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Brèves de lycée 

Français au lycée : les problèmes demeurent

Dans une lettre adressée le 6 janvier 2020 au Comité de suivi, le ministre de l'Education nationale annonce une modification du programme de français au lycée : 20 à 24 textes à étudier en voie générale, 13 à 16 en voie technologique, programme d'œuvres renouvelé par quart et non par moitié. L'allègement était demandé et attendu depuis des semaines. Tardive, l'annonce pose des difficultés d'équilibrage des progressions annuelles. L'information a été diffusée par voie médiatique au lieu d'être officiellement transmise aux enseignant.es : beaucoup voient là de la désinvolture et du mépris. Sur le fond, le programme reste contesté comme normatif, rétrograde, élitiste, tandis que le ministre défend ses exigences : il a été « conçu pour transmettre des savoirs disciplinaires et interdisciplinaires de qualité à nos élèves ». Une nouvelle pétition est lancée pour demander la révision en séries technologiques d'un programme qualifié de « monstrueux » : « Il est temps de tenir compte de la réalité, celle que les professeurs connaissent. Il est temps d'admettre que ce programme a été mal conçu, qu'aucun élève ne comprendra une œuvre intégrale ou un parcours en ayant étudié deux textes de cette œuvre ou de ce parcours ! Il est temps de privilégier la qualité à la quantité ! Il est temps de ne pas confondre élèves de première et étudiants en lettres, et de ne pas prendre les enseignants de lettres pour des magiciens ! »

La lettre de Jean-Michel Blanquer au comité de suivi 

« La copie est à revoir » : pétition sur le programme de séries technologiques 

Dans le Café pédagogique : faire face aux nouveaux programmes

Dans le Café pédagogique : Au secours !

Dans le Café pédagogique : Un programme pour les héritiers ?


Français lycée : Préparer la question de grammaire

Comment préparer les élèves à la question de grammaire à l'oral de français du baccalauréat ? Sur la page Lettres de l'académie de Grenoble, Céline Saluzzo et Laetitia Agut, enseignantes au lycée Renée Perrin d'Ugine, proposent des exemples de séances de langue et une progression en grammaire. Au menu : la phrase, en lien avec « la clarté ou l'art de la maxime » chez La Fontaine, « la circonstancielle au service du conteur », « la négation » dans des textes de Beaumarchais et Molière … En fin de séquence, des « moments de langue » sont mis en œuvre pour « permettre à l'élève sur le mode de la coopération, en binôme, de faire les remarques nécessaires sur une phrase. » Conseils : « avoir une pratique régulière de ce type d'exercice afin que cela devienne une habitude pour les élèves. Cela peut prendre quinze minutes (au maximum) à l'issue d'une explication de texte. »

Exemples 

Interview des enseignantes 


Claire Raffin : Aider à lire les œuvres difficiles

Comment amener les élèves à lire et travailler les œuvres, souvent longues et/ou difficiles, qui sont  au programme de français en 1ère ? Claire Raffin enseigne le français dans l'Unité Soins Etudes du Grésivaudan à des élèves qui ont été en rupture de scolarité. Pour leur permettre d'explorer « La Princesse de Clèves », elle leur a donné à lire des passages « incontournables » de l'œuvre et leur a proposé des résumés du reste du roman. Les parties obligatoires sont accompagnées de questions de compréhension, et les réponses sont remises au terme de la période de 3 semaines consacrée à la lecture. « Les deux tiers des élèves, constate Claire Raffin, ont rendu un travail » qui parait « applicable à une classe ordinaire », car il « dédramatise l'effort » : « il y a un effort de lecture à faire, mais il est circonscrit (longueur du texte), guidé (questions) et limité dans le temps. »

Le dispositif sur le site Lettres de l'académie de Grenoble 


Marlène Piteau : Enregistrer et partager des oraux de lecteurs

Comment préparer le nouvel entretien de l'oral de français au bac ? Et si les élèves enregistraient et partageaient leur présentation de l'œuvre qu'ils ont choisie ? Cette modalité de travail est explorée par Marlène Piteau au lycée Rosa Parks de la Roche-sur-Yon. Les présentations individuelles sont publiées sur une audiothèque en ligne pour favoriser un entraînement coopératif et donner des idées de lectures. Consignes : 1 minute pour présenter l'auteur et l'œuvre, puis une justification du choix avec identification du genre et suggestion de phrases amorces (ce roman ressemble à un miroir promené le long d'un chemin, ce roman nous renseigne sur la réalité, les personnages de ce roman nous renseignent sur nous-mêmes, c'est un roman d'apprentissage, ce roman est particulièrement bien construit…). Sur la page des Lettres de l'académie de Versailles, Daphné Jacamon présente aussi une démarche pour développer les capacités de l'élève à mener un « oral de lecteur ».

Marlène Piteau : Les enregistrements en ligne

Daphné Jacamon : L'oral du lecteur


Claire Tastet : Journaux intimes de personnages en 2nde

A Tours, au lycée Jacques de Vaucanson, les 2ndes de Claire Tastet ont réalisé un joli coup éditorial : ils ont « découvert » les journaux intimes de personnages du roman d'Emile Zola, « Thérèse Raquin », paru en 1867. Voici leur présentation : « Le saviez-vous ? Thérèse Raquin et son amant Laurent écrivaient leurs journaux intimes. Retrouvés par hasard dans les décombres d'un vieil immeuble démoli lors des travaux de restructuration du Passage du Pont Neuf à Paris, les deux journaux ont été édités par la classe de 512. Lisez-les et vivez le quotidien de deux criminels en proie à la folie. ». Ces écritures d'appropriation sont rassemblées dans des livres numériques en ligne.

Sur le site du lycée 

Claire Tastet dans Le Café pédagogique 


Philippe Maurel : écriture visuelle d'appropriation

Professeur de français à Montreuil au lycée d'arts appliqués Eugénie Cotton,  Philippe Maurel  a invité ses élèves à réaliser des affiches pour la pièce de Musset « On ne badine pas avec l'amour ».  La mission était d'éclairer le propos de l'œuvre par un travail visuel. Dans cette écriture d'appropriation plastique, les créations soulignent les oppositions entre les personnages, mettent en évidence des éléments significatifs de la pièce, cherchent à « symboliser les dangers ou les fragilités du sentiment amoureux »… Explications de Philippe Maurel sur les enjeux et les productions des élèves …

« Alors, en plus de transmettre à mes élèves des connaissances et des outils littéraires, je cherche d'abord à leur permettre une lecture sensible des œuvres que nous étudions. Passer par des réalisations plastiques peut-être une manière d'y parvenir. Je travaille à Montreuil dans un lycée d'arts appliqués ; tous mes élèves, secondes ou premières, préparent un bac STD2A, ils sont donc plutôt enclin à apprécier les activités plastiques mais ne sont pas toujours aussi doués qu'on pourrait le penser ; je pense que d'autres élèves de filières générales, technologiques ou professionnelles pourraient pratiquer le même type d'activités. Parfois, mes collègues d'arts appliqués interviennent pour les aider à réaliser ce que je leur demande mais pas systématiquement.

Au début de l'année de seconde, dans le cadre de l'objet d'étude sur « récits et romans », je leur avais déjà demandé de réaliser des cartes de jeux (type cartes pokémon) correspondant à certains personnages des « Liaisons dangereuses » alors que nous avions entamé un parcours de lecture. Il s'agissait, en plus d'en réaliser les portraits, d'attribuer à chacun personnalités, caractères et pouvoirs, en sachant qu'on avait essentiellement travaillé sur le style et les armes linguistiques de chacun. C'était plutôt une réussite.

Avant les vacances de Noël, on s'est lancé dans une lecture intégrale d'« On ne badine pas avec l'amour ». J'ai choisi cette pièce parce que c'est une pièce singulière dans le répertoire, avec un chœur, ce qui permet donc de questionner la nature et les origines du théâtre, mais aussi parce qu'elle traite des sentiments amoureux chez deux jeunes gens. Rapidement, les élèves se sont orientés vers deux lectures : l'une privilégiait l'opposition entre la foi de Camille et la rationalité de clerc de Perdican, l'autre les craintes de Camille et les dangers de l'amour.

En cours de séquence, je leur ai demandé de réfléchir, puis de réaliser une affiche pour la pièce. La consigne était d'abord qu'on puisse comprendre le propos de la pièce par leur travail. Avec mes collègues d'arts appliqués, on les a plutôt orientés vers un travail graphique sur le titre, qui est long, donc intéressant à travailler, plutôt que sur la représentation des personnages (ce qu'ils avaient fait pour « Les Liaison dangereuses »). On leur a montré les lignes graphiques de certains théâtres, en privilégiant l'idée qu'on pouvait dire des choses avec des moyens assez simples.

Certains ont fait leurs affiches à la main, d'autres les ont réalisées numériquement avec des logiciels adaptés (ils sont plusieurs à avoir utilisé des silhouettes pour représenter les personnages). Nombreux sont ceux qui ont joué de la symétrie présente dès la scène d'exposition et soulignant l'opposition Camille/Perdican ; d'autres ont utilisé des éléments du décor ou des objets significatifs (la fontaine, le billet), représenté une scène importante (la scène à témoin caché) ; enfin d'autres on plutôt cherché à symboliser les dangers ou les fragilités du sentiment amoureux (un coeur-grenade, un coeur-puzzle) avec pas mal de réussite. Au final, je suis très content de leur travail, j'ai même été surpris par les trouvailles de certains, et, dans l'ensemble, leurs affiches m'ont confirmé qu'ils avaient plutôt été des lecteurs intéressés et attentifs de la pièce. »

Les productions en ligne 


Hélène Paumier : poèmes-portraits de personnages

L'écriture d'appropriation inviterait-elle à réconcilier les genres littéraires ? Les 1ères d'Hélène Paumier, au Lycée Pilote Innovant International de Poitiers, ont ainsi témoigné par l'écriture poétique de leur lecture du roman de Yourcenar les « Mémoires d'Hadrien ». Les élèves ont commencé l'étude par un arpentage et l'ont prolongée par des poèmes-portraits de personnages inspirés d'une contrainte oulipienne de Jacques Jouet : 11 vers libres avec des démarreurs comme « Je vois... Je sais...  Je remarque... Je souligne... J'ignore.... Je pense... ». Cette fort belle effervescence de lecture et d'écriture, tout à la fois intimes et collectives, a été partagée sur le site i-voix des 1ères du lycée de l'Iroise à Brest. L'écriture d'appropriation inviterait-elle aussi à relier les classes ?

En ligne 


Mathias Szpirglas : Les notions dont vous êtes le héros

Comment favoriser la compréhension de notions théoriques ? Par la scénarisation et le partage, propose Mathias Szpirglas, enseignant à l''Université Paris-Est Marne-la-Vallée : un module et un atelier d'écriture conduisent les étudiant.es à écrire « le roman dont vous êtes le héros ». L'idée, explique t-il, est de rendre l'histoire « accessible à n'importe qui qui n'aurait pas été formé au propos du cours ». Des références en notes de bas de pages doivent expliquer les notions abordées. L'innovation, développée depuis 6 ans, a reçu un certificat d'excellence au concours « Passion Enseignement et Pédagogie dans le supérieur ». Une démarche adaptable dans différents niveaux et disciplines ?

Présentation en ligne 



Par fjarraud , le dimanche 09 février 2020.

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