Le mensuel Imprimer  |  Télécharger nous suivre sur Twitter nous suivre sur Facebook

Le bac philo 2014 

Par Jeanne-Claire Fumet



« C'était quoi, la réponse ? »


Faciles, pas faciles, piégés, « bateaux » ? Comme chaque année, les sujets du bac philo ont circulé dans les médias et donné lieu à toutes sortes de commentaires, des plus spécialisés aux moins avisés. Après tout, cet engouement d'un jour témoigne d'un attachement populaire à la discipline. Mais on en oublie parfois que l'épreuve du bac sanctionne une année d'enseignement  dont les exigences de méthode et de contenus ne sont rien moins qu'infuses, pour les élèves de Terminale. Mieux vaut donc attendre de découvrir ce qu'ils auront fait de ces questions plutôt qu'en préjuger a priori. Une constante se dégage cependant depuis plusieurs années : des sujets classiques, construits sur des motifs généralement enseignés, mais qui demandent une  bonne  attention aux implicites de l'énoncé. Inutile d'espérer s'en sortir par un « topo » passe-partout appris pour l'occasion.


Questions techniques et problèmes ouverts


En séries générales, l'équilibre est respecté entre sujets plus « techniques », nécessitant une maîtrise précise des éléments du cours, et d'autres plus « ouverts », qui requièrent davantage d'élaboration conceptuelle. Deux sujets sur l'art, en ES et en L, relèvent de la première catégorie : Les œuvres d'art éduquent-elles notre perception ? (L) et L'artiste est-il maître de son œuvre ? (ES). Dans les deux cas, l'art est questionné dans sa puissance de dépassement de la subjectivité individuelle, pour atteindre à une universalité formatrice, en amont ou en aval de sa réalisation. En S, Suffit-il d'avoir le choix pour être libre ? renvoie également à des enjeux classiques : comment penser la liberté du sujet, dans l'action pragmatique, politique ou encore morale ? Dans la seconde catégorie, deux sujets plus « ouverts » sur le bonheur demandaient une certaine précision d'élaboration : Vivons-nous pour être heureux ? (S) et Doit-on tout faire pour être heureux ? (L). Dans le premier cas, la question invitait à questionner les finalités humaines dans une perspective aussi bien anthropologique qu'éthique ; dans le second, il s'agissait davantage de s'interroger sur la valeur existentielle de la notion de bonheur, d'un point de vue moral et prudentiel. Enfin, Pourquoi chercher à se connaître soi-même ? (ES) permet de poser le problème de la raison d'être du souci de l'appropriation de soi, souvent avancée comme une évidence.


Faciles, les textes ?


Quant aux textes, la donne est plus contrastée : un texte faussement simple de Karl Popper, en L, oppose déterminisme et créativité dans une perspective difficile à cerner à la première lecture. Les images comparatives peuvent entraîner le candidat dans des descriptions narratives mal venues, à défaut d'un repérage précis de l'enjeu initial. En ES, un texte d'Hannah Arendt sur la différence entre outils et machines exige une analyse précise des modalités techniques du travail humain, dans le rapport à la conception et à la réalisation des tâches. En S, enfin, un texte classique de Descartes pose la différence entre certitude mathématique et incertitude de toutes les autres sciences,  pour dégager l'importance de la démonstration méthodique. On remarque à cette occasion l'apparition d'un texte connu, au lieu des inédits habituellement privilégiés. Mais surtout, on constate une fois encore que l'idée reçue du sujet texte « plus facile » est trompeuse et peut conduire à des déconvenues.


Un choix exigeant, en filières technologiques


Dans les filières technologiques, les sujets relèvent du même choix classique. Les élèves doivent choisir entre Les échanges sont-ils toujours intéressés ? qui renvoie à la problématique du don, de la réciprocité et de l'équité, de la dimension qualitative de l'échange humain, d'une part ; et d'autre part, Une vérité peut-elle être définitive ? qui se réfère au cours sur les conditions rationnelles de la science, sur les domaines de la croyance, de l’opinion, de la conviction et de la foi. Le texte, enfin, tiré du Gorgias de Platon, porte sur la question du malheur de l'injuste, fut-il triomphant dans sa puissance, qui semble avoir un peu déstabilisé les élèves par la référence à un personnage historique inconnu (mais présenté dans une note).


Si les inquiétudes entendues au sortir des salles sont toujours à peu près les mêmes : « C'était quoi, la réponse ? » « Je crois que je me suis trompé(e) ! » « J'avais pas d'idées... » «Les corrigés sont sur internet ? », elles restent peu fondées : il n'y aura jamais une seule réponse unique et exhaustive attendue des correcteurs !  A eux d'examiner attentivement, copie par copie, la manière dont chacun aura entendu et traité la question choisie, dont il aura tiré parti de ses connaissances et réussi à organiser son propos.  Inutile donc de se perdre en vaines conjectures sur la réussite de cette épreuve, mieux vaut désormais pour les candidats s'occuper pleinement de celles qui vont suivre dans les prochains jours.


Le sujet de ES

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Documents/pdf/bacphiloes.pdf

Le sujet de L

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Documents/pdf/bacphilol.pdf

Le sujet de S

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Documents/pdf/bacphilos.pdf

Le sujet de STMG

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Documents/pdf/bacphilostmg.pdf



Après l'écrit...

 

L'épreuve écrite de philosophie est déjà loin, pour les aspirants bacheliers 2014. Les correcteurs finissent d'étudier leurs copies, dans un climat de fin du monde docimologique, à tout le moins de changement de paradigme dans l'univers de l'évaluation scolaire. Car tandis que l'on se déchire à coups de tribunes, de post, de twitt ou de pages FB, concernant les révolutions attendues dans l'évaluation des élèves, il faut bien que la vie scolaire continue : pour chacun des élèves appelé à passer les épreuves, le bac reste un moment symbolique important et un enjeu durable dans sa scolarité.

Loin des cris, des anathèmes et des déclarations aussi contradictoires que définitives, donc, les professeurs s'arrachent les cheveux sur la question de la note la plus équitable possible, au vu des efforts de construction, de conceptualisation, de mise en œuvre des connaissances acquises, devant  des productions aussi diverses qu’hétérogènes - avec parfois de grandes misères, mais aussi de fort belles surprises.



Préparer l’épreuve orale de rattrapage


En attendant les résultats, il n'est pas inutile d'envisager les épreuves de rattrapage. Pour tout élève dont la moyenne se tient entre 8 et 10, deux épreuves au choix pourront être repassées à l'oral entre le 7 et le 9 juillet. Choisir la philosophie peut être une bonne stratégie si l'on a échoué à l'écrit, surtout dans les séries générales où le coefficient est significatif (7 en L, 4 en ES et 3 en S).

Les notes obtenues à l'oral sont souvent gratifiantes, en particulier parce que la difficulté de rédaction ne vient pas entraver la performance, mais aussi parce que le programme d'interrogation est assez cadré. Le texte étudié en lecture suivie au cours de l'année (2 textes en L) constitue la référence : le candidat devra en expliquer un extrait d'une douzaine de lignes, choisi par l'examinateur. Après 20 mn de préparation, l'élève passera un temps similaire d'interrogation, composé d'un moment d'exposé puis de questions complémentaires. L'examinateur peut élargir le questionnement à l'ensemble du programme ; mais une explication bien menée suffira en général à réussir l'épreuve.



Quelques conseils pour ne pas passer à côté...


Il importe d'avoir une bonne connaissance de l'ouvrage étudié : il est indispensable d'en reprendre le plan d'ensemble, pour savoir situer l'extrait à expliquer. Une révision des concepts-clés mis à l’œuvre dans l'ouvrage est aussi nécessaire. Le temps de préparation est bref (20 mn) et doit être bien géré : inutile de tout rédiger au brouillon. Un plan précis, en style télégraphique, suffit pour se repérer pendant l'exposé.

Après la lecture du texte à haute voix, le candidat indique en quelques mots la structure de l'ouvrage en général, la situation de l'extrait (à quel moment stratégique est-il situé ?) et ses enjeux dans l'économie du texte (qu'est-ce qui se décide ici?) ainsi que ses implications (où cela conduit-il?). Après une présentation rapide des 2 ou 3 moments principaux, une explication détaillée suivra l'ordre linéaire du texte. L'examinateur posera alors quelques questions pour préciser ou rectifier certains éléments.

Il convient de garder à l'esprit que les interventions de l'examinateur ne sont pas faites pour piéger le candidat mais pour valoriser sa performance : il faut essayer d'y répondre le plus soigneusement possible. 



Sur le site du Café


Par JC Fumet , le dimanche 29 juin 2014.

Partenaires

Nos annonces