Le rapport sur la refondation de
l'école vu par la focale de l'ASH
Cette
période de rentrée a été riche en questions, contributions, textes, réactions, prises de
position... dans tous les domaines autour de la
concertation sur la refondation de l'école, puis de la
présentation du rapport. Le Café s'est attaché
à aller voir ce qui s'est dit ou écrit sur la scolarisation des
élèves en difficultés ou handicapés.
Concernant
l’accueil des élèves en situation de handicap,
François Hollande, dans le discours du 9 octobre, a
appelé de ses vœux « une école qui soit
vraiment inclusive » ce qui passe selon lui par la formation des
enseignants et « la valorisation du métier des personnels
qui accompagnent ces élèves ». L'essentiel est dit
: faire que l'école intégre et insère tous
les élèves. L'accent mis sur les AVS
n'est que justice pour reconnaitre enfin le métier de ces
personnels qui accomplissent des tâches
difficiles.
Dans le
rapport, un court chapitre sur l'école "inclusive"
constate une augmentation significative des élèves
handicapés accueillis en milieu scolaire ordinaire mais insiste
sur l'aspect qualitatif :
- améliorer cet accueil par des mesures
d'accessibilité (locaux, matériels, examens...)
- renforcer l'accompagnement des élèves
avec des AVS formés et engager leur professionnalisation
- mieux former tous les personnels de
l'Education nationale et encourager les partenariats.
Ces
préconisations sont tirés d'un autre rapport, sur le
bilan de la mise en oeuvre de la loi sur le handicap, remis au ministre
en juillet dernier.
Dans le rapport sur la refondation et
dans les propos du chef de l'état et des
ministres, peu de mots sont en effet
consacrés au
handicap.
Si
on n'en parle pas, est-ce ignorer la situation de ces
élèves, être "indifférent
aux différences", banaliser leurs difficultés ? Ou bien
sont-ce les prémisses que les personnes handicapées ne
sont pas vues comme différentes ? Et que par conséquent,
il n'est pas besoin de les mettre en exergue dans un rapport
général qui parle de la réussite de tous, les
personnes handicapées étant incluses dans ce "tous".
Ce serait plutôt rassurant de voir que la société inclusive est en marche.
Il
n'est pas non plus question de la
grande
difficulté à l'école, pour des élèves qui ne relèvent
pas d'une situation de compensation. Ceux-là sont aidés
dans et hors la classe par les enseignants ordinaires et les
enseignants spécialisés, considérés comme
personnes-ressources dans les écoles.
Cela signifie-t'il la fin des RASED
? Peut-être pas, mais il faut s'interroger sur
leur place et le fonctionnement de leurs membres, ainsi que sur les
conceptions mises derrière les
mots de "remédiation" ou "métacognition". Une
étude de Changements pour l'égalité, mouvement
socio-pédagogique belge, fait état d'une
"remédiation : politique du sparadrap ?". Il y a de vraies
questions à se poser sur l'externalisation des
difficultés des élèves hors de la classe par les
enseignants des RASED. Même si en formation, on préconise
que la co-intervention en classe peut parfois (souvent ?) être
plus profitable aux élèves, ce ne sont pas des pratiques
courantes. Travailler à deux avec le même groupe
d'élèves n'est pas dans la culture professionnelle des
enseignants. La remédiation,
est-ce trouver un "remède" dans une "prise en charge" de
l'élève pour "traiter" ses difficultés, avec un
"protocole" de travail (cette idée de la remédiation est
portée par l'emploi de ces termes médicaux) ? ou bien
est-ce trouver une autre médiation, aborder le savoir
autrement, changer de regard sur les élèves, les
croire capables de réussir pour qu'ils réussissent ? Quant au concept
de métacognition...
on peut aussi s'interroger sur le fait qu'il faut peut-être que
la cognition soit installée (que l'élève ait
réussi et compris ce qu'il a appris) pour qu'il y ait
métacognition (que l'élève comprenne comment il a
fait pour réussir) ?
Il
est un syndicat qui s'inquiète qu'il ne soit pas fait mention
des RASED dans le rapport sur la refondation de l'école, et qui
a interrogé le ministre. Celui-ci s'est retranché
derrière un rapport demandé par lui sur leur mission et
qui serait remis en début d'année prochaine. Il attend
pour se prononcer. On peut légitimement penser que le "plus de maitres que de classes"
permettra de s'occuper de tous les élèves, y compris ceux
qui sont handicapés ou en difficultés, d'une autre
façon. Peut-être ce sera l'occasion de faire
"éclater" le principe : 1 maitre, 1 groupe
d'élèves, 1 lieu, de faire travailler les
enseignants ensemble, d'analyser et d'ajuster leurs gestes
professionnels, de descendre finement dans le coeur du métier.
Pour enseigner autrement, il faudra arrêter de
voir "desélèvesendifficultés",
une
étiquette en un mot, comme si c'était dans leur nature
d'être en difficultés, alors que c'est normal d'être
en difficultés quand on apprend quelque chose de nouveau puisque
le savoir fait obstacle, est complexe, résiste. Il faudra
arrêter de travailler pour l'élève
"idéal",
moyen, et sortir de la classe les élèves "qui ne
suivent pas",
qui ne rentrent pas dans cette norme. L'hétérogénéité
des publics est une réalité dans l'école
d'aujourd'hui. Il est nécessaire de penser cette école de
la diversité, de rendre les savoirs accessibles à tous.
Quand on prend en compte les plus fragiles des
élèves, cela bénéficie à tous.
L'installation
d'un groupe de travail sur la professionnalaisation des AVS
C'est
le 16 octobre que ce groupe a été installé par les
ministres Pau Langevin et Carlotti, piloté par une
conseillère municipale de la ville de Paris, chargée
du handicap et composé de nombreuses institutions, associations
diverses, de parents, de personnes handicapés, syndicats,
entreprises. L'idée est de commencer à
réfléchir à un référentiel
d'activités, entrainant de facto un référentiel de
formation qui débouchera sur un diplome existant ou à
créer pour cette nouvelle profession. Les personnes
bénéficiront d'un vrai contrat de travail et d'un statut
qui les sortirait de la précarité actuelle. La lettre de
cadrage précise au groupe qu'il devra trouver "des financements
diversifiés et pérennes". Cette question des moyensest
effectivement cruciale... Les associations se félicitent de la
mise en place de ce groupe, qui devra rendre ses travaux au cours du
1er trimestre 2013.
Sur
le site du ministère