livres interactifs de Physique et de Chimie pour le niveau Terminale S que je ne cesse de vous présenter dans les « Indispensables » ou les « Spécial Bac ».

Lorsque je lui ai demandé de se prêter au jeu de l’interview, elle a eu, discrétion oblige, un moment d’hésitation. Mais finalement …


Q : Depuis combien de temps enseignes-tu les sciences physiques ?

R : 22 ans déjà !


Q : N'as-tu enseigné qu'en lycée ?

R : Presque, je n’ai enseigné en collège que les deux premières années, puis toujours en lycée.

Depuis quelques temps, j’interviens aussi à l’IUFM en formation initiale et continue.


Q : Depuis combien de temps utilises-tu l'outil informatique pour ton enseignement ?

R : Depuis que j’enseigne : J’ai acheté mon tout premier ordinateur l’année où j’étais stagiaire… et je ne m’en suis plus jamais passée !


Q : Quels intérêts y trouves-tu ?

R : Chronologiquement, ce qui m’a attirée en premier, c’est la possibilité de préparer toutes sortes de documents pédagogiques, de les stocker de façon structurée, de les améliorer au fil du temps sans repartir à zéro. Et puis progressivement, il y a eu la diversité des outils numériques : les logiciels, les matériels de plus en plus abordables (webcam, exao, TBI…), les ressources et la puissance des moteurs de recherche, enfin la formidable  fonction de communication avec la naissance des espaces collaboratifs qui peuvent prolonger l’espace-classe.

Toute cette richesse m’a ouvert sans cesse de nouveaux horizons pédagogiques.

Mais il n’y a pas eu non plus que de l’intérêt. Utiliser l’outil informatique pour l’enseignement répond aussi (à mon avis) à une certaine nécessité : l’ordinateur et les outils numériques font désormais partie du quotidien des élèves. Les ados les utilisent en permanence. En tant que parent, et moins encore en tant qu’enseignant, je ne pouvais les ignorer…. Alors j’ai pris le parti de les investir pour proposer aux élèves de nouvelles formes de contenus et d’activités scolaires.


Q : Ton site est actif depuis l'an 2000. Tu as été l'une des pionnières du web éducatif en sciences physiques. Comment t'es-tu lancée dans l'aventure ?

R : Tout naturellement, l’outil était là, je ressentais le besoin d’ouvrir le temps scolaire hors des murs de la classe, je m’y suis mise, sans autres compétences que celles que j’avais acquises sur le tas.

J’y ai passé beaucoup de temps, mais de cette longue interaction avec l’ordinateur et les outils web, j’ai beaucoup appris sur les aspects techniques et méthodologiques… et j’ai commencé à prendre goût à ce qu’on appelle aujourd’hui « la veille technologique ».


Q : Tu as réalisé quelques animations flash (je pense à la série sur les manipulations en chimie), tu as participé à la création des livres interactifs de Physique et de Chimie. Qu'est-ce que j'oublie ?

R : Difficile de faire une liste…

J’ai touché à l’animation flash que tu cites, à la vidéo, à des langages et des outils de publication web… sur le plan pédagogique je me suis intéressée, entre autres, à l’animation par captures d’écrans (pour faire des tutoriels animés), à l’élaboration et aux usages des cartes heuristiques… On en retrouve d’ailleurs dans les livres interactifs.

Ma démarche est très pragmatique, dès que je vois passer un outil dont je sens un potentiel pour mon enseignement, je l’explore.  Ça fait un peu papillonnage mais je l’assume complètement. Mon métier, c’est avant tout prof ! Je n’ai absolument pas l’ambition de devenir spécialiste d’une application ou d’une technique…

De toute façon, il n’y a aucune recette miracle ! Alors j’essaie juste de m’adapter au monde numérique dans lequel nous sommes et qui évolue à très grande vitesse.


Q : Dans une vidéo extraite d'un JT, on assiste lors d'une de tes séances d'enseignement à l'utilisation des boitiers de vote. N'était-ce que pour la télévision ;o)) ou continues-tu d'utiliser cet outil ? Quels en sont les intérêts pédagogiques ?

R : Passer à la télé ne faisait pas non plus partie de mes objectifs ;-) Cette aventure était un concours de circonstances… Je n’ai pas utilisé les boîtiers pour la télé, et je continue, bien sûr, après la télé ! Car les boîtiers d’évaluation (je préfère cette désignation) c’est une vraie trouvaille.

Tu connais le principe ? Tu prévois une question et plusieurs propositions de réponses. Quand tu poses la question à la classe, chaque élève sélectionne sa réponse grâce à son boîtier, son choix s’enregistre instantanément, et tu as accès en temps réel à la répartition des réponses de la classe tout comme au choix individuel de chaque élève.

L’utilisation de ces boîtiers en classe présente plein d’avantages : d’abord, à chaque question tous les élèves sont sollicités, tous se sentent concernés, l’avis de chacun compte. Du coup, ils sont plus attentifs, plus impliqués dans le déroulement de la séance, car ils guettent les questions et sont motivés pour y répondre correctement.

En tant que prof, cela me permet de faire rapidement le point sur les connaissances antérieures, de savoir en temps réel s’ils ont compris pour adapter le déroulement à la classe ou différencier les activités à leur donner.

Evidemment cet outil nécessite en amont la préparation de questions dont les propositions de réponses ne sont pas choisies au hasard, mais à partir d’une erreur de raisonnement ou de calcul. C’est un élément de plus pour identifier les difficultés des élèves et tenter d’individualiser les parcours.


Q : Quels outils numériques aimerais-tu expérimenter ?

R : Après avoir travaillé sur des ressources essentiellement visuelles, je commence à m’intéresser à l’audio dont je n’avais pas pris la mesure jusque-là.

Au-delà du web, j’aimerais bien maintenant exporter de la physique et la chimie jusque dans les baladeurs MP3 des élèves… pour aider davantage encore ceux qui n’accrochent pas avec l’écrit.


Q : Quel avenir pour ton site ?

R : Aucun malheureusement :-(   !

Je le dis avec une certaine nostalgie, mais il ne répond plus aux besoins actuels.

Maintenant se sont développés et structurés les cahiers de textes numériques, les sites d’établissements, des ENT parfois… pour le prolongement numérique de la classe. Ces nouveaux espaces sont contextualisés : un lieu unique pour le groupe classe quelle que soit la discipline, c’est bien plus clair pour les élèves que si chaque prof crée son site, son blog, son espace perso dans son coin…

Mais je le garde quand même actif et je continue à le mettre à jour une à deux fois par an. Il est devenu mon petit portail de mutualisation : j’y regroupe essentiellement des liens vers mes ressources et vers mes autres lieux de publication. Il est maintenant davantage tourné vers les collègues, mais j’ai bien conscience qu’il faudrait le réorganiser, moi-même, je m’y perds un peu.



Son portail de ressources

http://itarride.chez-alice.fr/

Son portail Netvibes

http://www.netvibes.com/itarride#Presentation

Le livre de physique

http://www.spc.ac-aix-marseille.fr/phy_chi/Menu/Activites_p[...]

Le livre de chimie

http://www.spc.ac-aix-marseille.fr/phy_chi/Menu/Activites_p[...]



Par Gwen Ar Breizhou , le lundi 15 février 2010.

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