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Pour l’enseignant 

Par Didier Missenard et Laure Étevez



Dans cette rubrique : une belle histoire, Mathador, les fractales, la CFEM, un site de rencontre, et une publication d’une régionale de l’APMEP.


Une Succes Story : comment une allergique aux maths est devenue une enseignante de mathématiques passionnée et innovante ?

Élisabeth Errera-Massé enseigne les mathématiques au lycée français de Munich depuis 2008. Pourtant, les maths, ce n'était pas son truc ! Elle comptait devenir professeur des écoles. Et puis un jour on lui propose une vacation de maths dans un collège. Elle nous confie son parcours et ses méthodes de travail, pour donner à ses élèves le goût d'une matière qu'elle a elle-même jadis détesté. Récit.

 

« Mais si, les maths c'est aussi fait pour toi ! »

 

C'est un coup de fil qui a changé le cours de ma vie : « Demain, vous commencez en tant que professeur de maths dans un collège à Cuers (83), 20h par semaine ». C’est ainsi que, du jour au lendemain, je suis devenue professeur de mathématiques vacataire. Moi qui détestais les maths et  elles qui me poursuivaient et me disaient, comme mon prof de 5e « Mais si, Élisabeth, les maths c’est aussi fait pour toi ! »


Dans ma tête, je me disais « il est fou ce prof, les maths et moi… c’est 1+1=-3 ». Ah oui parlons-en de ces nombres relatifs qui ont bloqué le développement de ma bosse des maths ! C’est à cause d’eux que j’ai détesté les maths. Mais c’est grâce à eux que je suis devenue le professeur que je suis aujourd’hui. Alors je remercie les amis de mes amis et les ennemis de mes ennemis.

 20h par semaine, des 6e et des 5e, c’est parfait… Ils sont au début du collège. Ma mission : essayer de leur faire aimer les maths, de faire en sorte qu’ils viennent avec plaisir en cours, de ne pas les bloquer et d'enlever certains blocages déjà présents.

 200h de vacation c’est vite passé… mais les paroles de M. Boucharin, mon prof de maths de la 6e à la 3e retentissaient en moi : « Les maths, c’était aussi fait pour moi ! »


Un cours vivant pour que chacun y trouve son compte


J’ai déménagé en Allemagne en 2011 et j’en ai profité pour me former en Suggestopédie et en communication non violente. Cela m’a ouvert de nouveaux horizons sur ma manière d’enseigner. Pour apprendre, il faut stimuler le maximum de canaux tout en faisant attention aux maux des mots. Ainsi les visuels, les auditifs et les kinesthésiques y trouveront chacun leur compte. Qu’à ne cela ne tienne, comment vais-je l’appliquer aux maths ? Cela m’a pris quelques années pour arriver à ma manière d’enseigner et voici en quelques mots où j’en suis arrivée.

 J’illustre mes cours avec des images afin d’ancrer davantage les informations dans la mémoire. Chaque chapitre a son personnage. Par exemple, Indiana Jones va partir à la recherche du cercle et de la médiatrice. Et pour débuter l’activité, rien de tel que de la lancer avec la musique du film !

Mes élèves utilisent donc des « Schnellhefter » : des fichiers d’environ 20 feuilles où ils mettront le cours à trous ainsi que les exercices. Propriétés, définitions et méthodes seront complétées, avec mon aide, par les élèves qui ont sur feuille le cours, qui est vidéoprojeté sur un tableau blanc. Une fois le « Schnellhefter » rempli (généralement 2 à 3 chapitres), il peut rester à la maison. Ainsi, on fait d’une pierre deux coups, le poids des cartables est allégé ! Et il est facile de s’y retrouver. Les « Schnellhefter » rouges sont pour la géométrie et les bleus pour le numérique. De plus, il y a une page de garde avec un sommaire et chaque feuille contient le nom du chapitre en en-tête et est paginée en pied de page.


Des cartes mentales pour réviser, récapituler et mieux mémoriser


J’utilise aussi les cartes mentales. En début de chaque chapitre, quand des prérequis sont demandés, cela nous permet de réviser, et, en fin de chapitre, de récapituler tout ce qu’on a appris. Le retour de mes élèves est très positif dans l’ensemble. Cela devient même une demande de leur part. En sixième, je les construis. En cinquième et en quatrième j’essaye de les rendre autonomes.

Le premier avantage du « mind-mapping » c’est d’avoir une vision globale du chapitre sur une feuille. Ensuite, cela permet de développer la capacité à synthétiser les données importantes. Enfin, en activant les deux hémisphères cérébraux, c’est l’aspect créatif et esthétique demandé qui est aussi intéressant et un véritable booster dans le processus de mémorisation. De manière créative et originale, c’est un moyen de structurer clairement le cours, de se l’approprier, et de pouvoir savoir où l’on en est. 

Je suis passée d’une élève bloquée en maths à une prof ouverte à toutes les pédagogies dans l’espoir fou qu’un jour, chacun de mes élèves puisse dire « Les maths, c’est aussi fait pour moi ! »


Propos recueillis par Laure Etevez



Mathador poursuit sa route

En 1999, Eric Trouillot, professeur de mathématiques, crée un jeu de plateau pour travailler le calcul mental par le jeu. Depuis, "Mathador" a bien évolué avec une version flash en 2010 pour une utilisation plus rapide et plus adaptée au quotidien de la classe ; puis une application tablette en 2014 et des abonnements pour les établissements l'année prochaine. Le jeu suit l'évolution des technologies et des pratiques pédagogiques en restant fidèle aux objectifs de départ : favoriser un changement de cadre pour valoriser et motiver les élèves, se lancer des défis que chacun puisse réussir selon son niveau. Pour la semaine des maths du 14 au 22 mars, Mathador se décline en concours national de calcul mental : des défis à relever en classe, du cycle 3 jusqu'à la troisième. Les inscriptions sont ouvertes jusqu'au 9 mars. En attendant, Eric Trouillot nous fait partager sa vision de la place du jeu en cours de maths.


Comment en êtes-vous arrivé à l’idée de créer un jeu complet tel que Mathador ?


Mathador, c'est le rapprochement de trois mondes qui me sont très chers : le jeu, les maths et l'école. Devenu professeur de mathématiques, j'ai découvert par hasard les 5 solides de Platon sous forme de dés. L'idée de Mathador était née, un jeu pour essayer de rendre le calcul ludique. Le français joue avec les lettres : mots croisés, mots fléchés, Scrabble mais très peu avec les chiffres. Combien d'adeptes de grilles de nombres croisés pour des millions de cruciverbistes ? Les choses évoluent dans le bon sens : les sodokus, les concours et rallyes mathématiques dans les écoles et collèges se développent. Mathador essaye d'apporter sa contribution à ce mouvement.  Je voudrais ajouter que depuis plus de 10 ans Canopé est totalement lié à l'aventure Mathador : l'édition et la diffusion des 3 jeux, puis le concours pour les classes et désormais le monde du numérique avec les applis. Je suis très fier de ce développement au sein du service public de l'école de la République.


Quel usage en faites-vous en classe ?


Régulièrement, à la fin du cours, je sors les 7 dés. Un élève lance les 5 dés blancs ; un autre, les 2 dés rouges, puis j'écris au tableau le nombre-cible et les 5 nombres pour calculer. Et c'est parti pour 2 à 3 minutes de recherche pour toute la classe avec chacun son brouillon, mais sans poser les opérations. Puis, vient le moment important de l'échange. Ceux qui ont trouvé expliquent oralement leur solution. Parfois, j'écris au tableau plusieurs solutions, de la plus simple au coup Mathador, lorsqu'il a été trouvé (pour faire un coup Mathador, il faut fabriquer le nombre-cible en utilisant les 5 nombres et chacune des 4 opérations, c'est-à-dire une addition, une soustraction, une multiplication et une division). J'utilise aussi des photos que j'intègre dans mes diaporamas de calcul mental. Cela me permet de fabriquer des diaporamas avec du calcul mental automatisé, du calcul mental réfléchi et des situations ludiques de calcul mental à l'envers avec des jeux comme Mathador ou Trio.


Avez-vous constaté une réelle amélioration de la motivation et/ou des résultats de vos élèves ?


Mathador utilise le principe universel du "compte est bon", que j'appelle le calcul mental à l'envers. Dans la vie courante, le calcul mental est souvent pratiqué à l'endroit : un calcul, un résultat attendu. Pratiqué à l'envers, avec la recherche du nombre-cible, le calcul impose des choix de nombres et d'opérations. Par ces choix, il rend l'élève acteur et permet implicitement de travailler le sens des nombres et des opérations ainsi que les ordres de grandeur. Pratiqué régulièrement en parallèle au calcul mental classique à l'endroit, des progrès sont constatés dans la fréquentation des nombres ainsi qu'en calcul. En fait, le calcul mental à l'envers enracine et consolide les connaissances automatisées de type table qui ont alors un statut d'outil. Des études semblent montrer que cette aisance calculatoire se prolonge par de meilleurs résultats en résolution de problème. Au-delà de l'aspect scolaire, le jeu donne une image vivante et attractive du calcul. L'envie et la motivation sont au rendez-vous. C'est une façon d'établir une relation amicale avec les nombres et certainement de lutter efficacement contre l'innumérisme.


Propos recueillis par Laure Etevez


http://www.mathador.fr/semaine-des-maths.html#concours



Les fractales

Le journal Le Monde a mis en ligne une vidéo de présentation des fractales. Voilà un bon moyen de parler de la notion d'infini et de montrer à ceux qui n'en sont toujours pas convaincus que les maths sont partout ! Les fractales ne sont pas directement au programme du secondaire. Cependant, le sujet peut être abordé du point de vue de la curiosité mathématique, ou quand on aborde la notion de suite au lycée par exemple. Le groupe « Fractales et pavages » de l'IREM de Toulouse propose une série d'activités accessibles pour les collégiens comme pour les lycéens. De nombreuses images et des liens internet sont également mis à disposition. L'académie Orléans-Tours se concentre sur le lycée avec des activités portant sur l'infini et la dimension des fractales.


La vidéo

http://www.dailymotion.com/video/x2h3c35_qu-est-ce-qu-une-fractale_school


Sur le site de l’IREM de Toulouse

http://www.dailymotion.com/video/x2h3c35_qu-est-ce-qu-une-fractale_school


Sur le site académique d’Orléans-Tours

http://maths.ac-orleans-tours.fr/ressources_lycee/rubrique_lycee/a[...]



Les bulletins de février et de mars de la CFEM sont parus

Au sommaire du numéro 25 :

L’éditorial et le point de vue Cédric Villani

L’agenda CFEM et la sortie du film Imitation Game

La préparation du Forum mathématiques vivantes, de l’école au Monde

L’école de la deuxième chance à Marseille

Le groupe Mathématiques-Informatique de la CFEM

International : les classes de mathématiques ouvertes à Shanghai


…et à celui du numéro 26 :

Le Forum mathématiques vivantes, de l’école au monde : la parole à Michèle Artigue et Cédric Villani

Graine de maths dans les maisons pour la science au service des professeurs, par Aurélien Alvarez

Un point de vue international, la parole à Ferdinando Arzarello, président de l’ICMI

La journée de Pi à Marseille, par Joël Cohen

Enseigner les mathématiques à Recife, carnet de voyage

http://www.cfem.asso.fr



Un contact ?

Vous vous sentez isolé en tant que professeur de mathématiques, et recherchez des enseignants avec lesquels échanger ? Voici deux pistes :

- les régionales APMEP, très actives, qui offrent des activités et groupes de réflexion en nombre ;

- les membres de Sésamath ! En effet, l’association a mis en ligne une carte qui vous permet de contacter ses membres : commode…

http://sesaprof.sesamath.net/pages/prof_contact_map.php

http://www.apmep.fr/-Regionales-



Les régionales de l’APMEP publient

L’APMEP possède de nombreuses structures régionales vivantes et actives.

À l’image de celle de Lorraine, qui vient de publier son bulletin n°121. À son sommaire, une foule de rubriques à découvrir, dont un ensemble de défis et de problèmes bien pensés.

Ce bulletin est en téléchargement libre.

http://apmeplorraine.fr/pv/PV121.pdf



Sur le site du Café

Par COFFEEASSO\dmissenard , le samedi 21 février 2015.

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