Prolifération nucléaire, Iran et pays émergents 

Bernard Hourcade, Directeur Mondes iranien et indien

« Rayer Israël de la carte », Bernard Hourcade reprend en ouverture la phrase prononcée par Mahmoud Ahmadinejab, et qui fit le tour des médias européens et mondiaux, car pour lui, il n’y a rien là de surprenant, ce serait même plutôt une expression banale venant d’Iran.

Puis il enchaîne sur la question du nucléaire iranien ; vouloir contrôler ou arrêter leur programme n’aboutirait qu’à l’encourager. Celui-ci date de l’époque du shah et la population y est majoritairement favorable or l’Iran est un pays émergent mais qui a tout raté depuis 200 ans, passé à côté de la révolution industrielle et abordant la mondialisation sous embargo.

Mais l’Iran d’aujourd’hui est un pays peuplé, riche et disposant d’un nombre d’étudiants de bon voire de haut niveau en croissance, tous paramètres nécessaires à l’élaboration d’un programme nucléaire. En 2004, 2 500 000 étudiants sont recensés en Iran dont 52% de femmes et ces jeunes gens éduqués ont l’intention de participer au monde.  Ils sont donc pour beaucoup d’accord avec un gouvernement qu’ils exècrent lorsqu’il veut développer une science de haut niveau dont le nucléaire. L’Iran a donc de l’ambition et l’ambition de refuser, comme d’autres pays émergents le refus de son accession à quoique que ce soit.

Même si argent, population et niveau scientifique font de l’Iran un pays émergent, des limites subsistent : absence de culture industrielle, faiblesse de la présence étrangère (3000 personnes), aucune culture internationale, maîtrise scientifique théorique mais pas pratique (comme l’illustre l’échec de la fabrication des Logans), une structure de son commerce extérieure identique (exception faite du pétrole) à ce qu’elle était au XVIème siècle(exportation de tapis, pistaches).

Que dire du régime ? peut-il conduire un programme nucléaire ? Ce régime n’est pas une dictature, le guide du régime est le chef d’un bureau composés de dirigeants placardisés, il ne prend aucune décision de peur de déplaire à l’un ou l’autre de ceux-ci ou à l’une ou l’autre des factions le composant. A cela s’ajoute qu’une partie de l’intelligentsia, souvent issus des premiers pasdarans, considère les mollahs comme de traîtres ; l’actuel maire de Téhéran est dans ce cas ; il n’a perdu les dernières élections présidentielles que sur le fil, il est le favori des prochaines. Et même s’il n’est pas pour l’abandon du programme nucléaire, il ne souhaite pas détruire Israël, veut développer le pays notamment en faisant appel aux investissements étrangers. Enfin, pour Bernard Hourcade, les mollahs sont incapables de mener à bien le programme nucléaire en tant que tel mais aussi car leur base idéologique bloquent l’évolution des classes moyennes éduquées qui partent à l’étranger. En fait laisser le régime des Mollahs à sa place serait se garantir un probable échec du programme.


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Par cfroidure , le mercredi 15 octobre 2008.

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