Ile de France : un nouveau programme d’actions éducatives autour de l’esclavage et de la traite négrière  

Par Françoise Solliec

 

Dans le cadre des journées de commémoration de l’abolition de l’esclavage, plus d’une centaine de lycéens étaient invités le 23 mai dans l’hémicycle régional francilien pour lancer le partenariat entre l’Institut du Tout-Monde, fondé par Edouard Glissant et la région Ile-de-France.

 

La question des mémoires est très importante, annonce Henriette Zoughebi, vice-présidente du conseil régional chargée des lycées, à l’ouverture de la manifestation. Il faut se pencher sur le passé pour construire un avenir commun, aller vers une société de solidarité. La région mène déjà une action forte pour que la mémoire de la Shoah ne soit jamais oubliée. Elle y ajoute maintenant des actions de sensibilisation à la lutte contre l’esclavage et la traite négrière. En effet, l’égalité n’est pas une question qui va de soi : elle demande encore bien du travail, affirme la vice-présidente.

 

La matinée est aussi un hommage à Edouard Glissant, écrivain et poète antillais, qui fonda l’Institut du Tout-Monde en 2007, afin de « diffuser l’extraordinaire diversité de l’imaginaire des peuples ». Les lycéens présents lisent des extraits de ses œuvres (déclaration de 1998, la barque ouverte, mémoires d’esclavage, le discours antillais). Dans la projection d’une interview filmée, Edouard Glissant (décédé en 2010) retrace la diaspora des africains emmenés en esclavage vers les Antilles, les Caraïbes, les Etats-Unis, le Maghreb et évoque leur relation avec l’Afrique. « La littérature des immigrés est une littérature de traces », car ceux qui ont été emmenés en esclavage ont perdu l’arbre (généalogique), ses racines, son tronc, son feuillage.

 

Après la lecture de la déclaration de Tozeur (mai 2009) qui conclut le colloque «Les interactions culturelles entre l’Afrique et le monde arabo-musulman » dont Edouard Glissant fut l’invité d’honneur, un débat entre les lycéens et les responsables de l’Institut Tout-Monde permet de préciser divers points, notamment la perte d’identité de l’individu emmené en esclavage, condamné à n’être plus rien et à déployer son existence dans l’horizontalité.

 

Tout au long de l’année scolaire à venir des actions de sensibilisation seront organisées dans les lycées et un matériel didactique sera proposé par le Tout-Monde. « La richesse des sociétés occidentales s’est construite sur la traite négrière et le colonialisme », déclare Henriette Zoughebi. Dans ce programme, « nous ne voulons pas seulement travailler sur la mémoire, mais aussi comprendre notre histoire pour construire un autre monde dans lequel chacun, chacune aura sa place », indépendamment de ses différences.



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Par fjarraud , le dimanche 29 mai 2011.

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