POUR L’ÉCOLE 

Rédaction : Didier Missenard



Les coûts à long terme des difficultés en numératie

L'éducation est un investissement rentable. La preuve : les faibles capacités en numératie des jeunes Anglais coûtent près de 3 milliards de livres à l'état par an. Selon une étude effectuée par le célèbre organisme d'expertise Accountants KPMG pour la fondation britannique Every Child a Chance, laisser 36 000 enfants quitter chaque année l'école anglaise sans une maîtrise minimum de la numératie est un très mauvais… calcul.

La recherche de KPMG a mis en évidence le fait que le bas niveau en numératie est relié à des coûts éducatifs spéciaux, l'exclusion de l'école, des opportunités d'emploi réduites, une augmentation des risques de santé et une probabilité plus grande d'avoir des problèmes avec la justice. Tout cela a un coût qui a été évalué par les experts de KPMG. Ils estiment les surcoûts éducatifs à 230 millions de £, les pertes de revenus (y compris les indemnités de chômage versées) à 1,8 milliard de £ les frais de santé supplémentaires à une centaine de millions et ceux de justice à 160 millions. Chaque individu quittant l'école sans avoir acquis les bases du calcul coûterait 47 000 euros jusqu'à l'âge d e37 ans.

Par comparaison, investir dans le programme éducatif proposé par la fondation ferait gagner 1,6 milliard. L'investissement éducatif serait d'un rapport de 1 à 12 à 1 à 19 (19 livres rapportées pour une livre investie dans l'éducation).

Cette étude confirme bien des travaux antérieurs qui ont établi le lien entre instruction et salaire, éducation et "bonne citoyenneté". Elle a l'intérêt de proposer une évaluation comptable du rapport de l'investissement éducatif.

Elle met aussi l'accent sur le caractère prioritaire, pour l'éducation de la bonne maîtrise de la numératie. Une étude française récente de Bruno Suchaut et Sophie Morlaix confirme le caractère fortement prédictif des compétences en ce domaine. " L’information la plus importante pour saisir le processus d’évolution des acquisitions des élèves est la place centrale occupée par les habiletés en calcul. En effet, et en premier lieu, les compétences des élèves à l’entrée en 6ème se rapportant à ce domaine sont fortement déterminées par les compétences en calcul mental évaluées trois années auparavant. En second lieu, ces habiletés numériques entretiennent de forts liens avec les performances dans le domaine de la compréhension à la fin du cycle III".

Ce qui amène à défendre les maternelles. " Les compétences dans l’acquisition de la langue écrite, dans la structuration du temps et dans la construction du nombre à la fin de l’école maternelle déterminent les capacités attentionnelles des élèves à l’entrée au cycle III", écrit B Suchaut. "Par ailleurs, ces capacités attentionnelles sont liées aux compétences en calcul mental qui elles-mêmes vont déterminer les futures acquisitions des élèves en numération et calcul à l’entrée au collège et, de façon indirecte, les compétences en compréhension. Ce dernier domaine étant central pour expliquer la réussite ou l’échec des élèves à l’entrée au collège".

La Fondation Every Child a Chance conclue en appelant les entreprises locales à financer les programmes d'aide scolaire. Sont-elles les seules à comprendre l'efficacité des investissements éducatifs ?

L'étude KPMG

http://www.everychildachancetrust.org/pubs/ECC_long_term_costs_[...]

Etude B Suchaut

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/04062007Accueil.aspx

La maternelle au centre

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/laclasse/Pages/2008/90_[...]

L'école peut-elle fabriquer de bons citoyens ?

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009/indis-[...]

L'appel

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/11/07112[...]


Par dmissenard , le jeudi 15 janvier 2009.

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