Conte d'Automne 

Café




Ce jeudi 13 octobre 811, la jeune Brunehaut, institutrice de la petite école du château d’Hildebert d’Anselin, Seigneur des environs, s’en allait voter aux élections professionnelles.

Auparavant, elle s’était déjà livrée à quelques préparatifs.

Elle était allée récupérer son mot de passe au fond du puits, sous la quatorzième pierre de la vingt-huitième rangée en allant vers le fond. Ce faisant, elle avait abîmé sa belle robe de velours bleu sombre, ce qui l’avait mise d’assez méchante humeur.
Puis elle avait trouvé son identifiant. Cela n’avait pas été sans mal. Un émissaire de l’Empereur Charlemagne lui avait fait savoir qu’il était dans un des œufs de la petite poule rousse qui vivait dans la ferme du château. Brunehaut avait du faire une omelette de quarante-huit œufs avant de le trouver, ce qui lui avait un peu brouillé le teint qu’elle avait habituellement de lis et de rose.
Craignant de se faire détrousser par les bandits de grands chemins, elle avait appris par cœur tous ces mystérieux codes afin de ne pas se les faire dérober.
Puis elle avait enfilé  ses sabots de bois et elle se rendait, ce matin-là, dans la forêt des Mille Chênes, là où se trouvait le plus vieux chêne de la contrée qui avait été désigné comme lieu de vote. Tout en marchant, elle se récitait tous ses codes à voix basse.
Le soleil était déjà haut dans le ciel quand elle aperçut au loin, une silhouette qu’elle reconnut tout de suite. C’était Hercule vêtu de la peau du Lion de Némée, toujours très élégant. Un rien l’habillait ce  Hercule. Quand il apprit qu’elle allait voter aux élections professionnelles, il éclata d’un rire tonitruant en hurlant que le nettoyage des écuries d’Augias à côté, c’était du pipi de chat.
Elle continua de cheminer, traversant des plaines désertes et de sombres forêts. Le soleil se couchait quand elle croisa Ubu Roi qui se montra jaloux , avouant qu’il aurait vraiment adoré être le créateur du déroulement de ces élections.
Brunehaut marcha encore longtemps. Elle était fatiguée. Il faisait nuit. Elle avait faim. Elle s’endormit. Le lendemain, elle reprit sa route et les jours se succédaient quand enfin, elle aperçut la forêt qu’elle cherchait. Le dragon qui en gardait l’entrée lui demanda son premier code qu’elle récita sans faillir. Elle eut le droit d’entrer dans la forêt. Et maintenant, votre identifiant hurla le monstre. Brunehaut, impressionnée, le récita. Mais comme elle avait un peu bredouillé, le monstre lui donna une épreuve supplémentaire qui consistait à faire trois fois le tour de la forêt à cloche pied.
Enfin, elle put approcher du Grand Chêne. Un Sphinx en gardait les abords et  lui demanda de redire tous ses codes. Cette fois, Brunehaut s’appliqua à bien articuler. Le Sphinx semblait approuver, Brunehaut voyait enfin la fin de son épreuve : elle allait voter, la démocratie était là, à portée de main.
Un gong assourdissant retentit. La Rolex du Sphinx marquait  17 heures et  on était le 20 octobre.
Le bureau de vote venait de fermer.

Michèle Vannini

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Par MBrun , le dimanche 23 octobre 2011.

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