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Un espace collaboratif en BTS informatique de gestion à Orléans

 

Il y a 5 ans, j’ai cherché à en savoir plus sur les ENT et les espaces collaboratifs. Leurs objectifs et leurs implications m’ont alors semblé ambitieux et irréalistes, car trop loin de mes pratiques quotidiennes. Je m’étais dit que ce serait l’école de demain, voire d’après demain sans penser qu’un jour je « tomberais » dedans !

Mais voilà, j’ai eu l’occasion d’intégrer l’équipe académique de mise en œuvre des TICE qui m’a permis de mieux cerner le sujet et d’avoir envie d’expérimenter la plate-forme Moodle et d’essayer de faire évoluer mes pratiques pédagogiques.

C’est une aventure dans laquelle on n’a pas envie de se lancer seule. Nous avons donc été deux à nous impliquer tout au long de cette année. Nous avons essayé de convaincre quelques collègues de démarrer cette action avec nous, mais sans grand succès pour l’instant.

Cet article est un simple témoignage de mon expérience. Il tente de tirer un bilan, de mon point de vue et de celui des étudiants, et donne des pistes d’évolutions pour notre prochaine année avec Moodle. Cette expérimentation est bien modeste mais, j’espère montrer qu’un professeur d’Économie Gestion peut facilement mettre en œuvre un outil de travail collaboratif  et y trouver de la satisfaction.

 

L’espace collaboratif utilisé

La plateforme de travail collaboratif Moodle rend possible la réalisation de wikis, de glossaires et de QCM, la mise en place de forums et de blogs, le partage de ressources (liens vers des sites web, fichiers), la mise à disposition d’un planning des semaines et la gestion d’événements (date de remise d’un compte-rendu, date et lieu d’un contrôle,…) et bien plus encore. C’est cet outil qui a été choisi dans notre académie d’Orléans-Tours.

Le déploiement de la plateforme a été rapide et d’une simplicité étonnante puisqu’il a suffit de quelques méls avec le chef d’établissement et la cellule TICE du Rectorat pour que tout soit opérationnel, c'est-à-dire que nous disposions d’une adresse web et d’un espace collaboratif Moodle. L’administration (mise à jour, maintenance…) est prise en charge par le Rectorat. L’établissement garde la maitrise de la gestion de l’espace (gestion des cours, des utilisateurs…). Début septembre 2007, tout était prêt à fonctionner.

 

Le planning des semaines

Le premier outil de Moodle que j’ai souhaité utiliser était le planning. Après avoir obtenu l’accord du proviseur, je suis passé d’une gestion papier de mon cahier de texte à une gestion électronique. J’ai très vite compris qu’une description par semaine aurait juste pour les étudiants l’intérêt de passer d’une consultation papier à une consultation web. J’ai donc pris l’habitude d’y ajouter des supports de cours, de TP et de TD, des liens vers des sites web et de les mettre à disposition avec au moins une semaine d’avance.

Ce mode de fonctionnement exige d’avoir des cours prêts à l’avance et disponibles en format numérique. Il  ne doit toutefois pas entraîner de la rigidité dans la  progression en voulant absolument « tenir » le planning et interdire de passer plus de temps que prévu sur une partie de cours, lorsque cela s’avère nécessaire. Pour éviter ce travers, j’ai divisé mon planning en 2 parties : le prévisionnel (saisi à l’avance) et le réalisé (actualisé après le cours).  Ainsi, les étudiants comprennent que le professeur travaille pour eux, qu’il s’adapte à leur rythme mais aussi qu’une progression et un référentiel sont à respecter. Je pense que la vision globale du planning permet aux étudiants de mesurer le travail accompli, de constater que chaque jour est un jour où ils apprennent et de valoriser la matière qui leur est enseignée. Les élèves absents constatent  qu’il se passe quelque chose lorsqu’ils ne sont pas là et qu’ils ont des connaissances à rattraper. Ils ne disent plus jamais « qu’ils ne savaient pas parce qu’ils étaient absents ».

Un peu plus de la moitié de mes étudiants estiment que l’utilisation du planning améliore leur organisation et 80% pensent que la mise à disposition des ressources facilite leur apprentissage, en considérant « que cela permet de mieux comprendre les cours », « de disposer de supports et de corrigés fiables» et « de toujours retrouver le cours quand il est perdu ». J’ai été assez surprise de constater qu’ils avaient à 60% la curiosité de regarder à l’avance le contenu de la semaine. L’utilisation du planning est globalement positive et semble montrer que les étudiants sont plus actifs dans leur formation.

 

La gestion des événements et le calendrier

Le professeur peut créer des événements liés à la classe ou à un groupe et un étudiant peut gérer ses événements privés.

J’ai renseigné les événements de la classe comme les contrôles, les conseils de classes, les remises de comptes rendus,... Ces événements apparaissent dans le calendrier. Aucun étudiant n’a utilisé cette fonctionnalité pour sa gestion d’événements privés, en insérant par exemple les dates de passages d’oraux blancs ou d’exposés. La tenue des agendas papier qui visualisent toutes les matières semble plus efficace que la gestion de Moodle par matière. Il manque un calendrier d’ensemble permettant de visualiser tous les événements pour une semaine ou un mois.

 

Le wiki et le glossaire

En cours d’année et une fois rodée sur le planning et les événements, j’ai utilisé Moodle pour développer le travail collaboratif en tentant deux expériences sur le glossaire et le wiki.

Lors des cours, des termes techniques étaient définis. Chaque étudiant avait la responsabilité de donner sa définition et de l’insérer dans le glossaire. Des remarques pouvaient alors être déposées et nous faisions un point la semaine suivante afin d’obtenir une définition commune, puis mettions à jour le glossaire. Ce procédé m’a permis d’avoir un retour intéressant sur mes cours en mettant en évidence les difficultés rencontrées par les étudiants et en mesurant leurs acquis. Cela a facilité leur appropriation des concepts. Malheureusement, si la définition de départ était bien personnelle, très peu de commentaires ont été déposés. Pourtant, à l’oral, de nombreuses critiques constructives et des questions surgissaient spontanément.

Pour le wiki, j’ai construit une architecture générale articulée sur les travaux réalisés par les étudiants en binôme. Chaque groupe en charge d’un thème définissait la structure et le contenu de ses pages. Tous les étudiants pouvaient faire évoluer les pages du wiki. Le travail des binômes a été dans l’ensemble de bonne qualité avec des pages structurées, sans fautes et illustrées parfois avec des schémas ou photos. Cependant, la phase d’enrichissement a été un échec puisqu’aucun étudiant n’a apporté de modifications à d’autres pages que les siennes.

Le travail collaboratif n’a pas fonctionné à l’échelle de la classe. Les raisons sont liées au manque d’expérience de l’outil pour eux, comme pour moi. Je n’en ai sans doute pas présenté clairement les objectifs et l’intérêt. De plus, j’avais organisé la création du contenu initial mais laissé libre cours à la modification. Enfin, les étudiants ont l’habitude d’être dans la relation du maître qui transmet aux élèves ; le glossaire et le wiki ne répondent pas à ce schéma puisqu’il leur appartient de produire les connaissances. Seulement 30% d’entre eux estiment qu’ils peuvent avoir confiance dans la production d’autres étudiants. Ce pourcentage passe à 70 % lorsque l’information a été validée par les professeurs. La correction des erreurs ne semble pas légitime pour 40% des étudiants de la classe et parmi ceux qui pourraient apporter des modifications, nombreux sont ceux qui  « préviendrait d’abord oralement l’auteur pour ne pas le vexer ». Cependant, les productions étant validées, 60% déclarent se servir du wiki et du glossaire pour revoir les notions lors de la préparation des contrôles de connaissances ; pour les autres, « leurs notes personnelles sont suffisantes » ou « ils n’y avaient pas pensé ».

 

Les outils de communication

Le forum, le blog personnel et la modification du profil sont intégrés à Moodle. Seuls mes messages ont été déposés sur le forum. Aucun étudiant n’y a publié des informations ou n’y a posé des questions. 70% des étudiants ont personnalisé leur profil et un seul a créé son blog. La messagerie instantanée a été assez utilisée au début de l’expérimentation, malheureusement sur des sujets sans rapport avec la formation. Au fil du temps cet engouement dû à la nouveauté a disparu et l’outil a été progressivement délaissé.

L’échange de méls à travers la plateforme a été rare. Les étudiants n’en voient pas l’intérêt « puisqu’ ils le font en vrai » ou parce qu’ils emploient d’autres moyens comme Msn. Malgré tout, j’ai reçu des méls via Moodle pendant les vacances scolaires, ce qui pourrait démontrer qu’ils préfèrent effectivement communiquer oralement mais qu’ils se servent de l’outil en cas de besoin.

 

Bilan général et objectifs pour l’année prochaine

En démarrant avec la gestion du planning et des évènements, j’ai pu m’approprier l’environnement rapidement puisque ce module dispose de fonctionnalités limitées et simples. J’ai ensuite mis en œuvre quelques outils du travail collaboratif. Ceux-ci changent la pratique professionnelle et m’ont demandé beaucoup plus de temps de préparation que pour mes cours ou TP « classiques ». En effet, il faut rechercher les expériences menées par d’autres collègues et les adapter où en inventer avec plus ou moins de succès.

Cette année, la plateforme a plutôt été utilisée dans des situations de communications unidirectionnelles d’un professeur, d’un étudiant ou d’un binôme vers les étudiants. L’année prochaine, je souhaite poursuivre la tenue du planning et des évènements, mais, j’aimerai surtout développer les échanges et la participation de tous.

Pour atteindre cet objectif, je vais dès la rentrée former les étudiants à l’utilisation de Moddle, afin que non seulement ils prennent en main cet outil mais qu’ils en comprennent également les principes et l’intérêt du travail collaboratif. Pour développer l’activité du forum et comme le souhaitent 90% des étudiants, je déposerai des questions à chaque fin de cours ou TD afin que chacun puisse y répondre. Comme presque la moitié des étudiants préfèrent travailler seul, un créneau sera réservé dans les TP à l’enrichissement du wiki ou du glossaire, le temps que cette pratique collaborative devienne la norme et un réflexe.

Pour développer les échanges entre étudiants et dans le sens étudiants vers professeur, je permettrai la mise à disposition des TD réalisés par les étudiants (80% d’entre eux sont favorables à ce partage).

Enfin, j’essaierai de fédérer d’autres professeurs pour généraliser l’utilisation de Moodle, comme le souhaitent 85% des étudiants.

Il reste de nombreuses activités que je n’ai pas encore explorées (par exemple les QCM) et d’autres comme les forums que je dois mieux animer : l’expérimentation continue …

 

Estelle Méret

Lycée Benjamin Franklin – Orléans

Académie d’Orléans-Tours

L’espace TICE de l’équipe académique d’Économie Gestion

http://wwwphp.ac-orleans-tours.fr/eco-gest/tic/outilsCollaboratifs.php

 

 

 

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Par stephanegoze , le dimanche 15 juin 2008.

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