Le mensuel Imprimer  |  Télécharger nous suivre sur Twitter nous suivre sur Facebook

Le forum des enseignants innovants 

Par Béatrice Crabère

 

Le 4ème Forum des enseignants innovants

Pour la 4ème année, le Café Pédagogique et ses partenaires ont organisé le Forum, cette année à Lyon, les 20 et 21 mai. Un lieu d’échange, de partage, de mise en réseaux d’enseignants qui sortent du cadre de la classe pour ouvrir leur enseignement sur le monde, avec créativité, passion, et professionnalisme. Une centaine de projets étaient présentés, une douzaine récompensés.

Retrouvez les lauréats, les interviews, et le descriptif de tous les projets sur le blog :

http://www.cafepedagogique.net/communautes/Forum2011/default.aspx

Et aux infos régionales de Rhône Alpes :

http://www.youtube.com/watch?v=zBCUJ02zxag

Un article du Monde :

http://www.lemonde.fr/education/article/2011/05/2[...]

 

 

Aucun collègue enseignant de russe, cette année encore, n’a franchi le pas ; nous savons pourtant au Café qu’il y a eu des projets, dont nous avons parlé : « Objectif Russie » ou « Typo-Mag, Typo –Moscou », pour ne citer que ceux qui ont eu un peu de publicité. Une enseignante parisienne a présenté un projet à la portée de tous, faire réaliser des pages culturelles par les élèves étrangers sur le site de l’établissement : une étudiante russe y a participé. C’est simple à mettre en œuvre et permettrait de valoriser nos élèves russophones, du primaire à la terminale. Voici ce qu’elle en dit.

 

Le petit courrier international de la culture

"Le plus intéressant dans ce projet est qu'il favorise l'intégration des élèves venues de l'étranger". En créant un espace d’expression sur le site de son lycée pour les élèves venant de l’étranger, en leur permettant de faire connaître leur culture, ce projet met de l'humanité et du relationnel dans un établissement.

Chargée de documentation, Claude Castaing Maudinet exerce depuis 4 ans dans un internat d’excellence parisien. Mais son parcours est particulièrement atypique. Titulaire d’un DEA de Physique théorique (mention Atomique et Statistique), et après une thèse de 3ème cycle, elle est chargée de cours à Paris VI. Tout en commençant une thèse d’Etat, elle est chargée de TP  à l’ENS de la rue d’Ulm. Devant le manque de postes dans la recherche, elle exerce comme  professeur agrégé stagiaire à Louis Legrand, puis est en poste pendant 25 ans, jusqu’en 2004, à l’Ecole Active Bilingue, en classes scientifiques du secondaire. Elle est également un temps professeur correcteur de leçons d’agrégation pour les agrégatifs de Chimie à l’ENS de la rue d’Ulm. Elle contribue pendant cette période à plusieurs publications de recherches scientifiques. Elle obtient même un award, décerné en Octobre 1996 pour son enseignement par la Tufts University de Boston  (Etats-Unis)

A partir de 2004, saisissant une opportunité de découvrir de nouveaux horizons et de sortir d’un enseignement qui lui semble répétitif, Claude change radicalement d’orientation : elle est nommée professeur de documentation, et exerce dans trois lycées parisiens de renom.

Elle n’en oublie pas moins son parcours universitaire et est successivement responsable de l'organisation du cycle de conférences de niveau universitaire organisées au Foyer des Lycéennes pour les CPGE littéraires, scientifiques et commerciale, nommée ERAEI (Enseignants Référents pour l'Action Européenne et Internationale) en début d'année 2010/2011, chargée depuis la même année de valoriser l'interculturalité et les origines géographiques des élèves et de contribuer à l'ouverture internationale du lycée grâce à des actions spécifiques, d'où la création entre autres du "Petit courrier International de la Culture" sur le site du lycée depuis le début de l'année 2010/2011 et l'organisation au sein du lycée de la participation volontaire des élèves à une expérience de recherche sur le mécanisme de l’acquisition des langues s’inscrivant dans un projet européen appelé projet Langacross (ce projet regroupe le CNRS et l’université de Heidelberg sous l’égide de l’Institut Max Planck à Nimègue avec la collaboration de l’Université de Cambridge).

Pour voir les productions des étudiantes en ligne :

http://www.foyerdeslyceennes.fr/index.php?option=com_[...]

Et la page sur la Russie :

http://www.foyerdeslyceennes.fr/index.php?option=com_[...]

Claude, parlez-nous de la genèse de ce projet ?

L'établissement dans lequel je travaille est très particulier : c'est un lycée -Internat qui accueille 500 élèves, toutes des jeunes filles venues de lointaine banlieue, de province, des Dom Tom ou de l'étranger à l'exclusion  de Paris et de sa proche banlieue, qui sont admises dans une CPGE parisienne (elles parlent toutes parfaitement  le français). Toutes ces élèves ont donc leurs cours dans un établissement de classes préparatoires à Paris et le soir elles peuvent bénéficier si elles s'y inscrivent de cours de soutien.

Les études dans cet établissement sont de haut niveau ; s'ajoute pour les élèves venant de l'étranger une nécessaire adaptation ; c'est la raison pour laquelle j'ai pensé que ce projet pourrait les aider. De plus, cela répond à une demande qui m'a été faite en début de l'année pour l'ouverture internationale de l'établissement (j'ai aussi été sollicitée par mon proviseur pour être ERAEI depuis cette année), c'est alors que j'ai créé ce projet qui est en ligne sur le site de l'établissement depuis 1 an.

Les élèves de l’Internat suivent donc des cours dans des établissements différents ?

Oui, toutes sont en classe préparatoire littéraire, scientifique ou commerciale dans des lycées parisiens.

Les articles sont rédigés en français, avez-vous des élèves dont la langue maternelle n’est pas le français ? Y a-t-il une demande pour publier en bilingue ?

Bien sûr, environ 60 élèves viennent de l'étranger, et toutes s'expriment parfaitement en français. Il n'y a pas eu de la part des élèves de demande pour publier en bilingue.

Vos élèves viennent d’horizons différents, en classes prépa, y a-t-il des Russes parmi elles ?

Une seule cette année, mais c'est variable d'une année sur l'autre ; par exemple cette année, nous n'avons aucune élève provenant des USA ou d'Amérique du Sud alors que l'an dernier il y en avait plusieurs. De même, il pourrait très bien ne pas y avoir d'élèves russes l'an prochain. Il y a toujours cependant quelques élèves qui apprennent le russe et la bibliothèque de russe est bien pourvue dans l'établissement.

Les professeurs de langue sont-ils intéressés par votre projet ? Leur arrive t-il d’utiliser des articles en classe ? Ou les professeurs d’autres matières  (littérature, histoire/géo, économie)?

S’ils ne le font pas, savez-vous pourquoi ?

Je n'ai pas voulu ennuyer mes collègues de langue cette année ; dans cet établissement, ils doivent avant tout en peu de temps préparer les élèves à leur concours ; mais l'an prochain, je serai dans un lycée traditionnel et les professeurs auront leur classe en responsabilité ; il est évident, comme vous l'avez bien compris, que j'irai dès mon arrivée, informer tous les professeurs susceptibles d'utiliser le Petit Courrier International de la Culture (langues, lettres, histoire/géo, informatique...)

Pourquoi effectuez-vous vous-même la mise en ligne ?

Parce que c'est facile, amusant, gratifiant, et qu'il n'y a qu'une étape qui peut être vraiment longue : la recherche de photos libres de droit (puisque la diffusion est sur Internet) ; en effet dans ce cas, il faut faire des recherches tout azimut vers des consulats, des maisons de la culture, des agences de voyages, des blogs... Et attendre une autorisation qui parfois n'arrive jamais !

En revanche, quand les élèves apportent elles-mêmes les photos, le soir même, je mets l'article en ligne après avoir redimensionné et allégé le poids des photos par un logiciel plus simple que Photoshop dont je n'utilise en plus qu'une infime partie des possibilités, toujours les mêmes. La mise en ligne sur le site du Foyer se fait pour le texte en quelques clics, par l'intermédiaire du portail dynamique de l'établissement Joomla,  simple d'utilisation : j'ai appris avec des collègues en moins d'une heure à faire cette opération, et je ne suis pas spécialement douée...

Quand effectuez-vous cette mise en ligne, par rapport à votre emploi du temps ?

Le soir (en dehors de mes nocturnes) ou le week end.

J’ai bien compris les contraintes des étudiantes par rapport au temps disponible : ce travail ne peut-il vraiment pas être valorisé dans le cadre scolaire ? (il met en jeu des compétences à valider au cours des études supérieures, au niveau du C2I par exemple)

Bien sûr, vous avez tout à fait raison : je le mentionnerai à Lyon le prochain week end.

Mais en dehors de ses applications pédagogiques très diverses, le plus intéressant dans ce projet est, il me semble, qu'il favorise l'intégration des élèves venues de l'étranger et leur permet de briser le sentiment de solitude qui se manifeste parfois au début de leur séjour (sans parler de l'ouverture vers l'international, de la valorisation de l'interculturalité, de la mise en évidence dans l'établissement (lycée ou collège) d'autres valeurs très importantes de partage, d'ouverture, d'écoute, de tolérance , de curiosité à la culture du monde...)

Mon souhait serait qu'il y ait dans tous les établissements un petit courrier de la culture pour aider les élèves étranger ou venant de territoires lointain ; les élèves qui  ont participé au projet cette année sont ravies et en parlent à leur famille qui peuvent lire depuis leur pays l'article  sur le site.

Merci !

 

Sur le site du Café
Sur le Web
Par bjeanne , le vendredi 27 mai 2011.

Partenaires

Nos annonces