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Promouvoir l’activité physique et sportive pour tous et tout au long de la vie : Des enjeux partagés dans et hors de l’école 

Par Antoine Maurice et Benoît Montégut


 

Les Députés Pascal Deguilhem et Régis Juanico ont présenté hier au Premier Ministre Manuel Valls les conclusions de leur mission en vue de « créer les conditions favorisant la pratique d’une activité physique et sportive tout au long de la vie ». Un rapport riche, qui fait le tour des problèmes actuels d’accès et de poursuite de la pratique physique en France, qui a le mérite de faire un certain nombre de propositions plutôt ambitieuses.

 

La situation réaliste de l’éducation physique en France et des pratiques physiques physique des jeunes

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le rapport fait un point très réaliste de la situation de l’éducation physique et des pratiques physiques des jeunes en France. Il s’appuie également sur de nombreuses études scientifiques montrant les bienfaits de la pratique sportive et met en avant que le développement des activités sportives dès le plus jeune âge et tout au long de la vie est un levier fondamental pour l’équilibre de notre société en termes de  santé publique mais aussi de vivre ensemble et de cohésion sociale.

 

Un constat alarmant

Moins de 50% des enfants respectent les 60 minutes quotidiennes préconisées par les autorités sanitaires. En 40 ans, les collégiens ont perdu environ 25% de leur capacité physique. De même, entre 40 et 60% des enfants ne pratiquent pas d’autres activités physiques autre que celles obligatoires dans le cadre scolaire. La mission a acquis la conviction qu’une activité physique régulièrement pratiquée dès le plus jeune âge est la meilleure garantie que cette bonne attitude sera poursuivie tout au long de la vie au plus grand bénéfice de la santé publique.

 

L’enjeu de la continuité du parcours sportif de la maternelle à l’université 

Comment permettre la continuité des parcours sportifs ou plus simplement comment limiter le « décrochage » des élèves ?

Tout d’abord, la mission s’est arrêtée longuement sur la situation de l’enseignement de l’EPS dans le Premier Degré, qui est préoccupante. En moyenne seulement 2h15 sont dispensés contre les 3 heures préconisées par les programmes. Elle met également en avant que l’EPS, troisième discipline en nombre d’heures d’enseignement, est sous-représentée, très peu enseignée en formation initiale, et les enseignants sont peu inspectés en EPS. Tout se passe comme si l’EPS ne faisait pas partie des savoirs fondamentaux à acquérir par les élèves.

Le rapport souligne également que le savoir-nager doit rester une priorité nationale (1200 noyades par an en moyenne), première cause de mortalité chez les moins de 4 ans. Il insiste aussi sur le fait de renforcer le rôle de passerelle du sport scolaire (plutôt envié chez nos voisins européens) en évitant le « décrochage sportif » (forte diminution du nombre de licenciés) dès la classe de 4ème, en diversifiant notamment l’offre de formation par un meilleur équilibre entre compétition et animation

Un point est également fait sur la valorisation des parcours sportifs au service de la réussite scolaire. L’engagement par les élèves volontaire dans les sections sportives scolaires, les options facultatives ou lourdes, les pôles d’excellence et de haut niveau sont peu pris en compte dans les parcours scolaires. La mission propose qu’à  l’occasion de la mise en ouvre du livret Scolaire Unique et Numérique les parcours sportifs soient mieux valorisés.

Pour conclure, le rapport met en avant le fait de lutter contre les décrochages sportifs qui interviennent à chaque changement de cycle scolaire, notamment à Bac-3 Bac+3. Cela fait d’ailleurs écho à la situation catastrophique des étudiants que nous avions présenté dans les colonnes du Café. Le rôle de passerelle du sport scolaire et universitaire apparaît ici comme étant un levier majeur. Le décloisonnement des pratiques associatives scolaires et non scolaires semble indispensable pour qu’il y ait une intégration plus grande.

 

15 préconisations essentielles

Le rapport présente 15 préconisations essentielles, plutôt ambitieuses. Nous en avons retenu quelques unes : 2H45 effectives au primaire, rendre obligatoire la création d’une association USEP (Union Sportive des Ecoles Primaires), 3h en seconde et en première suivi du Baccalauréat, une EPS modulaire en Terminale (pour préparer le Post-Bac), valoriser les expériences sportives à l’école et en dehors de l’école, valoriser la pratique sportive des étudiants par l’obtention de crédits ECTS.

 

Faire de la France non seulement une nation de sportifs mais une nation sportive

La question se situe bien là, entre un sport pour tous et un sport centré sur le haut niveau, entre un sport marketing fait de belles rencontres, de belles photos sur les réseaux sociaux, à la télévision, et une activité physique pratiquée par le plus grand nombre. Ce rapport pose les bonnes questions et émet un certain nombre de propositions.

C’est un bon point de départ mais on ne peut que se questionner sur le timing politique, dans la dernière ligne droite du quinquennat (ce rapport pour qui, pour quoi maintenant ?), sans oublier la volonté très affichée de la France pour la candidature de Paris 2024. Ce rapport ne doit pas être une belle affiche, une belle communication bien huilée, mais aller plus loin en mettant en avant des propositions concrètes, précisées dans le temps. Le problème, c’est que l’histoire montre que si tout le monde peut s’accorder sur les bienfaits de l’Éducation Physique, de la pratique physique, peu de pays s’en donnent réellement les moyens, pourtant au plus grand bénéfice de la société.

 

Le rapport

http://www.juanico.fr/2016/09/14/rapportsportecole/ 

Sur le site du Café

Par antoinemaurice , le vendredi 30 septembre 2016.

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