DOSSIER DU MOIS : Les horaires accordés aux langues anciennes : groupements d'élèves et réductions d'horaires 

Par Marjorie Lévêque et Robert Delord

 

Après les interrogations sur la médiation pédagogique des voyages scolaires, après les plaintes sur les dates trop précoces des oraux de langues anciennes, nous voici arrivés au mois de juin, époque des récriminations sur les horaires alloués aux options langues anciennes, au collège comme au lycée. Nous ne porterons pas ici de jugement, mais nous nous contenterons de constituer un petit florilège de situations évoquées ici et là par des enseignants de lettres classiques.

 

Ici, une collègue enseignant au collège se retrouve avec un groupement d’élèves de 4ème et 3ème en latin, car l’année précédente les heures n’ont pas été assurées. Les 4ème n’auront jamais fait de latin et les 3ème n’en auront fait qu’en 5ème, un an auparavant.

On recense également de nombreux cas d'établissements où l'on n'accorde le passage à deux groupes de latin en cinquième qu'à partir de 35 élèves, souvent sous prétexte que le rectorat (qui n'a parfois jamais été consulté) ne l'acceptera pas en-dessous de ce nombre.

D'ailleurs la consigne est parfois donnée par la direction de l'établissement elle-même aux professeurs de langues anciennes (voire aux professeurs de français) de ne pas trop motiver les élèves de 6ème à choisir l'option en 5ème, prétextant qu'il ne serait pas possible de créer un groupe supplémentaire.

Quand le nombre de demandes est jugé trop important, certaines directions s'arrogent même le droit d'interdire purement et simplement l'option à tel ou tel élève.

Et même lorsque trois groupes de latinistes existaient au préalable en cinquième, on n'hésite plus à les réduire à deux seulement, quitte à créer des classes de latin à 30 élèves Quelle langue peut-on étudier dans de bonnes conditions avec des effectifs portés à 30 élèves voire plus ?

On voit même dans certains établissements s'ouvrir, à partir de la 4ème, une option "sciences" réservée,   en toute illégalité, aux bons élèves, ce qui enlève forcément à l'option latin un bon nombre d'élèves.

Les plus chanceux d'entre nous doivent donc lutter de toutes parts : contre une importante section chinois qui fait la fierté du chef d'établissement, contre une seconde langue obligatoire dès la quatrième, contre une option bilangue anglais-italien dès la 6ème, contre une option DP3 imposée manu militari par la direction (des quotas?) qui ne remporte pas toujours un grand succès auprès des élèves, ou encore une option sportive ou arts du cirque qui (dixit la personne en charge de la constitution des emplois du temps) n'est pas compatible avec le choix d'une option de langues anciennes !

 

Quant au lycée, nombre de collègues ont en charge un groupe mixte d'élèves de 1ère /Tale (souvent avec 2h hebdomadaire). Avec parfois dans le groupe des élèves qui passent le latin en spécialité.

De même la réduction d'horaires de 2 à 3 heures est en train de se répandre très rapidement, notamment pour le latin en seconde et en première.

Beaucoup de collègues se plaignent également de devoir accueillir « grands commençants » et élèves ayant commencé l'option au collège, le tout souvent avec 2 heures au lieu de trois prévues.

De nombreux lycées de centre ville sont ainsi tentés, depuis la réforme du lycée, de fermer les options langues anciennes alors même que ces options sont florissantes dans les collèges voisins.

Or quel intérêt verront encore les élèves et leurs parents à étudier les langues anciennes au collège s'ils n'ont plus la possibilité de poursuivre cette étude au lycée ?

L'abattage du bel arbre centenaire de l'étude des langues anciennes semble avoir commencé par les branches du haut. Un bûcheron expérimenté ne s'y serait pas pris autrement...



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Par fjarraud , le vendredi 24 juin 2011.

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