La chronique de Lyonel Kaufmann : Piéger les élèves ou les former avec les médias sociaux ? 

Pendant que certains préfèrent pourrir le web et piéger leurs élèves, il reste des allumeurs de réverbères qui cherchent heureusement à élever leur élèves à la culture et au savoir historique en se saisissant des médias sociaux.


L’affaire de l’enseignant pourrisseur du web [1] et de ses élèves en fournissant, via le web, et en particulier Wikipedia, des fausses informations au nom de la défense de la culture, avec un grand C, et de la nécessité pour les élèves d’apprendre à penser avant d’aller sur le web en dit long sur la perception d’un grand nombre d’enseignants à vivre l’école comme une citadelle assiégée et leur peur d’enseigner avec les médias sociaux, voire d’enseigner tout court. [2]

Nul doute qu’enseignant au moment de l’arrivée de cette nouvelle technologie qu’a été en son temps le livre, cet enseignant et ses congénères prôneraient également que leurs élèves doivent apprendre à réfléchir par eux-mêmes avant de lire leur premier livre!

Ainsi, au lieu d’apprendre à bien de maîtriser leurs vies numériques et d’être leur propre maître, les utilisateurs-producteurs d’élèves seront livrés pieds et poings liés au marché numérique et parfois vendus sans crier gare, comme le montre le rachat récent d’Instagram par Facebook, avec leurs données et contenus à de nouveaux maîtres. Car si l’école ne s’occupe pas des médias sociaux et du numérique, le marché et principalement Facebook s’en chargeront.

Concernant la culture, l’exercice proposé était bien loin de ce qui aurait permis d’y élever les élèves en venant à leur rencontre et la démarche choisie lors de cette mascarade a, comme l’indique fort bien Emmanuel Jaffelin,

«moins prouvé la tricherie des élèves que mis en évidence la date de péremption des exercices demandés.» [3]

Sans parler que, de tout temps, ces exercices ont plus favorisé la recopie et le couper/coller que le développement de la réflexion autonome des élèves…

 

Heureusement, dans le même temps, d’autres initiatives vont à la rencontre des élèves, s’approprient les outils de la culture numérique pour véritablement les élever à la culture, au savoir et les former avec les médias sociaux.

C’est ainsi que Laurence Juin a remis le couvert et recourt avec ses élèves à Twitter pour préparer le bac. Il s’agit ainsi en histoire d’«inciter les élèves à réviser, à chercher en posant des questions, en donnant des réponses.» [4]

Le principe est simple. L’enseignant pose une question d’histoire, de géographie ou d’éducation civique en rapport avec le programme et les élèves y répondent en reformulant la question et donnant leur réponse. En cas d’erreur, d’imprécision ou de faute d’orthographe, l’enseignant demande à l’élève de reformuler. De plus, tout «tweeteur» peut participer en rédigeant des questions.

[...]

Note de la rédaction :

A la demande de la personne évoquée dans les lignes suivantes, la fin de l'article a été supprimée.

[...]


Lyonel Kaufmann, Professeur formateur, Didactique de l’Histoire, Haute école pédagogique du canton de Vaud, Lausanne (Suisse)



Notes

[1] on trouvera ici une série d’articles critiques concernant ce «pourrissage» : L’affaire du « pourrisseur du web ». Points de vue critiques [http://www.scoop.it/[...]]

[2] Je fais bien sûr allusion indirectement au livre de Serge Boimare [http://www.cafepedagogi[...]]. Mais je vous renvoie aussi à cette conférence, donnée à mi-mars, par la sociologue Dana Boyd consacrée au “le pouvoir de la peur chez les publics en réseaux”, traduite par InternetActu, danah boyd : pourquoi avons-nous peur des médias sociaux ? [http://www.internetactu.net[...]]. Elle s’appuie notamment sur l’ouvrage de Barry Glassner, la Culture de la peur.

[3] Internet fait place nette dans la pédagogie [http://bit.ly/HUA3Ij]

[4] Réviser le bac avec Twitter? [http://maonziemeannee.wo[...]]

Sur le site du Café
 

Par fgiroud , le samedi 21 avril 2012.

Partenaires

Nos annonces