Demande de formations et de personnels qualifiés persistante. Jusqu'à quand ?...
A
quatre années d'intervalle, deux rapports signés
du même auteurs font le point sur l'évolution de
la scolarisation des élèves
handicapés. Décryptage.
Le premier est un rapport d'information au Sénat en juillet
2007 fait nom de la commission des Affaires sociales sur
l’application de la loi du 11 février 2005 pour
l’égalité droits la
citoyenneté personnes handicapées. Le second est
un rapport au Président de la république
intitulé « La scolarisation des enfants
handicapés » remis en mai 2001. Le
même sénateur des Pyrénées
orientales, 4 années d'écart.
En 2007, la loi avait un an de vie - la majorité
des MDPH (maison départementale des personnes
handicapées, sous le controle du conseil
général) ont été
créées en 2006, les enseignants
référents ont été
nommés en septembre 2006-. La révolution que
cette loi porte en elle venait de commencer.
Dans le premier rapport, dix pages étaient
consacrées à la scolarisation, et notaient des
progrès significatifs en matière de
scolarisation, « une
progression très importante de la scolarisation en milieu
ordinaire.". Mais la conséquence la plus
visible de cette inclusion en milieu ordinaire était
« les difficultés à satisfaire
la demande croissante d'auxiliaires de vie
scolaire. ». Déjà !
« La nécessité de former et de
soutenir les enseignants » était
également pointée comme important.
Quoi
de neuf dans le rapport 2011 ?
Sur
la forme, ce 2ème rapport est centré sur un seul
objet : la scolarisation. Il est beaucoup plus
étoffé que le précédent.
Dans la partie « Bilan » (30
pages), des tableaux, graphiques, statistiques montrent
précisément des évolutions, des cartes
soulignent les différences entre territoires.
La
mise en oeuvre de la loi du 11 février 2005 s’est
traduite par une augmentation importante du nombre d’enfants
handicapés scolarisés, en particulier dans le
milieu ordinaire. Ce
nombre a augmenté d’un tiers depuis 2005.
Conséquence, le nombre d’enfants
handicapés scolarisés en
établissements médico-sociaux diminue
régulièrement depuis 2006. La formation des
enseignants au handicap est pointée du doigt,
jugée insuffisante.
Le rapport souligne le "risque pour la qualité de la prise
en charge" que constitue le recours à des personnels peu
qualifiés sous contrats aidés, et souligne que
cet accompagnement insuffisant n'est cependant pas toujours possible
faute de moyens disponibles dans les académies.
Confrontées à une forte pression de la demande,
les MDPH sont en difficulté pour évaluer les
besoins et assurer l’égalité de
traitement des enfants handicapés, faute de moyens et
d’outils adaptés. Pourtant, le rapport note un
"consensus parmi les acteurs de terrain" pour considérer que
le recours croissant aux AVS-i ne constitue pas la réponse
adéquate aux besoins des enfants handicapés.
En ce qui concerne la scolarisation en ESMS (établissements
et services sociaux et médico-sociaux),
le rapport déplore que la coopération entre
l’Éducation nationale et le secteur
médico-social ait peu progressé.
34
préconisations. Une liste de voeux pieux ?
Voici
les préconisations énoncées dans le
rapport 2011. Trop de prescription tue la prescription ? Nous souligons
celles qui nous paraissent les
plus significatives, celles qui ont également
été reprises par le
présidentde la république dans son discours de
communication à la 2ème
convention nationale du handicap réunie le 8 juin 2011 au
Centre
Georges Pompidou.:
1 : Préciser la définition des nouvelles
catégories de handicaps issues de l’application de
la loi du 11 février 2005
2 : Mettre en place, au
sein des MDPH, des référentiels
d’évaluation des besoins des enfants
handicapés
3 : Clarifier le statut des personnels de l’État
mis à disposition des MDPH
4 : Inclure dans les futures conventions d’objectifs entre
l’État et les MDPH un volet spécifique
sur la scolarisation des enfants handicapés
5 : Accroître la formation des enseignants en
école maternelle au dépistage du handicap
6 : Renforcer les articulations entre la médecine scolaire
et la PMI
7 : Renforcer l’implication des infirmières dans
l’accompagnement des enfants handicapés
8 : Améliorer l’information et la formation des
enseignants au dépistage et à la prise en charge
des « dys », notamment à travers
l’utilisation de matériels pédagogiques
adaptés
9 : Veiller à une meilleure intégration de
l’utilisation du matériel adapté dans
le projet de scolarisation
10 : Mettre en oeuvre l’expérimentation
prévue par la mesure 16 du plan handicap auditif 2010-2012
11 : Développer la formation des accompagnants individuels
à la LSF et la LPC, dans une perspective de
professionnalisation
12 : Encourager le développement des outils
numériques et le recours aux TICE
13 : Elargir les possibilités d’adaptation des
manuels scolaires
14 : Poursuivre le
développement des CLIS et ULIS dans les écoles et
établissements scolaires
15 : Demander à l’IGEN une évaluation
de la scolarisation des enfants handicapés dans les classes
collectives
16 : Préciser l’interprétation de la
circulaire du 18 juin 2010 sur les ULIS afin de ne pas restreindre
l’accès des enfants handicapés au
dispositif
17 : Engager des travaux
pour inclure dans le cahier des charges national de formation des
enseignants un module sur la gestion des différences
à l’école et du handicap
18 : Développer les réseaux des professeurs
ressources
19 : Renforcer le pilotage rectoral des politiques de formation des
enseignants au handicap
20 :
Développer les formations spécialisées
en rendant plus attractive la certification complémentaire
(2CA-SH) dans le second degré
21 : Améliorer l’information des
équipes éducatives et des chefs
d’établissement sur les formations
spécialisées
22 :
Développer la fonction d’AVS-Co en milieu
ordinaire dès la rentrée 2011, en lieu et place
des contrats aidés
23 : Instituer une
formation initiale pour les AS* en amont de la rentrée
scolaire dans le cadre d’un dispositif de
professionnalisation
24 : Développer l’information des conseillers
d’orientation et des AS sur les métiers du
handicap et les possibilités de VAE
25 : Réactiver le groupe de travail
interministériel sur les AVS-i, afin que les pouvoirs
publics puissent définir le cadre d’emploi des AVS
transférés aux associations avant la
rentrée 2012
26 : Réviser le décret de septembre 2009 pour
modifier les modalités de calcul des subventions aux
associations
27 : Déterminer le statut juridique des associations
recrutant les AVS-i
28 : Confier à la CNSA une étude sur les
modalités d’intervention et de financement des
associations en dehors du temps scolaire
29 : Réaliser
un bilan de la mise en oeuvre du décret sur la
coopération entre le secteur médico-social et le
milieu ordinaire
30 : Mettre en place une convention entre la DGCS, la DGESCO et la CNSA
sur la scolarisation des enfants handicapés
31 : Accélérer la mis en place d’un
système d’information partagé sur
l’offre de scolarisation en milieu ordinaire et
spécialisé dans le domaine du handicap
32 : Mettre l’accent dans les SROMS et les PRIAC sur la
réduction des inégalités territoriales
et l’accélération de la transformation
des établissements en SESSAD
33 : Renforcer la coopération entre les ARS et les rectorats
pour la planification de l’offre de scolarisation
34 : Inclure de
manière systématique dans les projets
d’établissements des ESMS un volet scolarisation
des enfants handicapés et coopération avec le
milieu ordinaire
*AS =Assistant de Scolarisation
Le chemin parcouru depuis 2005 est immense et ce sont bien les
enseignants qui l'ont fait, en faisant chaque jour fonctionner les
classes, en développant des trésors
d'énergie et d'innovation pour faire réussir tous
les élèves.