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À la Une : Rencontre avec l’équipe EPS du Lycée Professionnel des Métiers Charles Stoessel : Utiliser la tablette numérique pour apprendre autrement en EPS à travers l’évaluation par compétences 

Par Antoine Maurice


 

Le lycée professionnel des Métiers Charles STOESSEL, unique lycée classé « zone sensible » de l’académie de Strasbourg, est situé à Mulhouse. Il accueille majoritairement  un public masculin et propose des formations principalement industrielles. L’équipe EPS composée de Laurent Marquet, Franck Morel et Alain Duchêne, met en place depuis la rentrée 2011 un projet inscrivant une évaluation POUR des apprentissages réussis par les élèves. Logiquement, le forum des enseignants innovants a été l’occasion d’en savoir un peu plus...

 

Bonjour, peux-tu nous décrire votre démarche ?

Dans un cadre d’activités sportives inhabituelles (Tennis et Golf), proposées pour les classes de Terminale CAP, nous mettons en place un protocole d’évaluation par compétences. Deux fiches de 20 compétences listent les transformations générales et motrices attendues pour chaque élève. Celles-ci sont suivies au cours du cycle par des évaluations formatives. De plus, une auto évaluation de l’élève et une co-évaluation complètent l’ensemble du dispositif d’évaluation.

La captation vidéo via  la tablette numérique, permet de guider les élèves et d’analyser leur propre pratique. Enfin, elle permet  de recueillir instantanément les résultats des différentes évaluations.

 

Justement comment a-t-elle vu le jour ?

Plus de 70%  des élèves de CAP sont issus des collèges ECLAIR de la ville de Mulhouse. Ils concentrent les plus grandes difficultés scolaires et sociales de l’établissement. Pour répondre aux besoins de ces élèves, nous avons fait le choix de diversifier notre pédagogie  en utilisant la tablette numérique  et de nous attaquer à l’évaluation. Celle-ci ne doit  plus être vécue comme une sanction mais comme une mise en lumière et une valorisation des compétences.

Pour réaliser cette démarche, notre chef d’établissement, Christophe LEFEBVRE, accorde aux classes de Terminale CAP, 1 heure hebdomadaire supplémentaire. Celle-ci est annualisée afin de proposer 2 activités hors programmation: le tennis et le golf.

 

Comment l’utilisation de la tablette numérique a-t-elle permis aux élèves d’apprendre mieux ?

Tout d’abord, nous trouvons que l’usage, à bon escient, de cet outil, favorise la motivation chez les élèves. Ensuite, l’utilisation de la tablette numérique, par les élèves, développe leur autonomie et leur sens de la coopération. L’enseignant se trouve plus disponible pour les guider et transmettre les contenus d’enseignement. De surcroît, la tablette numérique permet de réaliser des captations vidéos qui s’avèrent très utile pour la compréhension ou la visualisation des problèmes. Enfin, j’ajoute que de nombreuses applications permettent de réaliser des comparaisons vidéos notamment « élève/élève ». La confrontation entre pairs renforce l’intérêt et le sens des apprentissages. Toutefois, certains élèves, ont, au départ, quelques difficultés à accepter qu’on capte leur image.

 

Par conséquent, comment avez-vous fait pour gérer à la fois l’acceptation de se faire filmer et celle concernant les droits à l’image ?

Il faut  bien leur expliquer pourquoi et comment ils vont être filmés. Le droit à l’image impose une demande d’autorisation et/ou de diffusion de l’image.  Sur ce document, nous devons préciser le projet, les modes d’exploitation envisagés, obtenir l’accord de l’élève  et celui de ces parents (si l’élève est mineur). Dans certains cas, l’élève ne veut pas être filmé alors que ces parents  l’y autorisent.  Les précisions apportées aux élèves sur le contenu du projet pédagogique et l’exploitation des vidéos doivent faire sens pour surmonter ce refus. La « qualité pédagogique » du dialogue peut résoudre ces problèmes.

 

Quelle a été pour toi l’application la plus pratique dans le cadre de votre enseignement, sûrement différente entre le Tennis et le Golf ?

Après avoir élaboré notre projet pédagogique, le choix de la tablette et des ressources a été un élément important. Combien de tablettes ? Quel système d’exploitation ? Quelles ressources utilisées, pour quelles actions pédagogiques ?

Dans le cadre de notre démarche, nous utilisons 3 tablettes pour un groupe de douze élèves.  Le choix du système a répondu à plusieurs besoins : une tablette réactive, un système d’exploitation intuitif, une autonomie importante et un écran de bonne qualité permettant de lire une vidéo même avec du soleil. De plus, nous avions besoin d’une caméra dorsale, pour que les élèves puissent voir ce qu’ils filment.  En revanche, la capacité de stockage est une question de faible  importance. Le stockage des vidéos requiert un espace assez réduit. Elles sont de toute façon, effacées après les cycles.

Quant aux applications utilisées, nous avons choisi une application bureautique, Documents to Go Premium, car  notre système d’évaluation par compétences nécessitait un fichier sous format Excel.  Certes, cette application est payante mais elle permet de modifier un nombre important de fichiers de la suite Microsoft Office. Ensuite, deux applications d’analyse vidéo complètent notre dispositif pédagogique : Coach eyes pour le tennis et  V1Golf pour le Golf. Celles-ci offrent une relecture immédiate d’une vidéo au ralenti, une comparaison de deux vidéos en affichage côte à côte, un outil de dessin directement sur les vidéos avec des lignes… Si V1 Golf est une application exclusivement dédiée au golf, Coach Eyes est plus universelle et conviendrait pour toute activité.  Ces deux applications sont disponibles  sur les systèmes iOS et Android. Aujourd’hui, des applications similaires existent : Ubersence ou Coachmyvideo sur iOS et Quickcoah sur Android.

 

Quel bilan faites-vous de votre démarche et quelles sont les pistes pour le futur ?

Cette proposition d’offrir un temps de pratique supplémentaire dans un cadre inhabituel,  de développer leur potentiel moteur par l’intermédiaire de la tablette numérique et d’adapter l’évaluation via l’évaluation par compétences, permet à nos élèves de mieux réussir. Le bilan est positif mais nous devons poursuivre notre travail  sur l’augmentation de l’autonomie des élèves, le temps moteur et le nombre de feedbacks.  Pour cela, nous avons besoin d’un nombre plus important de tablettes. Un autre projet en cours pourrait nous permettre d’obtenir une tablette pour deux élèves. 

 

Pour conclure, que penses-tu du développement des outils numériques en EPS ? Est-ce nécessaire d’être un spécialiste  pour s’en emparer?

Le développement des outils numériques en EPS va dans le sens d’une diversification pédagogique. « Introduire les technologies numériques à l’école, ce n’est pas faire les mêmes choses autrement, c’est une manière de repenser tout l’enseignement » Serge Tisseron, février 2012. Le mode d’entrée n’est pas l’outil mais la pédagogie.

Toutes les activités de la CP3 offrent de bonnes dispositions pour utiliser la captation vidéo. Des applications apparaissent aussi pour la CP4 autour d’une assistance à l’arbitrage et aux observations.

Les systèmes d’exploitation déployés dans les tablettes sont très intuitifs et très stables.  Avec ce type d’outils, il y a peu  de chance d’erreurs ou de plantages. La prise en main est facile et les applications nécessitent peu de temps d’adaptation, que ce soit pour les enseignants ou les élèves.

 

Merci beaucoup

 

Proposition d’autorisation sur eduscol pour l’enregistrement de l’image et de la voix

http://eduscol.education.fr/internet-responsable/ressources/boite-a-outils.html

 

Pour plus de renseignements : franck.morel@ac-strasbourg.fr



Sur le site du Café


Par antoinemaurice , le mercredi 28 mai 2014.

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