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- A la Une : L'IGC trois ans après, par Mireille Zwiller 

Professeure certifiée d'économie gestion au Lycée Alfred Kastler à Guebwiller (Académie de Strasbourg), Mireille Zwiller enseigne depuis 33 ans. Son action porte essentiellement en économie, droit, gestion en BTS "CGO"et l'IGC en seconde. Depuis 2 ans formatrice IUFM en IGC, elle participe activement à la diffusion des TIC via Internet : participation à un travail collaboratif d'élaboration de test de fin de seconde dans le cadre du CERTA ( http://www.reseaucerta.org/formatio/seconde/f_sec.htm ), participation à la création d'un site de formation IGC sur l'académie de Strasbourg ( http://sirius.ac-strasbourg.fr/microsites/igc/ ), réalisation d'un site sur l'IGC avec les élèves en seconde ( http://lyceekastler.free.fr/igc/ ).

C'est donc un regard baigné d'expérience et d'actions que Mireille nous livre son analyse sur 3 années de pratique de l'IGC dans les lycées.



Qui enseigne l'IGC ?

Tout professeur d'économie gestion, certifié ou agrégé, titulaire ou stagiaire, de toute option et de tout âge.

Dans quels établissements ?

De nombreux établissements à dominante tertiaire ont choisi d'offrir cet enseignement de détermination, très demandé par les élèves, quel que soit leur projet.

Quels élèves s'inscrivent en IGC ?

* Des élèves aux profils très différents, les uns à l'aise en informatique, les autres beaucoup moins, mais curieux et conscients que la maîtrise des TIC est indispensable dans le monde actuel. Tous ne sont toutefois pas forcément attirés par la découverte des organisations et les trois domaines d'application.
* Des élèves qui sont loin de pouvoir valider le B2I niveau 1 à l'entrée en seconde, mais prêts à s'entraider.
Au départ, le niveau des élèves est très hétérogène, et ce niveau initial de septembre n'a pas beaucoup évolué depuis trois ans. Peu d'élèves ont entendu parler du B2I, et même à la rentrée 2002 la plupart disent n'avoir utilisé que très peu de temps l'outil informatique au collège.

Avec quels équipements ?

C'est sur ce point qu'on peut noter un net progrès en trois ans. En 2000, les conditions de mise en oeuvre de cet enseignement étaient difficiles, les salles informatiques mal équipées ou avec du matériel obsolescent et non connecté au réseau du lycée ou à Internet. Dans beaucoup d'établissements, en 2000, les salles étaient hiérarchisées, les élèves de seconde n'étant censés faire que de la bureautique pure avec peu d'outils, peu de logiciels, les 1° et terminales STT bénéficiant de salles mieux équipées et les STS des équipements les plus performants. Cette hiérarchisation a souvent disparu : les secondes ont, à présent, droit d'accès à tous les logiciels, au réseau du lycée et à Internet. Cela s'est fait progressivement, car il a fallu faire comprendre à toute l'équipe pédagogique et à l'équipe de direction que ces outils sont indispensables à l'application du référentiel d'IGC, même en seconde.

Avec quels supports ?

Des livres, des pochettes, des projets, des tests et des QCM trouvés en ligne.
Quand on choisit d'utiliser uniquement des ressources numériques, l'élève n'y accède que lors des heures d'IGC et quelquefois sur le réseau du lycée. Il faut donc également prévoir des documents de synthèse sur papier que l'élève doit lire et apprendre à la maison. Sinon, il croit un peu trop vite qu'il n'a pas de travail personnel à fournir à la maison en IGC.

Quelles sont les difficultés rencontrées ?

- Comment gérer l'hétérogénéité de niveau en début d'année, mise en évidence par le test d'informatique de début de seconde du CNDP ?
La solution retenue a été souvent le "projet zéro" de mise à niveau, mais celui-ci ne doit pas occuper trop de temps et être terminé avant la fin octobre.
- Comment gérer les élèves qui ne se sont inscrits que pour surfer sur Internet ?
En leur assignant des missions précises à réaliser dans un temps défini.
- Comment évaluer les progrès de l'élève et son implication ?
Des solutions sont proposées sur le site de l'Académie de Strasbourg à l'adresse suivante : http://sirius.ac-strasbourg.fr/microsites/igc/ L'entretien individuel semble le plus pertinent, mais difficile à mettre en ¦uvre avec une classe dissipée ou peu autonome.
La difficulté majeure est que la moyenne trimestrielle doit refléter le niveau des élèves.
Or souvent les critères retenus en IGC (progrès, implicationŠ) aboutissent à des résultats trimestriels meilleurs ou différents de ceux des autres matières.

- Comment gérer l'heure de classe entière quand l'effectif est élevé ?
Cette heure doit permettre de
- donner des conseils méthodologiques
- préparer les projets
- effectuer les travaux d'évaluation
- corriger les travaux réalisés
- préparer les séances dédoublées
- faire des présentations orales.

Quels sont les résultats ?

En réalisant les projets et les missions qui leur sont confiés, les élèves acquièrent incontestablement des "savoir-faire". Ils produisent des documents satisfaisants, mais en terme d'acquisition de connaissances précises, le constat est un peu décevant : seuls les meilleurs élèves retiennent dès la première fois tout ce qui a été vu. On se heurte aussi souvent à des difficultés d'expression écrite. Des contrôles traditionnels d'acquisition de connaissances, courts et réguliers, semblent bien utiles, mais surprennent les élèves et cassent le rythme de la pédagogie de projet.

Les tests d'évaluation de fin d'année mis en ligne, permettent de faire le point sur ce qui a été retenu ou oublié, et de procéder à quelques rappels.
Par contre, en terme de méthodologie et d'apprentissage à l'autonomie et au travail de groupe, les progrès sont importants, car l'élève ou le groupe accepte facilement de préparer un travail et de faire une analyse critique des résultats.

La disposition des salles d'informatique est donc importante : un espace aménagé avec des tables où l'on s'installe durant 10 à 15 minutes en début de séance pour expliquer, analyser, commenter, remédier et réfléchir paraît indispensable. Il faut que l'élève comprenne que tout ne se fait pas sur les outils, même si ceux-ci sont très performants. D'autre part, il faut accepter et faire accepter par les élèves de ne pas finaliser un projet. N'oublions pas que ce n'est pas le résultat qui compte mais la démarche méthodologique. Même si 25 % des élèves sont soit réorientés soit redoublent la seconde, on constate une orientation positive en STT pour un plus grand nombre. De plus, la grande majorité d'entre eux peut faire valider les deux niveaux du B2I en fin d'année scolaire.

Quelles satisfactions ?

Des élèves heureux de découvrir, de progresser, d'être acteur, de réaliser des projets et de jouer le jeu des missions à remplir, heureux de travailler autrement que dans un cours traditionnel. Voilà les remarques, que font le plus fréquemment les élèves, quand ils sont interrogés sur leur opinion au sujet de cet enseignement.

La satisfaction d'échanger des expériences avec des collègues sur les démarches, sur les projets et sur les difficultés de mise en ¦uvre rencontrées. Enseigner l'IGC a été une occasion de partager des expériences et des supports, même si ces derniers n'étaient pas parfaits. De toute façon, chaque professeur doit les adapter à sa classe, à son projet pédagogique annuel, à sa progression et à la plate-forme disponible dans son établissement.
La satisfaction de voir se développer une culture réseau entre collègues d'une même académie et même au niveau national.

En trois ans la culture réseau a considérablement progressé.

Quelles formations des professeurs ?

Ces formations - indispensables - ont duré en moyenne 4 jours par an. Elles ont permis aux enseignants de s'approprier les TIC, d'apprendre à s'inscrire dans une démarche de pédagogie de projet, de partager leurs compétences, d'apprendre à mieux évaluer les élèves et à prendre conscience du nouveau rôle que le professeur doit jouer dans sa classe.

Les stages ou réunions académiques ont abouti à la mise en ligne de nombreux projets et ont permis de développer "l'esprit réseau" et le "travail collaboratif" aux niveaux académique et national. Une grande majorité des collègues a joué le jeu, tout comme les élèves.

Le bilan est donc largement positif, et ce malgré les craintes exprimées en 2000 à la lecture du référentiel. En effet, au départ, la majorité des collègues étaient inquiets à l'idée de ne pas maîtriser toutes les compétences à transmettre.

Après 3 ans d'enseignement, et grâce au développement d'une véritable synergie, d'un partage des compétences, aux échanges et aux formations, les professeurs se sentent à présent plus à l'aise pour enseigner l'IGC. Cet enseignement a généré beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de satisfactions.

Mireille Zwiller
/> Mireille.Zwiller@ac-strasbourg.fr


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