Ecomultimedia : un site pour les enseignants 

Par François Jarraud



Joachim Dornbusch a ouvert un blog où les professeurs peuvent trouver des animations et des documents pour le cours.


Entretien avec Joachim Dornbush


Votre site fait un large appel aux animations (pwp, flash) . Qu'est ce que ça apporte au cours ?


Les "animations" à proprement parler (sous flash, généralement), sont en petit nombre. Il s'agit souvent d'exercices corrigés qui se renouvellent grâce à un programme sous-jacent - ce qui permet que leur utilisation à domicile prolonge celle qui a lieu en classe. Les élèves apprécient beaucoup ce type d'outils, malheureusement il en existe fort peu.


Ce type d'animations sont à mon sens indispensables pour une véritable mise en œuvre pédagogique de l'informatique : jusqu'ici se diffusent essentiellement des technologies génériques (équipements, réseaux, environnements numériques de travail, logiciels de bureautique) mais il n’y a pas assez de réflexion sur les aspects de développement spécifiquement pédagogique, c'est-à-dire la nécessité de créer des outils, de petites applications qui soient pensés à partir de la pratique pédagogique elle-même et des contenus enseignés.


Le travail à faire dans ce domaine est aujourd'hui immense. Par exemple, en parcourant les manuels, on s'aperçoit que dans telle matière, sur tel chapitre, il y a un exercice qui est très intéressant. Parfois, le même exercice va se retrouver dans divers ouvrages et dans les td élaborés par chaque professeur. Typiquement, l'informatique peut alors s'en emparer : concevoir une interface, des modalités d'interaction avec les élèves, divers usages (en classe, en salle multimédia, à domicile).


On peut alors demander aux collègues, de façon communautaire, de "nourrir" une base de données avec des questions, des réponses, des corrigés personnalisés. C'est ce que j'ai essaye de faire dans cette animation

( http://ecomultimedia.free.fr/animation_popact/population_a[...] )


Aucun des textes que vous voyez apparaître n’a été écrit par moi : je me suis contenté de développer le mécanisme lui-même, qui est adossé à des bases de données. Celles-ci ont été alimentées par une soixantaine de collègues qui, via un formulaire en ligne, ont saisi chacun un exemple complet, avec ses textes, ses messages d’erreur, etc. L’utilisation est possible dans différents contextes (classe, domicile…).


Sur un autre principe, on peut informatiser des exercices en les adossant à des données statistiques. Chacun des exemples suivants (je les ai créés pour le site compagnon du manuel Hachette ses de seconde, qui vient d’être terminé le mois dernier) est capable de générer des milliers de questions différentes :


« Tableau magique »

Il s’agit de construire des formules (on ne demande pas de calculer le résultat) par glisser-déposer de données et d’opérateurs dans une « barre de formule ». Cliquer ici.

http://www.sesseconde.hachette-education.com/_org/SCO_0037/[...]


« Indices sur dix »

Dix questions sur les indices avec choix des réponses dans un menu déroulant. Attention, ce n’est pas du flash mais du Java, ce qui vous forcera éventuellement à installer java sur votre machine, et tant mieux pour Sun (et tant pis pour Microsoft).

http://www.sesseconde.hachette-education.com/_org/SCO_0038/d[...]


« Indices-Mix »

Cette fois ci, il s’agit d’apprendre à construire des phrases avec les indices : j’ai essayé de donner à l’exercice un côté ludique avec des morceaux de phrases qui volettent comme des papillons, on verra bien s’il y a un bénéfice pédagogique.

http://www.sesseconde.hachette-education.com/_org/SCO_0039/[...]


Ce ne sont que de petits exemples (artisanaux !) de quelque chose qui pourrait exister à des centaines d’exemplaires, dans les différentes matières, et c’est cette richesse qui ferait que l’informatique ferait son entrée, comme quelque chose d’évident, dans les salles de classe.


Malheureusement à l’heure actuelle on est encore limités en termes de moyens : ce que je peux proposer de plus élaboré actuellement représente peut-être 100 heures de développement. On imagine ce qu’on pourrait avoir en comptant, comme les SSII, en milliers d’heures, avec un haut niveau de qualité, une prise en compte fine des besoins des utilisateurs, des interfaces graphiques élaborées. Cela ne pourra reposer que sur des équipes, pas sur des initiatives isolées.


Il y a une tendance à s’en remettre au secteur privé pour les développement et les aspects proprement pédagogiques alors que bizarrement la maintenance des réseaux, des serveurs, eux, sont internalisés, ce qui est assez paradoxal (c’est comme si une entreprise avait décidé d’externaliser l’informatique touchant à son cœur de métier et de conserver le reste en interne).


Il y a peu de chance que le secteur privé fournisse les outils dont on a besoin : il manque d’un modèle économique permettant de développer de façon rentable. Peut-être que la diffusion rapide de la vidéo projection et des TNI va faire évoluer les choses, mais pour l’instant il n’y a que le gratuit qui « marche » et donc peu de place pour le privé. Les éditeurs de manuel ont peut-être un bout de la solution, en proposant des « sites compagnons », ce qui ira sans doute de pair avec la mise à disposition de versions numériques des manuels papier.


Mais il faut bien voir que le métier d’enseignant est souvent trop complexe pour que des prestataires informatiques puissent s’y attaquer. Si l’on prend l’exemple du latin, qui est une matière qui pourrait avoir des prolongements informatisés très riches, avec une multitude d’activités pédagogiques informatisables, on voit mal quel partenaire privé serait capable de le faire, et à quel coût !


Ceci dit, quand on pense aux millions d’heures de développement consacrées au jeux vidéos (qui ne font guère de bien à nos élèves), on imagine ce qui serait possible sur le plan pédagogique. Mais pour les jeux, il y a un marché !



Quels usage les élèves en font ils ?


Les élèves, a priori, n’utilisent pas le site, sauf par curiosité. Les contenus leurs sont accessibles par le cahier de texte en ligne, par l’extranet, dans des versions souvent différentes de la version mutualisée sur ecomultimedia. Je fais parfois aussi pour eux de petits sites non publics.


Par exemple, dans une préao destinée aux élèves, il y a beaucoup de blancs qui sont destinés à être complétés en interaction avec les élèves, ou par les élèves eux-mêmes, en cours, au TNI. Or il est délicat de diffuser des contenus sur ecomultimedia qui seraient de véritables gruyères. Il y a aussi des choses impossibles à mutualiser sur ecomultimedia, parce que nécessitant le logiciel propriétaire du tni(smart notebook), ou encore quand il y a une identification individuelle par login/mot de passe.



Pensez vous évoluer vers plus d'interactivité avec les élèves ?


Il me semble qu’il y en a déjà pas mal : ils ne restent souvent pas beaucoup assis durant l’heure ! Mais effectivement, les technologies débarquent mais il reste souvent à inventer les pratiques pédagogiques qui vont avec.


Le site Ecomultimédia

http://ecomultimedia.free.fr



Sur le site du Café
Par fjarraud , le samedi 15 novembre 2008.

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