Une plate-forme collaborative en Français : quels usages pour quelles pratiques ? 

 

 

Par Delphine Regnard

 

L’ENT se généralise de plus en plus en France, de l’élémentaire au supérieur. Qu’en est-il de sa prise en main au collège et au lycée en classe de lettres ? Si l’accompagnement technique est nécessaire, il semble aussi qu’il faille initier de bons usages (c’est ainsi qu’Eduscol nomme sa page consacrée au bureau virtuel) fondés sur une réflexion pédagogique de l’outil. En effet, un certain nombre de questions se posent avec l’asynchronie et l’ubiquité permises, l’utilisation de nouveaux formats tels les formats audio et vidéo. Il reste à trouver la spécificité et l’utilité de chaque outil pour que, au-delà des fantasmes, soit trouvée une meilleure collaboration de tous, éducateurs, parents et élèves.

 

 

Nous avons donc cherché à savoir quels pouvaient en être les usages pédagogiques pertinents en classe de Lettres. Nous avons ainsi interrogé trois enseignants sur leurs pratiques : Laurent Blanquer, Professeur de Lettres Histoire au Lycée hôtelier Biarritz Atlantique, Philippe Godiveau, professeur de lettres en collège, académie d’Orléans-Tours, et Jean-Michel Le Baut, professeur de lettres au Lycée de l'Iroise à Brest. Tous les trois ont une certaine expérience du bureau virtuel et utilisent la plateforme Moodle depuis plusieurs années (plateforme d’apprentissage en ligne très utilisée dans le supérieur).

 

Fonctionnalités de la plate-forme et bénéfices pédagogiques

Tous les trois s’accordent à souligner l’intérêt premier de la plateforme : la mutualisation des documents au service de l’individualisation du travail de l’élève et de son apprentissage de l’autonomie. Enseignant dans des niveaux et filières différents, que pensent ces trois professeurs de l’outil utilisé en français ?

 

Ph. Godiveau : « Tout d’abord, l’utilisation de la plateforme Moodle attire l’enseignant par la facilité avec laquelle il peut déposer et mettre à disposition de ses élèves des documents de natures différentes. Cela peut sembler anodin à l’heure où les Tic se généralisent au sein des classes, mais comment ne pas évoquer le bénéfice que tireront les élèves d’une étude de scène de théâtre entamée non pas à travers un polycopié et le texte mais avec une vidéo permettant un retour aux sources, l’exploitation du théâtre comme spectacle à voir et entendre ? Comment ne pas profiter de Moodle pour proposer à une classe plusieurs interprétations d’un même texte poétique et partir d’une comparaison entre les deux prestations pour nourrir une lecture analytique ? Cette première fonction est, ce me semble, le fondement même de l’utilité de ce type de plateforme. 

Les fonctionnalités de Moodle peuvent même favoriser un renouveau de certaines activités de classe. Je prendrai comme exemple le Wiki et l’écriture collaborative que j’ai pu expliquer dans le détail sur le site académique de Lettres. Cette pratique place l’élève non pas comme le garant unique de son écrit mais un des co-auteurs d’une œuvre plus importante où il partage le pouvoir de décision avec ses pairs. L’activité d’écriture est alors placée sous le signe du partage, de la négociation et devient complémentaire de celles pratiquées plus traditionnellement dans le cadre de la classe.

Enfin, pour ne pas nous perdre dans un inventaire à la Prévert, j’évoquerai les forums, espaces de discussions où les rôles respectifs enseignant-élèves sont redéfinis où certains, timides en classe, osent prendre la parole, argumenter et se montrer très persuasifs. Quel magnifique outil pour parler de la littérature, pour écrire à son sujet ou pour entamer un travail préparatoire à une lecture analytique partant non pas des directives de l’enseignant mais des réactions des élèves à la lecture du texte. La parole donnée à tous ne demande alors qu’à être canalisée par l’enseignant qui modère le propos tout en le laissant libre. La relation à la classe devient autre mais elle aboutit à ce que tout professeur recherche : l’autonomie de son élève face au texte.»

 

L. Blanquer : « En français, j’utilise principalement l’ENT pour l’accompagnement personnalisé. L’outil me permet de centraliser les supports utilisés en groupe. Ces supports peuvent être traditionnels (fiche d’exercices au format pdf, word ou html) que l’élève va compléter en ligne ; interactifs (exercices créés sous Hotpotatoes par exemple) ; des liens vers d’autres sites ou applications web (j’utilise beaucoup les outils du site CCDMD)

L’utilisation de l’ENT dans ce cadre permet de mieux individualiser les parcours : les élèves ont à leur disposition des outils divers correspondant à leurs besoins. Ils utilisent ces outils à leur rythme et ont, pour les supports interactifs, un retour d’expérience qui leur permet souvent de corriger eux-mêmes leurs erreurs. La dimension « ludique » de certains outils interactifs convient tout à fait à un travail de remédiation. Les élèves s’engagent plus facilement dans le travail proposé. 

En histoire-géo, j’utilise l’ENT comme un complément de cours, pour proposer aux élèves un prolongement de la séquence. Je peux mettre ainsi en ligne des liens vers des sites complémentaires, des vidéos ou podcasts en relation avec le thème traité. Je peux également ponctuellement proposer des QCM de révision.

Jusqu’à l’adoption du cahier de textes numérique (rentrée 2011), l’ENT était également utilisé pour mettre en ligne les documents et supports de cours (diaporamas et éventuellement cours du professeur).

Lorsque je suis absent pour des raisons professionnelles (participation à des échanges européens par exemple) pour une période de plusieurs jours, je donne aux élèves des travaux à rendre en ligne. Cette fonctionnalité est très utile, car les élèves sont tenus de déposer leurs devoirs dans un temps imparti. Passé le délai prévu, il ne leur est plus possible de soumettre leur travail, et l’enregistrement des dépôts évite toute contestation (ce qui est souvent le cas lorsqu’un élève m’envoie un devoir en pièce jointe par mail). Tous les devoirs sont centralisés dans un même espace, et il est possible de communiquer aux élèves les notes obtenues dans ce même espace.

Les forums de chaque espace de cours sont également utilisés par les élèves pour demander des précisions sur le travail à faire, pour obtenir des conseils méthodologiques. Les réponses ainsi apportées profitent à l’ensemble de la classe, et non à un seul élève comme c’est le cas quand cette demande est faite par mail ou par texto. Les messages postés sont archivés et consultables par tous sans limite de temps.»

 

J.-M. Le Baut : « Au fur et à mesure que nous avançons dans le programme, j’y dépose à destination des élèves des fichiers divers : supports qui ont nourri le cours (le texte étudié, les images analysées, des extraits vidéos utilisés …), documents qui ont été collectivement produits pendant la séance (par exemple, ce qui est particulièrement précieux, les textes annotés ou les tableaux remplis à l’aide du TBI), éléments qui en constituent un prolongement (textes littéraires, sites internet …). Mais le partage va dans les deux sens : les élèves sont régulièrement amenés  à m’y déposer des fichiers variés : travaux d’écriture (notamment d’invention),  diaporamas (par exemple sur l’histoire littéraire), enregistrements MP3 (exercices de lecture à voix haute ou même oraux blancs du bac de français) … »

 

Bénéfices et limites de l’ENT : retours d’expériences

Le bureau virtuel a donc permis de réels usages pédagogiques, au-delà de la solution technique apportée, des usages qui furent nouveaux pour certains d’entre eux. Cependant, l’accompagnement dans la prise en main technique est nécessaire : nouvel outil, nouvelles pratiques, nouvelle réflexion pédagogique. Quels projets les trois enseignants ont-ils pu mener grâce à cet outil ?

 

Ph. Godiveau : «Bien sûr, le propos précédent pourrait laisser croire à un soutien sans faille voire sans discernement. Moodle est un outil comme un autre avec ses qualités et ses défauts. Je commencerai, si vous le permettez, par un recensement des apports de cette plateforme à ma pédagogie. Par rapport aux autres types de site, Moodle rend possible un suivi des élèves à travers les activités proposées très pointu. Ainsi, il facilite l’évaluation formative, la constitution de groupes de besoin et donc l’aide apportée aux élèves. L’enseignant peut suivre l’évolution de chacun et surtout mesurer l’impact d’un cours de manière objective.

C’est également la mémoire du cours qui se voit améliorée. J’ai déjà évoqué le dépôt de fichiers issus de l’exportation avec le TBI. Mais l’ENT ou Moodle va plus loin et favorise le retour sur les connaissances en laissant à disposition de l’élève un nombre de ressources illimité auquel chacun a accès comme il le souhaite. La personnalisation des ressources et des modes de restitution devient ainsi un élément phare comme, par exemple, le glossaire qui permet une appropriation personnelle des notions littéraires.

  Néanmoins, il faut raison garder car Moodle n’est pas exempt de défauts qui sont inhérents à sa nature. Ainsi, la puissance de l’outil le rend assez complexe pour le professeur néophyte tout comme pour l’élève qui doit comprendre le principe de l’inscription à un cours et, plus largement, qui doit être accompagné dans sa découverte de cette nouvelle manière de travailler. Pour l’enseignant, le recours à ce type de plateforme nécessite une grande rigueur quant à la planification des activités : délais donnés, types de réalisation, méthode d’analyse, retour sur le travail avec les élèves.  Le risque est qu’en voulant trop bien faire l’enseignant se perde dans une surabondance d’activités et perde également son élève. Enfin, en se projetant un peu dans l’avenir, on peut envisager un autre écueil, celui de la surenchère didactique. Quand la majorité des enseignants auront intégré Moodle à leurs pratiques pédagogiques, l’élève ne risque-t-il pas de crouler sous les documents, les ressources, les activités ? Ne faudra-t-il pas définir des limites à l’utilisation même de ce type de plateforme ? 

Moodle ne remplacera jamais la lecture expressive pleine de passion d’un enseignant qui saura ainsi captiver ses élèves, Moodle ne pourra jamais à lui seul proposer un regard décentré sur un élève dont le problème relève de la différenciation pédagogique. Non, le problème est ailleurs, dans la compréhension de ce que les Tic peuvent apporter en matière de plus-value pédagogique ou didactique. Elles ne sont pas vouées à remplacer telle ou telle pratique, ni même à la rendre obsolète. L’enseignant que je suis et qui se penche sur les Tic depuis une dizaine d’années, a rapidement compris que le succès résidait dans la complémentarité. L’ENT n’est pas une fin en soi, c’est un outil qui rend possible certaines pratiques, qui, elles-mêmes, viennent à l’appui d’activités plus traditionnelles ayant fait leurs preuves de longue date.  En outre, la fréquentation assidue des Tic pousse également à la modestie et à croire plus à une alternative qu’à une panacée pédagogique.»

 

J.-M. Le Baut : « La plateforme permet, on le voit, d’utiliser et de partager des documents plus variés qu’on ne pouvait le faire autrefois dans les cours de français. Devenu un élément parmi d’autres de la textualité numérique à laquelle nos élèves sont habitués dans leur pratique quotidienne d’internet, le texte est aussi devenu un support pédagogique parmi d’autres (images, vidéos, sons, hyperliens  …) : il serait inenvisageable par exemple d’imprimer un diaporama, outil que les profs désormais utilisent fréquemment et que les élèves eux-mêmes aiment construire.  Dès lors aussi, s’ouvrent de nouvelles possibilités de travail. Les élèves peuvent écrire plus souvent, avec un vrai destinataire puisqu’ils mettent à disposition leurs textes, qui pourront être ensuite retravaillés : il me semble que trop souvent encore à l’école l’écriture, en particulier d’invention, n’arrive qu’en fin de séquence et sous la forme d’une évaluation, dès lors elle constitue trop peu l’objet voire l’instrument d’un apprentissage, et Moodle facilite de tels dispositifs.  C’est la créativité qui d’une certaine façon est aussi un peu libérée : plutôt que d’être soumis à un contrôle traditionnel, les élèves vont par exemple témoigner de leurs lectures en m’adressant via la plateforme des réalisations originales comme l’enregistrement d’une scène jouée ou la production d’une nouvelle couverture.

 

Les intérêts, didactiques et pédagogiques, sont on l’a vu nombreux. La participation des élèves, régulière, en témoigne. Moodle contribue, avec bonheur, à libérer l’apprentissage de l’espace-temps de la classe et favorise la continuité pédagogique.

Cependant la plateforme suppose que l’enseignant s’impose de bons usages, par exemple donner aux élèves un délai suffisamment long (plusieurs jours minimum) pour récupérer ou transmettre un fichier, de façon à éviter de pénaliser ceux qui ne disposent pas chez eux de l’équipement et de la connexion nécessaires. 

Un risque pourrait être aussi la tentation pour un professeur de vouloir diffuser aux élèves encore plus de choses, donc de les assommer de trop de documents supplémentaires : il serait dommage que la plateforme, normalement d’échange, devienne le lieu d’une transmission purement verticale et d’une « surcharge cognitive » ! Un problème pourrait surgir de la concurrence avec d’autres outils (le cahier de textes numérique ou les blogs d’enseignants par exemple),  qui sont a priori complémentaires, mais qui peuvent amener certains collègues à percevoir Moodle comme une charge de travail lourde et inutile.  La limite principale est peut-être cependant la suivante, plutôt une interrogation d’ailleurs. La plateforme est fermée, réservée à ceux qui ont les codes d’accès ; on ne peut pas y travailler avec par exemple des élèves d’autres établissements. Il serait dommage que l’école construise à nouveau des murs, fussent-ils virtuels, qu’elle limite les échanges au professeur et à ses élèves, au moment même où internet ouvre de façon illimitée le champ de la culture et donc celui de l’apprentissage…

 

Mutualisation et projets : de la classe à l’Europe

C’est grâce aux projets qu’il permet de mettre en œuvre que l’ENT se déploie de façon pertinente. Ainsi  l’interactivité de la plateforme permet une meilleure collaboration entre élèves d’une même classe, d’un même établissement voire avec des élèves d’autres pays européens et assure un accompagnement de l’élève dans ses démarches.  On peut aussi souligner son apport dans l’aide aux élèves affectés d‘un handicap. Comment Ph. Godiveau, J.M. Le Baut et L. Blanquer ont-ils trouvé les moyens de mettre en place une collaboration efficace ?

 

Ph. Godiveau : « Tout d’abord, l’écriture collaborative car elle remet en cause toutes les pratiques développées avant l’apparition des CMS soutenant les blogs ou les Wiki. Un élève entame un récit que d’autres avec lui complèteront au fil de chapitres où ils auront à partager leur pouvoir d’auteur. Quelle révolution pour des élèves qui, en principe, doivent produire un texte dans un format donné (sujet, horaires…) et dont ils sont les garants d’un bout à l’autre ! Quelle révolution pour l’enseignant qui doit trouver sa place non plus comme garant d’une parole normée mais comme un modérateur aiguillant ses élèves, ou ceux des autres car Moodle permet de travailler avec des élèves que l’on n’a pas forcément dans sa classe. L’ensemble de la situation d’écriture est revue de fond en combles comme lorsqu’au détour du CDI, je me suis aperçu, un jour, que trois élèves écrivaient ensemble un chapitre du roman en négociant pied à pied chaque élément et en se posant, sans s’en douter, bon nombre de questionnements très littéraires.

Mais si Moodle et les ENT permettent des avancées, c’est aussi dans l’accueil des élèves handicapés et plus particulièrement de ceux souffrant de troubles spécifiques du langage (plus connus sous le nom de « Dys »). En effet, de quoi avons-nous besoin pour répondre à leur handicap, si ce n’est de supports alternatifs alliant son, texte, image… ; mis à leur disposition sous des formats aisés à consulter.  Créer un « livre audio » avec Moodle est assez simple. Construire une activité de préparation de la dictée pour dédramatiser cet exercice est facilité. Si ces plateformes avaient à justifier de leur existence, je crois qu’indéniablement c’est dans ce domaine que l’argument serait le plus marquant. La technologie ne vit pas que pour elle-même ou au titre parfois réducteur de la motivation des élèves, elle existe pour répondre à des besoins, pour offrir une « béquille pédagogique » à ceux qui en ont le plus besoin et des solutions aux enseignants. »

 

J.-M. Le Baut : «L’usage d’une plateforme aide à reconstruire la relation pédagogique dans un sens plus interactif.  Les échanges sont réguliers : il m’arrive d’adresser via Moodle des courriels aux élèves pour préciser une consigne ou transmettre une information importante ; les élèves eux-mêmes m’écrivent pour poser une question,  ou m’alerter sur un problème technique, scolaire, voire personnel. Entre eux aussi, ils sont aussi amenés à communiquer et collaborer davantage : la plateforme permet de mettre en place des forums,  des wikis, des espaces où ils vont pouvoir travailler en groupes (y compris de chez eux !) par exemple pour un exposé, une création collective, un T.P.E. ; les travaux rendus sont parfois ouverts à la lecture par tous, ce qui permet de mettre en place des dispositifs d’évaluation par les pairs, très formateurs. »

 

L. Blanquer : « Après trois années d’utilisation confidentielle de la plateforme, nous avons décidé de repenser les usages pour inciter l’ensemble des enseignants à s’approprier l’outil. Nous avons souhaité utiliser l’ENT comme l’élément central du système d’information du lycée. Outre l’agrégation des services cités précédemment, nous avons choisi d’utiliser la page d’accueil de l’ENT comme mur d’information. Nous diffusons des brèves qui concernent l’ensemble de la communauté scolaire. Nous avons également créé des espaces dédiés aux enseignants où les principaux documents administratifs peuvent être téléchargés, dans un souci de dématérialisation des documents et de préservation de l’environnement. Des menus déroulants permettent d’accéder aux principaux sites institutionnels et à un répertoire de liens utiles. Nous avons également créés des espaces de cours d’autoformation aux TICE avec des tutoriels vidéo. L’objectif était d’amener progressivement les enseignants à s’approprier l’outil pour ensuite l’utiliser dans leur pratique pédagogique. Il s’agissait également d’amener les élèves à consulter régulièrement la plateforme.

Nous avons également utilisé Moodle dans le cadre de projets européens. Cet espace s’est révélé particulièrement utile en amont pour préparer les rencontres, dialoguer via les forums (indispensable car une trentaine d’enseignants étaient impliqués dans un projet, une communication par email aurait été impossible), créer et échanger des documents (sous forme de wikis ou de documents plus traditionnels). Chaque délégation a disposé d’un espace pour présenter son pays et son établissement. L’ENT a également été utilisé comme trace et vitrine du projet: toutes les productions des élèves ont été mises en ligne. Chaque élève a personnalisé son profil et s’est présenté en créant une page de blog (fonction un peu sommaire sous Moodle, mais suffisante pour le projet). Les élèves ont également pu échanger dans les forums. Tous ces échanges ont été réalisés en anglais. Enfin, des activités particulières ont été menées en classe sur la plateforme et lors des rencontres (réalisation de webquests, exercices à trou, commentaires de dessin de presse). »

 

Une relation professeur-élèves refondée ?

Chaque outil TICE tend à repenser les rapports entre professeurs et élèves. S’il faut prendre garde à réfléchir à la dimension chronophage de l’outil, celui-ci semble néanmoins précieux dans le réseau social qu’il crée de fait par l’horizontalité des relations : on a la possibilité technique de sortir enfin du cours magistral et vertical, il serait dommage de ne pas la saisir. C’est la conclusion à laquelle arrivent ces trois professeurs lorsqu’on les interroge sur le déplacement de leur posture d’enseignant.

 

Ph. Godiveau : « Dans la relation avec les élèves, on ne peut que se féliciter de l’émergence de Moodle et des ENT. Le cours peut se poursuivre selon différentes modalités au-delà de la seule heure de cours, au-delà de la simple salle de classe. Un dialogue riche peut s’instaurer, des personnalités, des réflexions très intéressantes se faire jour. Attention cependant, ces activités demandent du temps, de l’investissement de la part de chaque enseignant mais les élèves ne sont pas dupes et le ressentent très bien. Il se dégage alors une forme de « reconnaissance » _ dans tous les sens du terme_ pour le travail accompli qui se concrétise par ce saint Graal dont toute la littérature pédagogique tente de trouver le chemin : la motivation. »

J.-M. Le Baut : « Grâce à Moodle, le rapport entre les membres de la communauté d’apprentissage devient plus horizontal. Cette démarche, qui participe évidemment d’une pédagogie socioconstructiviste,  paraît particulièrement adaptée à la mentalité des jeunes d’aujourd’hui, habitués au web participatif : la plateforme Moodle devient une espèce de « réseau social » éducatif, un autre lieu de vie pour la classe, elle vient virtuellement prolonger le cours, elle lui est comme une caisse de résonance. »

L. Blanquer : « Les élèves sont habitués à utiliser ce type d’outils et sont extrêmement demandeurs. Ils apprécient le lien pédagogique qui se met en place (on n’est plus dans une relation frontale, mais plutôt d’accompagnement), la prise en compte de leur parole dans une relation plus “exclusive” parfois, éloignée de la pression du groupe. La continuité pédagogique répond à une très forte attente des élèves, mais aussi des familles. »

 

Ainsi, il apparaît que le professeur de français a un intérêt certain à utiliser l’ENT, réseau social de partage et d’échanges, permettant de proposer et faire faire des travaux d’écriture, de lecture, d’apprentissage de l’oral tout à fait intéressants et efficaces. L’utilisation de l’ENT n’en est qu’à ses débuts, les pratiques se multiplieront certainement dans un univers numérique de mieux en mieux maîtrisé et compris.

 

Liens :

Jean-Michel Le Baut

Moodle du lycée de l’Iroise :

http://www2.toutatice.fr/moodle-l-iroise-brest

Exemples de travaux réalisés via la plateforme :

- une production image-audio-texte autour du théâtre :

 http://www.i-voix.net/article-representer-lorenzaccio-acte-ii-scene-3-69707820.html

un wiki :

http://www.i-voix.net/article-26942630.html

 

L. Blanquer :

L’ENT de l’établissement:

http://campus.lycee-hotelier-biarritz.fr/

L’ENT du projet Comenius “Cartoons Unite Europe”:

http://comenius.lycee-hotelier-biarritz.fr/

L’ENT d’un projet Comenius en “gestation”:

http://sustainablefood.lycee-hotelier-biarritz.fr/

Site canadien d’exercices interactifs pour l’amélioration du français (CCDMD)

http://www.ccdmd.qc.ca/fr/

 

P. Godiveau : relations d’expériences sur le site académique des lettres d’Orléans-Tours

http://lettres.ac-orleans-tours.fr/?id=7139

http://lettres.ac-orleans-tours.fr/?id=7144

http://lettres.ac-orleans-tours.fr/?id=8004

http://lettres.ac-orleans-tours.fr/approches_du_handicap/

 

 

Sur le site du Café
Par fsolliec , le mardi 25 octobre 2011.

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