A la Une : Les nanosciences au coeur d'un projet pédagogique 

Par François Jarraud



Débattre du risque technologique n'est pas seulement un moyen d'élever le niveau de culture scientifique des lycéens. Au lycée Mounier, à Grenoble, le débat a aussi créé un véritable système pédagogique engageant les différentes disciplines et ouvrant le lycée vers une collaboration avec une école d'ingénieur.


Tout au long de l’année scolaire 2010-2011, des élèves ingénieurs, des enseignants et des chercheurs ont donné à voir quelques facettes du nanomonde à une classe de 32 élèves de terminale S du lycée Emmanuel Mounier de Grenoble. Si ce volet scientifique permet d'enseigner de nouvelles notions aux lycéens, il vise surtout à leur donner les connaissances leur permettant de s’approprier ce sujet d'actualité et de développer leur propre esprit critique. Ce travail a abouti à l'organisation d'un débat au lycée auquel ont assisté l'ensemble des élèves de terminale S. Il a été préparé et mené par les élèves et l'ensemble de l'équipe enseignante de la Classe Nanosciences.


Le projet voulait faire de l'éducation à la citoyenneté en passant par les sciences. Il voulait montrer aux lycéens que certaines avancées scientifiques font l'objet d'incertitudes, de désaccords voire de controverses; qu'elles conduisent à un grand débat de société. C'était aussi l'occasion de les initier au débat, en développant leur esprit critique et une prise de position argumentée.


Emmanuel Quillasi, professeur de physique-chimie témoigne de ce projet.


Pourquoi ce choix des nanosciences et de terminales S ?


Le lycée a un partenariat avec l'INP Grenoble, une école d'ingénieurs, depuis plusieurs années et il nous semblait bon d'étendre le partenariat en terminale. C'est le programme de terminale S qui nous a semblé le plus adapté. Le thème des nanosciences a été choisi car il y a un vrai débat dans la société sur ce sujet.


Il est important que les élèves, de futurs scientifiques en principe, sachent que les savants travaillent dans un cadre légal et social qui est fixé par le pouvoir politique. Toute avancée scientifique est décidée par les citoyens pas par les chercheurs. Ce projet leur a permis de comprendre que, en tant que citoyens, on ne peut prendre part aux débats, tels que celui autour des nanotechnologies, sans s'investir, sans faire des recherches documentaires et acquérir  un minimum de connaissance du sujet. Par ailleurs, ils ont senti, en tant que futurs scientifiques, l'importance de l'éthique pour le chercheur ou l'ingénieur et qu'en tant que citoyen, ils ont le droit et le devoir de faire valoir leur point de vue sur les choix technologiques de notre société.


Le projet a fait appel à des étudiants de l'INP. Quel a été leur rôle tout au long du projet ?


Ils ont eu deux rôles. D'une part ils ont présenté des expériences sur les nanoparticules et leurs propriétés. Ces expériences ont beaucoup intéressé les lycéens. Ils ont aussi aidé les groupes qui travaillaient sur des points précis du débat à limiter leur bibliographie. Ils les ont assisté pour préparer le jeu de rôles final. Enfin un troisième groupe d'étudiants, des thésards, ont fait des conférences sur leurs recherches et présenté leur métier. Tout cela a été important pour nos élèves qui se sont réellement rapprochés de ces spécialistes à peine plus âgés qu'eux.




Comment le projet a-t-il pu fonctionner ?


Des professeurs de plusieurs disciplines sont intervenus dans le projet : histoire-géo, philosophie, SVT, physique-chimie, maths, anglais, professeur documentaliste. Pour moi cela a été très intéressant, particulièrement l'ecjs et la philosophie. Cela a permis une véritable ouverture intellectuelle et culturelle. Chaque discipline a sa façon d'appréhender le sujet. Chacune a cédé un peu de son temps pour que le projet avance.


Comment s'est fait le lien entre les disciplines et le projet ?


La plupart des discipline sont trouvé un lien dans leur programme officiel. Les nanosciences peuvent être abordées en physique ou en SVT. En philosophie, le professeur traite des sciences. En ECJS un débat sur les questions éthiques liées au progrès scientifiques est aussi au programme.



Pourquoi avoir réservé le débat aux terminales scientifiques ?


Le débat demandait une préparation, ne serait-ce que pour assimiler el vocabulaire utilisé. Mais dans l'avenir on va ouvrir ce débat aux terminales littéraires.


Quels effets a eu ce projet sur le niveau et l'orientation des élèves ?


C'est difficile à dire. C'est arrivé un peu tard pour l'orientation. A l'avenir on va continuer ce projet en l'ouvrant aux littéraires. Par contre la disparition de l'histoire-géo en terminale S va nous poser problème. Il est possible que notre futur grand débat ait lieu en première.


Le projet

http://classe-nano.over-blog.fr



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Par fjarraud , le dimanche 26 juin 2011.

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