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Milan, via Morigi, 15 

 

Alice Le-Bihan-Diabi, professeure d'italien au collège Boris Vian de Paris 17éme, a mis en place ce projet pour permettre à ses élèves d’apprendre autrement.

CR : “En quoi consiste ce projet?”

ALBD : “D’abord les élèves ont choisi une ville et une rue pour leur immeuble. L'immeuble est situé à Milan, via Morigi, 15. Les habitants sont au nombre de trente et pour chacun, les élèves ont inventé une identité, une allure physique, et une histoire. Maintenant ils travaillent collectivement, en italien,  à la création et au développement de cet immeuble tout au long de l'année selon le principe pédagogique de la simulation globale.

CR : “Pourquoi avez-vous choisi ce projet pour vos élèves?”

ALBD : “Mes élèves sont en 3ème LV2, ils sont un groupe de 10 et sont pour la plupart en difficulté scolaire. J’ai voulu leur offrir l’occasion d’apprendre différemment, à travers une activité où la langue n’était pas le but de l’apprentissage, mais un moyen de créer quelque chose au plus près de la vie réelle et de leurs préoccupations. J’ai choisi l’immeuble, pour rester près de leurs préoccupation quotidiennes, mais en leur permettant aussi de changer le présent et d’imaginer des situations idéales, et une activité sur internet, qu’il adorent manipuler et qui fournit en même temps une vitrine qui les valorise.”

CR : “Comment vous est venue cette idée?”

ALBD : “L'idée de la simulation globale m'est venue grâce au témoignage d'un collègue de l'académie de Lille rencontré lors d'un séminaire franco-italien organisé par le CIEP en 2011. Je ne connaissais pas du tout ce concept et le collègue nous a présenté son travail avec ses classes de la banlieue lilloise. Je me suis donc intéressée de plus près à la simulation globale en lisant  “Simulations globales de JM. Caré et F.Debyser” et “L'Immeuble” de Francis Debyser. Ce dernier ouvrage étant très difficile à trouver je me suis rendue à la bibliothèque du CIEP pour le consulter et y ai puisé toute mon inspiration.”

CR : “Mais c’est un modèle d’apprentissage qui date des années 80. Est-ce encore utilisable maintenant?”

ALBD : “L'idée étant de faire du nouveau avec de l'ancien : j'ai essayé de repenser tous les chapitres du livre de Debyser sous l'angle des nouvelles technologies. Le concept pédagogique de simulation globale m'est alors apparu comme atemporel et pouvant fonctionner aujourd'hui comme il y a 30 ans.”

CR : “Concrètement, comment avez-vous mis cela en place?”

ALBD : “ J'organise mes cours de façon assez classique en utilisant des documents authentiques ou issus de manuels. C'est en général au moment de l'élaboration de la tâche finale que le lien est fait avec l'immeuble. Par exemple, je fais étudier la biographie de Mario Balotelli présente dans le manuel, et nous étudions le passé composé, les connecteurs logiques, l'introduction des dates. Ces outils permettent ensuite aux élèves de créer la biographie de leurs personnages. C'est à ce moment là que nous allons en salle informatique et que les élèves utilisent des ordinateurs. “

CR : “Comment les élèves travaillent-ils en salle informatique?”

ALBD : “Les élèves travaillent seuls ou par deux. Je leur demande très peu de travail en dehors de la classe car c’est compliqué à récupérer à cause du fort taux d'absentéisme, etc. Donc presque tout est fait en classe.

CR : “Comment les élèves réagissent-ils?”

ALBD : “ Les élèves réagissent positivement à l'expérience. Ils se sont attachés à leurs personnages et participent plus volontiers aux activités proposées. Pour l'instant je n'ai pas assez de recul pour pouvoir évaluer les répercussions sur leur niveaux ou sur le choix de l'italien en LV2... Je note juste une adhésion plus grande des élèves par rapport au début de l'année. Je mets en ligne sur le blog du projet les tâches finales réalisées par les élèves et ils sont fiers de les montrer à leurs parents et amis.”

CR : “Le projet est-il terminé?”

ALBD : “Non, il est toujours en évolution! Vous pouvez en suivre les différentes étapes sue le blog de la classe.”

CR : “Pensez-vous que d’autres collègues pourraient faire un projet identique?”

ALBD : “Ma collègue d’allemand s’est déjà lancée dans une simulation globale, et nous prévoyons de travailler ensemble l’an prochain. Mais je crois que les élèves aimeront faire une simunlation globale en français ou dans une autre langue. L’avantage est la souplesse du projet, qui permet d’intégrer tout type de vocabulaire ou de fonction langagière.”

CR : “Merci beaucoup d’avoir partagé cette expérience avec nous. Je suis sûre que d’autres collègues vont vous contacter pour monter des projets similaires avec lerus élèves!”. 

Par reymond , le samedi 12 avril 2014.

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