Le rendez-vous des Lettres 

 

 

Le séminaire national sur les métamorphoses de la lecture

Le grand rendez-vous annuel des Lettres intitulé « Les Métamorphoses du livre et de la lecture » se tient, du 21 au 23 novembre, à la Bibliothèque Nationale de France. Pendant trois jours, enseignants, universitaires, chercheurs et inspecteurs pédagogiques vont échanger autour de la question de l’avenir de l’écrit et du livre à l’heure du numérique.

 

Sont envisagés, au cours du séminaire, les rapports entre le texte et son auteur, l’éditeur et l’écrivain, entre l’œuvre et l’édition, les modalités de passation des textes,  mais aussi les transformations du texte littéraire et de son sens en fonction des supports.  Les enseignants sont invités à multiplier et diversifier  les différentes pratiques de lecture, notamment en classe, qui peuvent faire appel à la voix, au corps, à l’image.  C’est l’occasion d’encourager les pratiques de lecture à voix haute dans le second degré.

Les réflexions sont une tentation permanente d’allier la tradition et l’innovation. Si l’école ne déroge pas à sa mission éternelle de transmission du savoir et du patrimoine culturel, elle ne doit pour autant pas fermer ses portes à l’innovation. Par innovation, entendons à la fois l’innovation sur le fond, en songeant à la diversité des textes contemporains et dans la forme avec le déferlement du numérique et son impact sur la lecture. Il n’y a donc pas lieu d’opposer le numérique au livre. Ce postulat une fois posé, les interventions vont pouvoir s’enchaîner. Jean-Michel Blanquer, dans son allocution d’ouverture, souligne que le numérique peut être l’occasion de réaliser  - mieux que par le passé - l’idéal socratique d’interaction entre l’enseignant et ses élèves. Le numérique comme modalité nouvelle du dialogue.

Erick Roser, Doyen de l’inspection générale de l’Education Nationale, explicite l’intitulé choisi pour le séminaire de cette année : Lire, écrire, publier à l’heure du numérique. Il s’agit d’un écho fort au nouveau programme de Lettres en Terminale qui remet à l’honneur exigences littéraires et souci d’ouverture.

 

Le séminaire de cette année s’inscrit parfaitement dans la continuité de son prédécesseur. L’objet livre fait toujours sens, a des prolongements et des résurgences. Ses métamorphoses ont évidemment des conséquences sur le renouvellement des pratiques pédagogiques. Il apparaît donc nécessaire de travailler à la complémentation des compétences à  faire acquérir aux élèves et aux enseignants.

 

Christian Jacob, directeur de recherches au CNRS et à l’EHESS, « l’histoire du livre et de ses métamorphoses », fait connaître un nouveau livre qui, selon lui, incarne l’avenir de l’écrit. Plus fort que l’ebook, plus riche que le Kindle… le « livre vivant ». Dans la lignée d’une expérimentation québécoise, les livres s’incarnent en des êtres que l’on emprunte pour  une durée déterminée, assez courte, et qui répondent aux questions toujours particulières des lecteurs.  Et cette « human library » réactive trois questions essentielles :qu’est-ce qu’un livre ? qu’est-ce qu’un lecteur ? qu’est-ce que lire ? Les auditeurs sont suspendus aux lèvres de Christian Jacob, les plus connectés cherchent avidement sur Google des informations complémentaires. L’idée est novatrice tout en faisant appel à la tradition multiséculaire de l’oralité du texte.

 

Marie-Odile Germain, responsable de fonds littéraires contemporains au département des manuscrits de la BNF, émerveille la salle en affichant des manuscrits d’auteur : Hugo, Sartre, Stendhal… Les manuscrits sont traités comme textes en puissance, ou en genèse, et n’existent comme tels que depuis le 18e siècle. Rousseau fut l’un des premiers à avoir conservé ses manuscrits d’auteur, et on ne s’en étonne pas quand on connaît Jean-Jacques. Les manuscrits sont en quelque sorte laissés à la Providence, soigneusement calligraphiés, insérés dans un étui. Les écrivains commencent maintenant à réfléchir au destin de leurs manuscrits. Cela suppose un contact parfois difficile : regard de l’autre, désir de survie posthume, peur de montrer ses hésitations ou ses failles.

 

Le rendez-vous des Lettres sur internet :

http://pnf-lettres.crdp.ac-versailles.fr/

 

 

Sur le site du Café
Par fsolliec , le mardi 22 novembre 2011.

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