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Discount au cinéma 

 

 

Pour lutter contre la mise en place de caisses automatiques qui menace leurs emplois, les employés d’un Hard Discount créent clandestinement leur propre « Discount alternatif », en récupérant des produits qui auraient dû être gaspillés…

 

La critique lors de la sortie en salle du 21/01/2015

Ils s'appellent Christiane, Gilles, Emma, Alfred et Momo et sont caissiers dans un supermarché hard discount du Nord-Pas-de-Calais. Corvéables à merci, sous-payés, chronométrés jusque dans leur pause pipi, ils doivent tout de même garder « la banane », comme les y engage une affiche ridicule destinée au personnel. Des raisons de sourire, ils en ont, c'est sûr : avec l'arrivée de caisses automatiques, ils sont menacés de licenciement... Ils décident de réagir : ils créent clandestinement un « discount alternatif » en récupérant tous les aliments jetés dans des bennes parce qu'ils ont atteint la date de péremption. Leur initiative, rebelle et solidaire, rencontre une adhésion inattendue.

Une vraie comédie sociale française à la Ken Loach ! Chaleureuse, populaire, entre énergie du désespoir et ­humour de résistance, à la manière de Raining Stones et son réconfortant système D contre la misère ordinaire. Pour son premier film, Louis-Julien Petit saisit, avec une mise en scène dynamique, la fraternité du prolétariat, la solidarité au quotidien, sans jamais tomber ni dans le misérabilisme ni dans l'angélisme : la directrice du discount, apparemment la « méchante » de l'histoire, n'est qu'une victime de la pression des grands groupes, alors que les résistants antigaspi découvrent, eux, que, face à l'adversité, il est difficile de résister au « chacun pour soi »...

A travers ces dindons de la farce ­économique qui se transforment en ­Robins des Bois, c'est bien la France d'aujourd'hui que raconte le jeune réalisateur : celle du ras-le-bol du surendettement, de la précarité de l'emploi ou du logement. De la difficulté grandissante à mettre quelque chose de correct dans son assiette avec un maigre salaire, alors que les grandes surfaces détruisent quotidiennement des tonnes de nourriture. « Il faut aussi qu'on propose des produits frais, des fruits et des légumes. Pourquoi les pauvres mangeraient-ils forcément de la merde ? » s'emballe Christiane. Ces personnages indociles, généreux, tenaces sont interprétés par des comédiens qu'on a tous envie de citer, tant ils sont formidables : Corinne Masiero, Sarah Suco, Olivier Barthélemy, Pascal Demolon, M'Barek Belkouk et Zabou Breitman dans le rôle la directrice. A la fin de ce feel good movie engagé, malgré les bip des caisses automatiques qui résonnent déjà, Christiane a presque la banane. Elle et ses potes ont prouvé que la solidarité n'a pas de date de ­péremption. — Guillemette Odicino

 

 

Sur le site du Café
Par fsolliec , le jeudi 29 janvier 2015.

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