Cousu-main 


« Cette année s’est passé dans de meilleurs conditions que celles que nous attendions ». Ce sont les mots de l’inénarrable Luc Chatel parlant de la réforme de la formation. Lorsque la journaliste l’interroge sur le récent rapport Jolion qui pointe des errances de la réforme,  c’est pour lui injuste. Et quand elle lui demande des nouvelles du « bilan qualitatif » qu’il devait publier en mars, il botte en touche : « je n’ai pas encore ce bilan, je l’attends ».  Mais attention, Luc Chatel a tous les éléments : « nous en parlons régulièrement avec les recteurs » qui lui ont dit « qu’on était loin de la caricature entendue au début de l’année »… Evidemment, c’est un gage. Surtout vu la vitesse à laquelle sont remplacés ceux qui font la moindre réserve sur la politique menée…

Résumé : rassurons Mme la Marquise, et si elle demande des preuves, demandons lui de donner du temps au temps…

Et pour le reste ? « Le collège, vous dis-je… ». Avec deux projets d’avenir annoncés ce matin : des programmes « adaptés » avec plus de sorties pour les classes de quatrième et troisième, et un soutien scolaire en lecture par les instits pour les sixième.

Ben oui, des instits pour les élèves en difficulté… Il y a une quarantaine d’année, rappelez vous, on a connu un collège divisé en trois filières : le cycle 1 qui préparait au lycée général, le cycle 2 préparait à l’enseignement professionnel et le cycle 3 préparait à l’éjection précoce en fin de cinquième, ou la relégation vers des filières d’exclusion, CPPN ou « classes de transition ». Et qui s’occupait de ces filières ? Les instits, déjà… Faut-il avoir ici la cruauté de rappeler au ministre que les systèmes éducatifs qui réussissent sont ceux qui emmènent loin ensemble toute une classe d’âge sans filières séparées ? Ses conseillers-recteurs ne doivent pas avoir lu M. Crahay et N. Mons.

Il poursuit, souriant et content de lui : « Il faut s’adapter à la diversité, repérer la difficulté, faire confiance aux acteurs locaux, faire du sur-mesure, du cousu-main, de l’autonomie, du projet, comme dans les CLAIR que nous allons étendre à 300 établissements l’an prochain, avant de généraliser si ça marche… A partir de 13-14 ans, il faut à certains élèves un programme adapté, pour « ne plus qu’ils s’ennuient » et qu’on puisse découvrir leur « talent caché »…

Ben oui, en fait… Les talents, les dons, le mérite. C’est quand même pas de la faute du ministre si les talents, les dons et le mérite sont moins également distribués chez les enfants de pauvres ? D’ailleurs, lorsqu’il cherche à trouver le meilleur établissement pour ses enfants, dans le public ou le privé, il précise bien au journaliste qu’il fait en tant que ministre ce qu’il fait comme parent consommateur d’école : son marché.

Salauds de pauvres, ils voudraient nous faire culpabiliser, en plus…

Marcel Brun

La vidéo
http://www.bfmtv.com/video-infos-actualite/detail/bourdin-2012-luc-chatel-1192905/


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Par MBrun , le dimanche 29 mai 2011.

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