Le Café a lu 

Par Cyril Froidure



DSI, Hors-Série n°4 : Guerre navale, le guide des enjeux contemporains

Clairement positionné dans le créneau militaire, cette revue livre un hors-série consacré aux enjeux, aux menaces maritimes auxquelles les états doivent faire face (piraterie, terrorisme, entraves à la liberté de circulation maritime). Dans ce contexte, on assiste à la montée en puissance des marines de pays émergents et au renouvellement, parfois difficile de celles des puissances maritimes confirmées.

Une première interview d’Hervé Coutau-Bégarie est l’occasion d’un tour d’horizon du militaire naval au début du XXIème siècle. Les marines actuelles devraient se construire en fonction de paramètres simples : l’argent, choisir les navires en fonction des menaces probables (la piraterie par exemple) plutôt qu’à partir d’hypothèses à trop long terme, ne pas s’enférer dans le tout technique au détriment d’un nombre de navires nécessaires à la couverture des espaces océaniques. Une contribution de Joseph Henrotin, chargé de recherche au Capri, rappelle d’ailleurs que « l’unité de mesure de la puissance navale reste le navire ». Ils sont des effecteurs, c’est-à-dire qu’ils sont des moyens qui vont « devoir générer des effets politiques » à plus ou moins long terme. Le porte-avions reste l’effecteur de premier rang, surtout par le groupe aérien qu’il transporte et par ses qualités telles que sa capacité à rester longtemps sur zone. Mais avoir un ou des porte-avions signifie investir une grande partie de ses ressources dans cette plate-forme, un groupe aérien efficace et un groupe naval, sous-marins et navires de surface, en protection, ces deux types de bâtiments étant des effecteurs de niveau inférieur au porte-avions.

Puis s’ensuit un état des lieux rapide des marines qui comptent : la marine française est utilisée au maximum de ses possibilités, la montée en puissance de la marine ne sera pas une réalité avant une dizaine d’années, la marine australienne monte en régime mais souffre d’un manque de spécialistes…Et l’Europe dans tout ça ? Un peu en panne, à l’image de l’Europe de la défense. Malgré des convergences de points de vue, les actions restent souvent bi ou multilatérales, le matériel hétéroclite…

La seconde salve d’articles précise l’état des lieux ébauchés ci-dessus.

Pour celle que l’on a appelé la Royale, les trente dernières années sont synonymes de diminution des unités de combat, conséquence du choix fait dans les années 70 de construire des SNLE (sous-marins nucléaires lanceurs d’engins), programme coûteux, et la mise en service du missile Exocet, responsable d’une augmentation de la puissance de feu de la marine nationale. Les années 80 à 2000 ne firent que confirmer cette tendance : constructions de SNA (sous-marins nucléaires d’attaque), modernisation des navires, peu de mises à l’eau. Mais malgré cela, la France continue à être présente sur tous les océans, parfois à la demande des états riverains. Ce serait le cas dans le Pacifique Sud, selon Clémence Mallatrait, où la présence de la marine française serait souhaité par les micro états insulaires mais aussi par Nouvelle-Zélande et Australie afin de couvrir ce vaste espace et lutter contre les trafics en tous genres.

Côté US Navy, la stratégie a été redéfinie en 2007 avec pour axiome : la coopération internationale comme « une des clés de notre stratégie maritime » affirme l’amiral Gary Roughead, Chief of naval operations. Une stratégie donc, des objectifs tels que la protection de  la libre circulation sur les mers, des zones privilégiées à l’instar du golfe d’Arabie. L’US Navy a donc opté pour des matériels à forte dominante technologie devant être capable de répondre à des situations de crise mais aussi de représenter une force dissuasive.

L’amiral Paolo La Rosa, chef d’état-major de la marine italienne, présente la stratégie italienne, à la fois protéger les intérêts nationaux, mais aussi surveiller l’espace méditerranéen voire se projeter à l’échelle du monde. L’Inde, elle, s’éveille à la mer et multiplie depuis les années 90 des manœuvres avec d’autres marines. Ses activités visent surtout à faire face aux activités de la marine chinoise, suspectée de vouloir encercler l’Union mais aussi à assurer l’approvisionnement énergétique du pays. Pour parvenir à ses fin, l’Inde a lancé un programme de construction comprenant notamment la mise à l’eau d’un porte-avions. A l’opposé, la marine russe est à reconstruire, pour Joseph Henrotin et Philippe Langloit, or les mises en chantier actuelles ne pourront lui permettre de dépasser une envergure régionale. Enfin la Chine, selon Bernard D. Cole, s’est orientée à ce jour vers la sécurisation de ses intérêts particuliers. Dans cette optique, elle s’équipe en sous-marins afin d’interdire l’accès son espace  maritime proche à un groupe aéronaval américain.

Les grandes marines actuelles sont toutes traversées par les mêmes grandes priorités (assurer les communications), les mêmes contraintes budgétaires et font souvent les mêmes choix d’équipements : des plates-formes à forte densité technologique.

 

Pour aller plus loin :

Sur le site meretmarine, un article sur le renouvellement de la flotte indienne.

http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=108688

Un autre sur les difficultés américaines à réaliser le sien.

http://www.meretmarine.com/article.cfm?id=108674



Sur le site du Café
Par cfroidure , le samedi 15 novembre 2008.

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