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Pour le prof 

Par Jeanne-Claire Fumet



Enseignement de la philosophie : réforme impossible ?


Gageure impossible ? La réforme de l'enseignement de la philosophie, compte tenu de la réalité des publics, est l'objet de fortes attentes et de solides appréhensions. Démocratiser, serait-ce fatalement aplanir jusqu'à la dénaturer cette spécificité du patrimoine scolaire français ? Mais qu'en est-il de facto quand la réduction des horaires et le décalage culturel conduisent à louvoyer  entre bachotage et simplification outrée ?


Est-il vraiment impossible de réformer l'enseignement de la philosophie scolaire ? L'histoire de la discipline en atteste, les tentatives se sont heurtées à une résistance tenace d'une partie du corps professoral. Il serait presque insoutenable, culturellement, de prôner une modification du programme et des pratiques. L'ACIREPH (Association pour la création des Instituts de recherche sur l’enseignement de la philosophie ) s'y emploie pourtant depuis plusieurs années, mais sans parvenir à forcer les réticences qui s'appuient, paradoxalement, sur des raisons fondées dans la nature même de la discipline.


Nature... ou histoire ? Comme un bon vieux sujet de dissertation, la question se pose  de l'historicité des modèles qui déterminent ces résistances. Au principe, l'idéal de former des sujets « capables de penser par eux-mêmes » ne permet pourtant pas d'ignorer l'inscription de l’enseignement de la philosophie dans un cadre social et institutionnel qui évolue. Comme le rappelle Hervé Boillot, dans un article paru le 4 février sur le site du GRDS (Groupe de recherche sur la démocratisation scolaire),  les qualités requises pour exceller dans la discipline ne sont pas les plus pertinentes quand l'institution exige d'augmenter le niveau général de scolarisation plutôt que de sélectionner une mince élite sociale. Les enseignants de philosophie doivent faire le deuil de l'élève « doué » et concéder un profond effort de pédagogie, pour répondre à la demande sociale de formation de tous.


Chaque année, les réunions de concertation et d'harmonisation pour la correction du bac sont le théâtre d'un réel désarroi et d'une grande incertitude devant le souci d'évaluer les élèves avec justesse, tant les copies examinées semblent éloignées des attendus des exercices (élaboration conceptuelle, continuité logique, analyse critique, maîtrise élémentaire des références étudiées en cours). Difficile de condamner tout uniment le travail des professeurs et celui des élèves : force est de convenir qu'une grande part des efforts effectués de part et d'autre ne porte pas ses fruits. La plupart des enseignants reconnaît volontiers l'urgence de modifier un enseignement inadapté au contexte actuel. Le hiatus entre le programme officiel et la définition des missions scolaires du secondaire d'une part, et les performances manifestées par les élèves d'autre part, devient plus ingérable au fil des réformes générales du système scolaire. 


Des propositions simples sont pourtant évoquées, sans être suivies d'effet : un programme de questions, qui délimiterait de manière raisonnable le champ d'étude annuel, un programme de notions plus restreint ; une modification des épreuves, en particulier pour les sections technologiques, avec des questions plus précises et délimitées ; un renouvellement annuel ou pluriannuel des thèmes, pour engager à réfléchir sur les mutations du monde actuel. Mais la crainte (réelle ou feinte) d'en venir à des interrogations de type QCM (questionnaire à choix multiples), à l'endoctrinement ou au débat d'opinions ont tôt fait de ruiner ces propositions à peine formulées.

Il faudra bien pourtant en venir un jour à résoudre cette scission qui malmène élèves et enseignants dans le quotidien de leurs classes. Les progrès des formes alternatives de « pratiques philosophiques », qui ont le mérite de vivifier l'activité de réflexion, le développement des lieux ouverts de discussions « populaires » (cafés, librairies, forums, associations), incitent vivement à redéfinir la philosophie scolaire comme une discipline certes rigoureuse et exigeante, mais aussi plus accessible aux publics scolaires auxquels elle s'adresse.


Lire l'article d'Hervé Boillot sur le site Démocratisation scolaire :

http://www.democratisation-scolaire.fr/spip.php?article182


Voir aussi notre article sur ce thème :

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/lettres/[...]



Programme des concours 2015


Les programmes de l'agrégation externe et interne 2015,  parus non plus au BO mais sur le site du Ministère de l’Éducation, sont disponibles depuis le 14 février 2014.


Pour l'agrégation externe, les candidats prépareront les épreuves écrites sur la notion : « Le phénomène » et sur les œuvres de Platon et Marx (Manuscrits de 1844, L'idéologie allemande, Introduction à la critique de l'économie politique, Contribution à la critique de l'économie politique, Le Capital Livre I).

Les épreuves orales porteront sur le domaine « Logique et épistémologie » pour la première leçon et sur les textes français de Leibniz, Discours de Métaphysique et Correspondance avec Arnauld, Paris, Vrin, 1993 ainsi que Sartre, L'être et le néant, Troisième et quatrième parties, Conclusion, Paris, Gallimard, TEL, 1976.
 

Voir le détail et les épreuves de langues classiques et modernes :


http://cache.media.education.gouv.fr/file/agregation_externe/23/4[...]

Première épreuve : composition de philosophie (explication de texte) portera sur « Le langage »  et la seconde épreuve, composition de philosophie (dissertation) sur : « Le réel ».


http://cache.media.education.gouv.fr/file/agregation_interne/20/8/[...]


Les programmes du CAPES sont annoncés pour avril 2014.



Sur le site du Café


Par JC Fumet , le mardi 25 mars 2014.

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