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- Évaluation des TPE Suite (et fin ?) 

La seconde note de service sur l'évaluation des TPE, parue au BO du 7 février 2002, modifie sans le simplifier l'inénarrable dispositif à quatre étages que la précédente note avait instauré. Et elle n'en corrige pas les défauts rédhibitoires consécutifs à la décision prise en janvier 2002 qui faisait des TPE en terminale une épreuve orale facultative.
Nous l'avons dit à maintes reprises : le ministère aurait dû respecter la logique interne de ce nouveau dispositif d'apprentissage que sont les TPE. Il n'y a pas de cohérence politique à vouloir d'une part inscrire les TPE au cœur même des disciplines " dominantes " des voies d'excellence du lycée, et d'autre part, in fine, à les marginaliser de la sorte pour le bac. D'un côté on fabrique un dispositif que l'on expérimente et dont on s'aperçoit qu'il fonctionne relativement bien et à la satisfaction de la majorité des profs et des élèves. On affirme alors à haute voix que c'est la pièce maîtresse de la réforme des lycées. De l'autre, au moment de l'évaluation, on laisse entendre sotto voce que la récréation est terminée et que pour le bac et les passages en prépas, BTS, etc., on peut vaquer comme avant aux choses sérieuses et aux activités utiles. Passe ton bac d'abord. Et vous les profs, faites des bacs blancs, des contrôles et des révisions pleins pots comme d'habitude. Alors on rédige une note de service juste pour cette année scolaire. (L'année prochaine c'est loin et de toute façon il y aura un nouveau ministre et ce sera à lui de décider...)
Donc pour l'évaluation de cette année, soyez attentifs parce que ça va tanguer. D'abord, il n'y a plus " seulement " que trois niveaux d'évaluateurs. Primo, les profs encadreurs qui apprécient la démarche mais ne proposent pas de note sur 8 points... Pas le droit ! Le Conseil d'État a été consulté à ce sujet. Les profs n'ont pas le droit de proposer pour leurs élèves une note comptant pour le bac. Ils apprécient sans dire le prix en quelque sorte. Secundo, les profs examinateurs qui examinent mais ne font pas partie du jury d'examen ! Ceux-là " apprécient " aussi, tous azimuts. Ils apprécient les appréciations des encadreurs et font une proposition de note pour " une démarche " qu'ils n'ont ni vue ni suivie mais dont ils ont entendu causer ! Ils apprécient aussi la production, la synthèse, l'oral. Tertio, le jury du bac de juin à qui les examinateurs-non membres-de jurys proposent la note finale. Le jury, lui, met la note sans avoir sous les yeux ni la production, ni la synthèse, ni le carnet de bord, ni, a fortiori, la démarche et la prestation orale du candidat. Et s'il veut, comme le règlement de l'examen l'y autorise, modifier la note proposée par les examinateurs il pourra le faire. Il appuiera sa décision sur... rien. Mais il est, lui, souverain, et donc omniscient. Remarquons ensuite que la " production " des élèves n'a pas beaucoup d'importance au final. Elle n'est indirectement évaluée qu'à travers la synthèse que l'élève en fait à l'oral. Les examinateurs-appréciateurs n'ont pas à en prendre connaissance quelques jours avant comme ils le font pour la synthèse, le carnet de bord et l'appréciation des " encadreurs ". Et d'ailleurs quand ces productions TPE sont des expériences scientifiques, de productions audiovisuelles, théâtrales, informatiques, graphiques, musicales, etc., la note ministérielle ne dit rien des modalités à mettre en place pour les examiner et les apprécier... D'ailleurs elle délègue le mistigri aux chefs d'établissements : qu'ils se débrouillent avec les moyens du bord. Pour le reste on verra l'année prochaine.
D'ici là, bien de bulletins de vote auront passé sous le pont des urnes. Et les TPE à la trappe ?
Raoul Pantanella.
Raoul Pantanella est l'auteur de "Les TPE, vers une autre pédagogie", réseau CNDP, 2000.

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