Par Cyril Froidure
L’Atlas des migrations. Les routes de l’humanité, Le Monde Hors-Série.
Régulièrement le groupe Le Monde publie des atlas, tels l’atlas des religions, qui fournissent aux lecteurs curieux une somme de documents cartographiques et d’analyses synthétiques.
L’atlas des migrations ne dérogent pas à la tradition : plus de 180 pages et 200 cartes en font un outil de qualité. Articulé en cinq chapitres, il offre une vision relativement complète du thème des migrations en s’appuyant, pour ce qui est des cartes, des données et représentations produites par les grandes institutions internationales (l’OCDE, le PNUD, la Banque Mondiale, la division de la population des Nations Unies) mais aussi en empruntant à divers atlas historiques dont celui de Georges Duby des cartes dans le chapitre intitulé les migrations historiques.
Chaque chapitre s’ouvre sur une mise au point. Parmi les auteurs, on retrouvera Gildas Simon, auteur d’un récent numéro de la Documentation photographique « Migrants et migrations dans le monde )
(http://www.clionautes.org/spip.php?article195[...]) ou encore Michel Bruneau, spécialiste de la question des diasporas.
L’atlas s’ouvre sur un historique des grandes migrations ou des grands mouvements de population des premiers déplacements de quelques centaines de mètres ou quelques kilomètres des Homo Sapiens jusqu’au pèlerinages chrétiens en passant par l’expansion arabo-musulmane et les flux de commerçants à la recherche d’étain, de fourrures ou de soie. On trouve là au passage quelques-unes des principales motivations historiques aux migrations : recherche de terre, commerce, religion auxquels il faut ajouter les initiatives étatiques ou les départs forcés.
Aujourd’hui le phénomène migratoire concerne de plus en plus d’hommes, et de femmes, qui additionnés formerait la 5ème population au monde. Ces populations migrent vers les villes mais, contrairement à une idée reçue, ne se dirigent pas prioritairement vers les pays les plus riches, pas d’invasion à ce jour donc. L’impact de ces migrations est contrasté ; ainsi dans le cas des remises, dire que leur existence est un bien est une évidence mais il ne faut pas occulter les effets négatifs (mal-développement, perturbation du fonctionnement des sociétés réceptrices).
Parmi ses migrants, on trouve ceux qui ne l’ont pas choisi : réfugiés et déplacés. Ils seraient environ 67 millions, une majorité d’entre eux à l’intérieur de leur pays. Les cartes montrent une zone courant de la Palestine au Pakistan, à laquelle il faut ajouter une Afrique du centre-Est, concentrant l’essentiel de ces réfugiés et déplacés. Victimes de guerres, de violences en tous genres (voir les cas de l’ ex-Yougoslavie, du Caucase) ils sont de plus en plus, et le seront selon les projections, touchés par les modifications environnementales ce qui fait dire à Antonio Guterres, Haut-Commissaires aux réfugiés de l’ONU que « Pour chaque cm de hausse du niveau des océans, il y aura un million de déplacés dans le monde. »
Michel Bruneau présente le cas des diasporas et des peuples transnationaux puis 15 cas différents font l’objet d’une page ou d’une double-page. Au-delà des cas bien connus de la diaspora juive ou des Kurdes, d’autres situations méritent l’attention. Parmi celles-ci pourquoi ne pas choisir « l’archipel philippin » car les Philippines sont le pays exportant le plus de travailleurs (8,2 millions) dans le monde et ce dans 160 pays mais principalement en Amérique du Nord, au Proche et au Moyen-Orient. Ces Philippins, et ces Philippines, occupent souvent des emplois temporaires mais leur qualification tend à croître. Autre pays émetteur historique, la Grèce et les Grecs majoritairement exilés dans les pays anglo-saxons et encadrés par l’église orthodoxe.
A lire aussi le chapitre 4 « Intégrations e fractures » présentant les situations complexes engendrées par les migrations et le chapitre 5 « Le monde de demain » traitant de quelques-uns des périls menaçant l’humanité au XXIème siècle (les changements climatiques, la pénurie d’eau douce…)