L’arène sportive, illusoire exutoire des tensions internationales 

Pascal Gillon, maître de conférences, université de Franche-Comté

En avant-propos, Pascal Gillon signale que le titre de la conférence ne correspond pas à celui qu’il souhaitait : « sports et conflits ».

Il tente ensuite de répondre à deux questions :

*Comment et pourquoi le sport est utilisé dans les conflits ?

*Quels sont les acteurs concernés ?


L’intérêt du sport résiderait en ce qu’il est un vecteur de communication idéal en tant que produit universel car :

-Il ne nécessite pas de langage particulier et il peut-être vu et pratiqué par tous.

-C’est un spectacle faisant appel à l’émotion.

-Ce spectacle renferme des symboliques fortes : l’opposition/conflit, la collaboration, le classement/hiérarchie. Son contenu identitaire est matérialisé par les drapeaux et tous les symboles nationaux, la construction d’un système basé sur les états.


De ce fait, le sport attire des acteurs extérieurs : médias, états, minorités, société civile.

L’intérêt pour le sport s’est développé à partir de la fin de la première guerre mondiale du fait de sa visibilité médiatique, des valeurs positives qu’ils génèrent entre autres choses.

Pascal Gillon prend l’exemple de la cérémonie d’ouverture de Pékin pour illustrer l’utilisation par l’état du sport, dans une communication à usages interne et externe

*à usage externe : quelques exemples forts sont listés ; les 56 enfants des 56 minorités de Chine portant le drapeau national, l’utilisation d’un écran LED de 147 mètre sur 22 démontrant une maîtrise technologique, le spectacle exécuté par une masse disciplinée, coordonnée.

  usage interne : toujours les 56 minorités et le drapeau symbolisant l’unité du pays, la présence d’un enfant du Sichuan aux côtés de la star chinoise du basket Yao Ming, l’embrasement de la flamme olympique par un équipementier sportif chinois, Li Ning.

Les exemples des coupes du monde 98 ou de  la qualification du Rwanda pour la CAN 2006 en sont d’autres exemples.


L’utilisation par les états du sport concerne aussi les épreuves en elles-mêmes. Un pays peut choisir de ne pas en rencontrer un autre (le cas des spartakiades ou du boycott), de le rencontrer  nouveau (diplomatie du ping-pong ; permet de faire un premier geste sans conséquence), de rencontrer un autre pays pour montrer qu’on existe (aux JO, on peut voir le monde même des états théoriques, la Palestine, des états n’existant plus, Hong-Kong, montrer sa puissance, la Chine)


Les minorités utilisent le sport à des fins souvent politiques ; Cathy Freeman, championne olympique du 400m à Sydney tenant drapeaux australien et aborigène, poings levés de Carlos et Smith en 68… Parfois cela va jusqu’à des revendications d’autonomie ou d’indépendance tel le cas du club de l’Athletic Bilbao, porte-étendard du pays basque ou plus encore l’équipe nationale basque revendiquant son entrée à la FIFA.


Enfin la société civile s’intéresse aussi au sport ; les dernières semaines l’ont bien démontré ; rappelons-nous des actions coups de poings de Reporters Sans Frontières. Mais cela concerne aussi la mise en avant des valeurs curatives du sport mises en avant par l’UNICEF et la FIFA par exemple.


Sur le site du Café

Par cfroidure , le mercredi 15 octobre 2008.

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