VIE DE LA DISCIPLINE 

Par François Gadeyne

 

L’empire d’un signe…

Françoise Waquet et l’enseignement du latin

Le 1er décembre dernier, Françoise Waquet était l’invitée de Jean-Noël Jeannenet dans l’émission Concordance des temps, sur France culture, pour évoquer l’histoire de l’enseignement du latin. Les  lecteurs de son ouvrage, Le Latin ou l’empire d’un signe (Albin Michel, 1998) retrouveront avec plaisir son érudition, sa perspicacité et son humour. C’est l’occasion de se rappeler que la place du latin et du grec dans l’enseignement n’a rien d’un évidence, mais que, néanmoins, l’occident y a puisé un langage, une vision du monde, et une identité.

L’émission peut être podcastée sur le site de France culture.

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissi[...]


Questions d’écriture

L’alphabet latin est-il impérialiste ?

L’alphabet latin, dont l’usage a accompagné les conquêtes de l’Empire romain, est aujourd’hui associé à l’impérialisme américain. Des pressions politiques importantes s’exercent sur l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) pour créer des adresses URL dans d’autres écritures. L’ICANN vient d’annoncer l’expérimenation d’URL en caractères arabe, chinois, perse, russe, hindi, grec, coréen, yiddish, japonais et tamoul.

L’alphabet latin serait-il un alphabet impérialiste ?

Lire l’article d’Ecrans sur ce sujet, et l’annonce de l’ICANN.

http://www.ecrans.fr/Extension-des-domaines-d-Internet,2329.html

http://www.icann.org/announcements/announcement-2-09oct07.htm

 

Un article intéressant du Monde diplomatique montre quelle fut la place du grec, et quelle fut celle du latin à Malte : ces langues en ont côtoyé bien d’autres. Le latin s’est imposé au quinzième siècle comme langue administrative, plus tard relayé par l’italien. Mais le mélange linguistique y est de règle depuis toujours, et le maltais est une langue originale, une vraie langue littéraire. Depuis 1934, le maltais, langue sémitique s’écrit en caractères latins, cet alphabet ayant été imposé par Londres…

http://www.monde-diplomatique.fr/2007/10/VANHOVE/15246

 

Le musée Champollion-Écritures du monde de Figeac ouvre ses portes : grâce à de vraies trouvailles architecturales, les écritures s’offrent à la découverte des visiteurs.

Lire l’article des Échos du 12 novembre 2007.

http://www.lesechos.fr/info/metiers/4632614.htm

 

Un dossier de la BNF est consacré aux écritures du monde : un véritable voyage, par le stylet, le calame, le pinceau et autres crayons !

http://classes.bnf.fr/dossiecr/ci-etrus.htm


Les Lettres classiques et la réforme de Bergson

« Je me fous des humanités! »

C’est le maréchal Foch qui aurait prononcé cette phrase au cours du scrutin qui fit entrer Paul Valéry à l’académie française, en 1925. Dans un bel article, très bien documenté, Michel Jarrety nous replonge dans la querelle sur les humanités, qui eut lieu dans les années 1920. Il nous rappelle que Bergson proposa une réforme au ministre de l’instruction publique, Léon Bérard, et qu’il prit alors la défense des langues anciennes, dans une communication, intitulée « Les Études gréco-latines et la réforme de l'enseignement secondaire », qu’il prononça devant l’académie des sciences. Avec son style inimitable, Bergson caractérise ainsi le génie de la langue grecque : « Ordre, proportion, mesure, justesse et souplesse d'une forme qui s'adapte exactement à ce qu'elle veut exprimer, plénitude et rigueur d'une composition qui rend le tout immanent à chacune des parties, mais dessine nettement chaque partie dans le tout… » : c’est l’essence même de l’esprit de l’occident. Ce jugement nourrit, à un moment critique de l’histoire de l’Europe, la réflexion sur l’identité française et celle de la Romania. L’enseignement des langues anciennes est à ses yeux indispensable : « En règle générale, je doute qu'on puisse comprendre et sentir parfaitement la littérature française si l'on ignore la littérature laine, si l'on n'a pas été initié à la littérature grecque et même, un peu, à l'art grec. »

L’article de Michel Jarrety ressuscite un moment fort de l’histoire des Lettres classiques… Il mérite vraiment d’être lu.

http://www.fabula.org/atelier.php?Bergson_et_la_r%[...]

 

Les Lettres classiques et la loi Pécresse

La loi Pécresse menace-t-elle les Lettres classiques ?

Le dispositif mis en place par la LRU (loi relative aux libertés et responsabilités des universités) ne menace pas directement les Lettres et les langues anciennes ; néanmoins, l’inquiétude n’est pas totalement absente chez les étudiants et chez les enseignants littéraires. Pour quelles raisons ?

   Les présupposés idéologiques de la loi, et les critères d’évaluation des performances des universités : les soucis de productivité et de mise en concurrence, le recours aux financements privés, sont-ils compatibles avec les formations littéraires ? Ces études ont besoin de ce que les anciens appelaient otium, ou scholè, le « loisir studieux », c’est-à-dire le temps et le recueillement nécessaires à la réflexion, à l’assimilation, et à l’invention…

   La distinction entre filières « sans débouchés » et filières « à débouchés » peut elle aussi s’effectuer selon des critères contestables, sachant que nombre de diplômés de Lettres classiques s’orientent vers des carrières qui ne sont pas strictement littéraires (administration, culture, journalisme, etc.), forts de leur culture classique.

   la réduction du nombre des membres du conseil d’administration menace la représentation des disciplines dont les effectifs sont inférieurs – comme les Lettres classiques justement.

Citons le témoignage de Lucie, étudiante en première année de master de lettres classiques : « Moi je suis pour le principe de la réforme, mais je veux des garanties que des filières comme la mienne ne disparaîtront pas car elles n’attireront pas les ronds du privé. On n’arrête pas de me dire que le latin et le grec, ça ne sert à rien » (Libération, 23.11.2007). Citons aussi le témoignage de Kahina, également étudiante en master de lettres classiques : « Je ne crois pas que des disciplines disparaîtront, mais le contenu des enseignements est menacé. Et si les lettres classiques ne sont pas rayées à la Sorbonne, elles le seront peut-être dans certaines facs de province... » (Le Monde, 26.11.2007)

http://www.liberation.fr/actualite/societe/293260.FR.php

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1[...]


Robin des airs

Du grec et du latin sur Second life

Robin Delisle continue d’imaginer des moyens de développer les langues anciennes hors les murs. Présent sur Second life depuis plusieurs mois, il a créé pour le latin et le grec un espace, dans la région d’Almo Bay. Mais il n’y a plus de place sur le sol : alors il s’est installé dans le ciel, où il a créé… un jardin. Sur le Portique, il explique les moyens de s’y rendre. Inutile de louer un ballon ou une fusée : tout se passe entièrement sur internet, et il suffit de se téléporter sur les lieux ! Et le maître de ces lieux y est présent deux heures par semaine.

http://www.portique.net/



 

Par FGadeyne , le samedi 15 décembre 2007.

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