Actualités : Retour sur les EPSiliades à travers le blog du café 

Par Antoine Maurice



Voici quelques reportages mis en ligne sur le blog du café pédagogique créé à l’occasion des EPSiliades qui se sont déroulés entre le 12 et le 14 novembre à la halle Carpentier à Paris.

Le blog du café 

http://www.cafepedagogique.net/communautes/lesEPSiliades/default.aspx

Le site des EPSiliades

http://www.snepfsu.net/epsiliades/index.php

 

Une EPS pour tous-tes ou l’égalité des sexes en EPS, une utopie ?

C. Patinet (enseignante), G. Fraisse (philosophe) et P. Liotard se sont succédé pour aborder cette question.


Des obstacles à l’égalité des sexes. Cathy Patinet a mis en avant qu’il existait une véritable loi du genre, ou les individus transmettent des rapports liés aux sexes ! Ces obstacles sont construits dans les familles, les médias, les écoles nous renvoyant à un ordre sexué, à une hiérarchie des sexes. Dans tout ça le modèle sportif véhiculé en EPS n’est pas toujours questionné. Et pourtant, depuis Annick Davisse et Catherine Louveau, les questions sont posées. G. Fraisse insiste même sur le fait qu’il faut trouver le nœud pour pouvoir le défaire et résoudre les problèmes de mixités.


Des écarts de notation toujours aussi important, en effet nous vous en avions déjà parlé lors d’un dossier intitulé « sauvons les filles », les filles au baccalauréat ont en EPS de 1 à 2 points de moins que les garçons. 


Une situation complexe

Permettre aux filles et aux garçons d’apprendre ensemble dans un contexte scolaire. L’idée est bien celle là, toutefois être à coté sur un terrain ne veut pas dire apprendre ensemble. De plus, au regard des interactions enseignant/élèves on perçoit que l’enseignant peut aussi avoir inconsciemment dans sa démarche un modèle masculin prédominant, et ainsi des interactions et contenus différents selon les élèves. De plus les différences sont aussi importantes entre deux garçons ou deux filles, qu’entre une fille et un garçon !


Une mixité qui est devenu banale…

C. Patinet présente que même en prenant en compte la mixité on ne fait que reproduire le modèle existant. En effet, si on pense qu’il y a peu d’importance on ne traitera pas la question. Mais si on pense que les filles sont déficientes, alors on risque de proposer une égalité compensatoires et on entrainera chez les garçons un sentiment de supériorité, renforçant les stéréotypes déjà existant, etc.


Un constat et trois axes de propositions

Le premier constant est que les enseignants d’EPS sont sensibles à la question de la mixité, et pourtant dans les pratiques que peu de changement ! L’idée serait que l’enseignant dispose de peu de moyen pour avoir un retour sur les gestes pédagogiques qu’il utilise.

C. Patinet propose ainsi de mettre en place un travail sur la lecture des comportements, mais aussi expérimenter et mutualiser les formes de pratiques scolaires où l’on retrouve une mixité émancipatrice. Et enfin avoir construire une posture empathique et exigeante en tant qu’enseignant.

De plus P. Liotard et G. Fraisse insistent aussi dans les propositions sur le fait de prendre en compte le corps désir, ou le cours d’EPS ou se joue le corps plaisir, et aussi le corps comme outil d’expression.


L’avenir des STAPS en tant que discipline universitaire…

Plusieurs acteurs du champ des STAPS ont été invités, parmi lesquels Didier Delignières (doyen de l’UFR STAPS de Montpellier, et membre du Conseil d’Administration de la C3D (conférence des directeurs des UFR STAPS), qui a accepté de nous faire un retour sur son intervention.


Qu’est-ce que la discipline STAPS ?

On ne peut pas définir les STAPS a priori. Cette section universitaire est née dans les années 1970. Certains ont tenté d’en circonscrire la pertinence, mais les STAPS se font au jour le jour, dans la dynamique des UFR et des universités. Bien sûr, la C3D tente de réguler, d’éviter des dérives, d’assurer le positionnement de nos formations dans le paysage universitaire et social.


Que peut-on dire actuellement des STAPS ? Il s’agit d’une discipline universitaire caractérisée par des regards scientifiques croisés sur un objet spécifique : les pratiques sociales impliquant la motricité. Ces pratiques sociales se sont diversifiées au cours du temps : l’Education Physique, le sport de performance, les loisirs sportifs, les pratiques artistiques, l’utilisation des activités physiques à fin de réhabilitation, d’éducation pour la santé, la motricité vue dans le cadre de l’aménagement des postes de travail, dans l’ergonomie des installations, véhicules, instruments, jeux, etc.


Quelle est l’offre de formation ?

La C3D tente de rationaliser l’offre de formation au niveau national. Il s’agit déjà de rationaliser les niveaux de formation, dans la logique du LMD : Des licences qui forment des techniciens, c’est-à-dire des personnels qui appliquent et adaptent des procédures, et qui interviennent directement au contact du public. Des masters qui forment des ingénieurs, des concepteurs, des superviseurs. Des doctorats qui forment des chercheurs


La C3D essaie également de rationaliser l’éventail des formations, notamment dans la définition de spécialités et l’écriture des fiches RNCP. Il faut savoir aussi que l’ouverture et la pérennisation des formations sont dorénavant liées à un processus d’évaluation par l’AERES. Sont notamment pris en compte la qualité de l’encadrement, l’adossement à la recherche, et l’insertion professionnelle.


Ces contraintes nous amènent à réfléchir sur la répartition des formations sur le territoire. Il est vrai que l’on garde la représentation, héritée des UEREPS, de l’ouverture de diplômes équivalents sur l’ensemble du territoire national. Mais on ne peut imaginer que toutes les formations soient offertes dans toutes les universités. Soit on opère par sélection a posteriori, suite à des évaluations négatives, soit on travaille a priori sur la base d’une planification.


Au niveau des Masters, la régulation est souvent plus simple. L’adossement recherche est transparent et le suivi de l’insertion professionnelle est aisé. C’est plus difficile pour les licences. L’ouverture de licences STAPS sur tout le territoire national apparaît comme une nécessité démocratique. Cependant à ce niveau aussi une cartographie risque de voir le jour, notamment dans certaines spécialités telles qu’Entraînement Sportif. La demande du secteur professionnel s’orientant vers des licences spécialisant fortement les étudiants, il n’est pas concevable qu’un UFR propose encore des Licences ES polyvalentes.


Et concernant la reconnaissance des diplômes STAPS

On pose souvent la question de la reconnaissance de nos diplômes STAPS. Toutes les enquêtes, nationales et locales, indiquent que les diplômés STAPS n’ont pas de problème particulier pour trouver des emplois, dans le secteur où ils ont été formés, à des niveaux de salaire correspondant à leur formation. Ceci pour tordre le coup à une image trop souvent véhiculée : les UFR STAPS ne sont pas des fabriques à chômeurs, toutes choses étant égales par ailleurs dans un contexte de crise.


Il n’en demeure pas moins que les STAPS sont en situation de concurrence : concurrence avec les écoles de commerce pour la filière management, concurrence avec les formations de santé pour la filière APAS, concurrence avec Jeunesse et Sports pour la filière entraînement sportif.


La position de la C3D à ce niveau est claire : Se battre pour la reconnaissance à part entière de nos formations (le dépôt des fiches RNCP, la reconnaissance des diplômes par Jeunesse et Sport sont le résultat de cette démarche) ; Amplifier les collaborations et convention avec les structures de formation concurrentes ; Ne pas rentrer dans une logique de double certification, le diplôme STAPS n’ayant pour justification que l’accès au diplôme concurrent.


Quel avenir pour les STAPS ?

L’avenir se construit avant tout localement, surtout avec l’accession des universités aux compétences élargies. Les UFR STAPS doivent se battre pour être reconnues, pour démontrer l’efficacité et la qualité de leurs formations, pour démontrer la qualité de leurs équipes de recherche. Encore une fois, ceci ne se décrète pas au niveau national. On peut se lamenter éternellement sur les UFR STAPS « petits poucets » ou « vilains petits canards » des universités. Mais localement des UFR STAPS ont su imposer le respect. Un certain nombre de collègues STAPS sont déjà devenus vice-présidents ou présidents d’université, et même plus récemment recteur. 


Le site de Didier Delignières :

http://didier.delignieres.perso.sfr.fr/

La compétition mise en question…

La salleLes interventions se sont déroulées autour de l’intitulé suivant : La compétition dans le sport : solidarité ou exclusion ? Ainsi, Stéphane Diagana (ancien sportif de haut niveau, champion du monde), Maxime Travert (enseignant chercheur au STAPS de Marseille), Romain Barras (champion d’Europe de décathlon), Philippe Liotard (enseignant, chercheur au Staps de Lyon) nous ont proposé leurs visions.


Les différents intervenants ont apporté différentes acceptions du concept de compétition. Tout d’abord Stéphane Diagana a questionné cette vision de la compétition souvent décriée en France, et la plupart du temps réduite à la question de l’adversité. Pour ensuite repositionner le débat autour de la compétition envers soi même, pour permettre le dépassement de soi. A partir de son expérience du haut niveau, il a tenu à souligner l’importance, de l’homme, des autres, de l’entraide et ceci en particulier dans certains sports souvent perçus comme individuel. La question a ainsi été déplacée sur l’instrumentalisation qui est faite du sport.

Philippe Liotard a quant à lui insisté sur le fait que l’organisation institutionnelle du sport produisait de l’exclusion au nom de la performance. Il a ainsi essayé de montrer en prenant l’exemple des gays games où l’idée principale était de mettre en place une organisation qui n’exclu personne, que l’inclusion était possible à partir du moment ou on souhaiter la réaliser.

Les intervenantsMaxime Travert par la suite, a insisté sur le fait que la pratique du sport ne pouvait pas se résumer à la seule compétition et qu’elle était de ce fait « épreuve » et « performance ». Ainsi la compétition dépasse l’épreuve et la performance car elle intègre la présence d’un tiers (« l’autre ») et de ce fait se place également dans la perspective de la revanche.

Romain Barras a d’ailleurs lui aussi comme Stéphane Diagana témoigné de cette notion de dépassement de soi, de lutte contre soi même, sans pour autant parler d’instrumentalisation. Il a également insisté sur l’omniprésence de la compétition, de la performance essentielle, dans une vision tourner vers soi même.


Au jeu des questions réponses, les expériences, les vécues ont témoigné des conséquences de la compétition, notamment dans la place qui est faite aux perdants… Les solutions ne sont pas évidentes mais on peut convenir qu’il faut avant tout la placer dans son enseignement comme un outil pour percevoir la compétence à travers différents critères permettant ainsi les remédiations, la progression et le travail. De plus, le cadre proposé lors des compétitions peut également être un moyen d’inclusion…



Sur le site du Café
Par antoinemaurice , le jeudi 18 novembre 2010.
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