Connaissez-vous les curateurs ? Ils choisissent pour vous les œuvres exposées dans les musées ou les galeries momentanément. Ils font des choix, des commentaires et les présentations, le lien avec les artistes et le public. Les curateurs sur internet travaillent sur des plates-formes où les outils permettent de sélectionner des articles et les éditorialiser avant la mise en ligne. François Arnal, professeur au lycée Fauriel (Saint-Etienne, Loire), la pratique avec ses étudiants depuis quelque temps. Une manière de faire des apprentissages numériques différents d’un blog, de Facebook ou Twitter.
Pour le professeur de géographie qu’est François Arnal, la présence virtuelle des étudiants sur la toile change son travail. Et si un étudiant s’engage sur ces réseaux ciblés et intelligents, il doit pouvoir être évalué. On ne sera plus dans un marketing de diffusion mais un marketing de discussion. Marc Rougier qui a fondé « Scoop it » le dit autrement : on passe d’un mode contrôlé à un mode contributif. Un manière de contourner les stratégies du web marketing pour bâtir une stratégie numérique. Le Web 2.0 ne représente-t-il pas une audience dépassant aujourd’hui le milliard d’être humains qui constitue un potentiel de diffusion non négligeable ? Dans ce paysage, Scoop.it draîne 500 000 utilisateurs dans le monde et 6 millions de visiteurs uniques chaque mois dans 150 pays, ce qui en fait le meilleur outil de curation du Web pouvant servir aussi bien aux étudiants qu’au grand public et, bien entendu, aux professeurs. Pour apprendre à maitriser les réseaux sociaux, à mieux choisir l’information en se constituant une identité numérique et pour améliorer l’accès à l’information, deux étapes sont nécessaires : constituer un environnement numérique efficace et opérationnel, puis faire prendre en main par les étudiants « producteurs de savoirs » cet outil. « Une classe connectée sur les ressources numériques est une classe qui échange et crée du contenu », pour François Arnal qui voit dans la curation une réelle plus-value. On peut voir le Pearltrees curation HK42 dans l’hypokhâgne du lycée Fauriel de Saint-Etienne ici. C’est ainsi que l’élève devient un expert.
Le géographe François Arnal a créé plusieurs topics (ou journaux thématiques) qui lui permettent d’imposer une veille, tout en conservant les stratégies classiques de l’apprentissage (papier, manuel, cours magistral, etc.). Pour les étudiants du supérieur, la compétence numérique contribue à la réputation, à l’insertion dans les réseaux sociaux intelligents et à développer une culture des échanges et du partage des compétences. La curation apprend à sélectionner l’information, l’éditer et la partager. Les tweets et liens sur Pearltrees permettent les référencements des articles, des images et des cartes qui seront mises en valeur sur Pinterest.
Quelle est la valeur de la curation ? L’évaluation des topics (sujets) sur Scoop.it se fait par le nombre de posts, d’abonnés, de médailles attribuées par l’algorithme, le référencement sur LinkedIn. La vraie valeur se fait par une stratégie qui, selon François Arnal, passe par un temps de connaissance verticale (du maître en haut vers l’élève en bas) qui devient plutôt un mode de transmission cognitive, horizontale ou réticulaire. Les réseaux sociaux permettent des contacts avec des personnes d’un niveau d’’expertise élevée (professeur, cartographe, journaliste, etc.). On peut voir le résultat sur Seenthis permettant des blogs personnels sous la forme de billets courts orientés autour d’une veille d’actualité. François Arnal nous recommande trois sites :
VisionsCarto(Philippe Rekacewicz) se présente comme "Géographe Cartographe Journaliste Rêveur Utopiste Partageur..."
http://seenthis.net/people/reka
CDB_77 : Cristina del Biaggio, "géographe & citoyenne engagée" (Université de Genève, spécialiste des migrations en Europe).
http://seenthis.net/people/cdb_77
celine.a (Céline A) apprentie géographe, étudiante.
http://seenthis.net/people/cela
Concernant ce dernier site, on peut voir, puisqu’il est réalisé par une étudiante, comment le curateur devient, pour François Arnal, un « super héros du Web ». Car la curation est didactique, elle s’appuie sur un capital humain, un esprit critique, une indépendance, une culture propre face à « l’infobésité » d’Internet. Le curateur est entre la source du savoir et le public ciblé auquel il apporte une plus-value par son choix éditorial.
Voici le Scoop-it de François Arnal
http://www.scoop.it/u/francois-arnal
Bonne lecture !
Gilles Fumey est professeur de géographie de l’alimentation à l’université Paris-IV Sorbonne et professeur des universités à l’ESPE de Paris. Il anime le blog geographica.net après avoir fondé et animé les Cafés géographiques et leur réseau. Dernier ouvrage paru : Le roman du chocolat suisse (Le Belvédère, 2013).