DOSSIER : Autorité et EPS 

Par Antoine Maurice 



Ce mois-ci, nous avons décidé de vous présenter une thématique peu présente au niveau des recherches en éducation physique ! En effet, les questions autour de l’autorité pédagogique du professeur  sont importantes, et encore plus lorsqu’on est professeur novice…



Un constat

Photo MorguefileLe rapport à l’autorité pose de plus en plus de problèmes de nos jours, la société dans laquelle nous vivons a changé d’attitude, les actes d’incivilités se répètent, les règles sont contournées, non respectées. La violence prend une place de plus en plus importante médiatiquement et les politiques s’en emparent. Aucun secteur ne semble épargné, que ce soit la police, l’éducation, le sport, ou tout simplement la vie de tous les jours. Le constat qui en découle est simple : Comment mener à bien sa mission de transmission dans un contexte où l’autorité sur l’autrui est sans arrêt remise en cause…


En EPS, la question de l’autorité ne se pose pas !?

Il est commun de penser que l’autorité de l’enseignant d’EPS est beaucoup plus facile à obtenir que dans d’autres disciplines où l’élève est obligé, contraint, de rester assis et d’écouter la leçon de son enseignant. Pourtant, la réalité est bien différente et cela au regard de différents paramètres. Le premier est que certains élèves vont en cours d’EPS avant tout pour se défouler, on comprend bien les difficultés que cela peut engendrer, ne serait que ce pour la simple transmission des consignes. De plus, pour d’autres, l’éducation physique et sportive met en avant « le corps » de l’élève, ce corps, source à l’adolescence de tant de maux…

De plus, le corps pose le problème de la sécurité et de l’importance du respect des règles…  On perçoit les enjeux et les problématiques que peuvent poser l’enseignement de la gymnastique ou de l’escalade et les conséquences qui en découlent en terme d’autorité.

Stéphane Allec (8ème biennale de l’éducation et de la formation) met également en avant une autre problématique : celle du rapport que l’EPS entretient avec le sport ! En conséquence, « la similitude qui existe entre le sport pratiqué en milieu fédéral et le même sport pratiqué dans le cadre de l’Ecole crée souvent une source de confusion en décrédibilisant la légitimité de l’enseignement scolaire, parce qu’ils pratiquent la même activité en club, certains élèves viennent en cours d’EPS en supposant déjà tout savoir, et de ce fait, portent peu d’intérêt et d’attention aux contenus proposés ». 


Différentes autorités apparaissent !

Nous venons de l’évoquer précédemment, l’enseignant d’EPS est confronté à la nécessité de faire respecter les règles et de l’autre celle d’accompagner l’élève. L’autorité est donc polysémique. Stéphane Allec (8ème biennale de l’éducation et de la formation) utilise une terminologie très représentative des différentes conceptions autour de la notion d’autorité. Ainsi, il met en avant « l’autorité de fonction » notamment chez le jeune enseignant, vers « une autorité de compétence ». Stéphane Allec place aussi l’autorité dans son contexte et donc au rôle de l’enseignant, « un chef » dans sa capacité à être autoritaire, pour faire obéir le groupe, à un rôle « d’arbitre » dans sa capacité à « faire preuve d’autorité » pour réguler une action, au rôle de « leader » dans sa capacité à « avoir de l’autorité » pour inciter les élèves à se mettre en action, en terminant par le rôle « d’expert », dans sa capacité à « faire autorité » et être reconnu pour ses compétences ».


L’autorité, une conséquence et non une finalité

Nous faisons ici référence aux deux ouvrages  du CRDP de l’académie de Créteil (1997 et 1998), coordonnés par Annick Davisse et Jean-Yves Rochex, intitulé chronologiquement « pourvu qu’ils m’écoutent... » et « pourvu qu’ils apprennent… ». En effet, dans le cadre des mémoires professionnels d’enseignants stagiaires, plusieurs réflexions émanent, avec ce souci, cette nécessité, de maintenir le calme dans la classe, d’asseoir son autorité, d’être respecté. Avec en toile de fond, cette volonté que les élèves « écoutent ». Cependant, face au contexte actuel, la question de l’autorité est évidemment remise en question, Jean Yves Rochex, parle d’ailleurs de « la violence de l’école ». Ainsi, la réflexion évolue pour mettre en avant la nécessité de faire apprendre les élèves, de les transformer, pour permettre à l’enseignant de construire son autorité. On est alors face à une autorité « conséquence » où la priorité consiste avant tout à faire réussir et apprendre l’élève. 


Différentes réflexions 

L’autorité pédagogique de professeurs novices en situation d’EPS

Stéphane Allec et Anne Jorro se posent la question de l’autorité au commencement de la carrière de l’enseignant d’éducation physique et sportive : à travers leur réflexion, l’autorité apparaît comme un enjeu de professionnalisation indispensable ! Il nous propose ainsi un protocole expérimental, l’analyse des différentes données et enfin leur interprétation. Ainsi, la formalisation permet de rendre accessible le concept au champ de la formation professionnelle. L’autorité apparaît alors comme « une autorité latente, une autorité en devenir qui doit afficher des compétences réelles, avérées et démontrées, pour finir par ne plus exister et laisser place à l’expertise. »

http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00429816/fr/



L’autorité, le négociable et le non négociable

Pour les cahiers EPS, le constat est clair, « il ne s’agit plus d’être pour ou contre l’autorité » ! Désormais, les réflexions tournent autour de deux thématiques : D’un coté l’autorité est discuté à travers les notions « d’avoir de l’autorité, d’être l’autorité et de faire autorité ». Et de l’autre coté, l’autorité est considérée comme un outil à utiliser pour faire apprendre.

http://www.crdp-nantes.cndp.fr/service/vente/cahiers-[...]



Sur le site du Café
Par fjarraud , le mardi 15 décembre 2009.

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