A la Une : La garde à vue 

Par François Jarraud

 

Un important dossier du sociologue Laurent Mucchielli. Il explique l'explosion des gardes à vue et réunit des contributions pour rappeler le droit, situer le problème pour les mineurs. Le dossier vise à "mettre en évidence les ressorts de cette évolution, afin de nourrir la discussion sur les conditions d’un changement de la situation".

 

En 8 ans les gardes à vue sont passées de 350 000 à 600 000 par an, c'est-à-dire 1% de la population chaque année ! Encore ce chiffre est-il sous-estimé car il ne comprend pas les délits routiers estimés à 250 000. On aurait donc 830 000 gardes à vue chaque année ! C'est le résultat de la "culture du chiffre" mise en place par N Sarkozy. "Une habitude s’est prise, petit à petit, de faire et de compter comme une garde à vue la retenue dans les cellules précédant ou entrecoupant les auditions des personnes interpellées, même pour les affaires les plus bénignes, faisant ainsi monter « l’indicateur de performance » qu’est devenu la garde à vue", note L Mucchielli. Le défaut de titre de séjour est ainsi devenu le premier motif de garde à vue.

 

Or les gardes à vue se passent, officiellement, dans des conditions indignes. "La plupart des lieux de garde à vue restent dans un état indigne pour les personnes qui y séjournent" note un rapport interne. Cela suffit à en faire une question de démocratie. Mais L Mucchielli va plus loin. "Il ne s’agit pas ici de l’usage de la garde à vue dans les enquêtes menées par les brigades criminelles de la police nationale et les sections de recherche de la gendarmerie nationale. Il s’agit ici des pratiques policières du quotidien (en particulier des unités de « sécurité publique » de la police nationale). Et la question posée est toujours : comment se justifie la garde à vue et ses conditions concrètes indignes dès lors qu’il ne fait aucun doute que cela n’est en aucun cas lié aux « nécessités de l’enquête » ? Que reste t-il une fois les faux arguments juridiques levés ? Que reste t-il une fois que l’on a dit que c’est une pratique plus qu’encouragée par les politiques depuis 2002 ? Il reste d’une part des justifications pratiques et concrètes, d’autre part l’évidence d’un nondit, à savoir le pouvoir que s’arrogent une partie importante des policiers d’exercer une sorte de pouvoir de punition qui est à la fois illégal et incontrôlé".

http://www.laurent-mucchielli.org

 

Sur le site du Café
Par fjarraud , le mardi 16 février 2010.

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